Bitcoin : l’effarante complaisance de nos dirigeants

par Laurent Herblay
samedi 9 août 2014

Malgré les nombreux scandales, Bitcoin poursuit son chemin, notamment en France, où, coup sur coup, le ministre Michel Sapin dit que « réguler n’est pas museler  » suite à un rapport du ministère et où un rapport du Sénat PS-UMP prend plutôt position en faveur de bitcoin et des monnaies virtuelles.

Unanimisme administration-PS-UMP
 
Comme le rapporte le Monde, Michel Sapin considère que, si « les monnaies virtuelles sont une réalité qu'il ne faut pas grossir (...), elles témoignent d'une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir » et « le système doit être régulé par la puissance publique ». Le rapport du ministère alerte néanmoins sur les utilisations frauduleuses, favorisées par l’anonymat, qu’il faudrait donc pouvoir lever, et souligne aussi la nécessité de mieux protéger les utilisateurs. Le directeur de Tracfin précisait en effet que « les utilisateurs ne profitent d'aucune garantie d'un tiers ou de l'Etat lorsque, par exemple, une plate-forme étrangère comme MtGox met la clé sous la porte ». Bref, les dangers sont pointés mais pas traités.
 
Le ministre s’est presque fait le promoteur des monnaies virtuelles en disant dans le Monde  : « elles ont d'abord un intérêt pratique car elles offrent des possibilités de transactions à coût plus faible que les services de paiement classiques. Elles offrent également une alternative aux consommateurs, une autre philosophie de l'échange, moins institutionnel. C'est un modèle que je respecte, et qui repose sur une capacité d'innovation qu'il faut promouvoir. Pour ce faire, le système doit être régulé, au bon sens du terme, sans jugement de valeur. Réguler n'est pas museler ».
 
Quelques jours plus tard, deux sénateurs, l’UMP Philippe Marini et le PS François Marc, ont poursuivi leur promotion : « le bitcoin offre une très grande sécurité des transactions : celles-ci sont cryptées et validées par un grand nombre d’ordinateurs de manière décentralisée, sans passer par un système central par définition plus vulnérable  ». Malgré tout, ils n’ignorent pas leurs risques pointant que « le bitcoin ne bénéficie d’aucune garantie de convertibilité en monnaie réelle par les pouvoirs public. Cela laisse les utilisateurs bien dépourvus en cas de perte généralisée de confiance dans le système ».
 
Oui oui au pays de la fausse monnaie

Cet unanimisme m’atterre au lieu de me faire changer d’avis sur ces « monnaies virtuelles », qui ne sont pour moi que billets de Monopoly que trop de gogos prennent pour de l’argent réel alors qu’il s’agit juste d’une énorme escroquerie, quelque soit le raffinement du décryptage ou la « rémunération » des personnes qui contribuent au système. Il est effarant que nos dirigeants (et la plupart des journalistes qui écrivent sur le sujet) ne se posent pas davantage de questions sur les fondements de ces « monnaies » virtuelles, qui ne reposent sur absolument rien. Bien malin le fondateur de Bitcoin qui a peut-être créé la première imprimante virtuelle d’argent sans que grand monde ne s’en aperçoive.

Car par delà tous les inconvénients du système (déjà fortement disqualifiant), il est tout de même incroyable que l’on ne se demande pas davantage s’il faut, ou non, simplement, autoriser les « monnaies » virtuelles. Car ce ne sont pas des monnaies mais une création virtuelle qui ne repose sur rien de réellement concret. Si on suit leur logique, n’importe quel escroc pourrait, demain, créer sa propre monnaie, et devenir riche du jour au lendemain, du moment où il conçoit un système suffisamment sophistiqué pour sembler donner du sens à ce qui n’en a pas. Il est tout de même extrêmement inquiétant de constater que le ministre du budget de la France ne voit pas l’énorme escroquerie qu’est en réalité le bitcoin.
 
Tout ceci montre, pour ceux qui en douteraient encore, que nos dirigeants, PS et UMP, sont incapables de prendre du recul sur la question fondamentale de la monnaie. Ils ne font que réagir aux évènements sans jamais se poser la question du sens plus global des choses, gérant au lieu de diriger.

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