BNP Paribas, PSA : l’insupportable impérialisme économique étasunien

par Laurent Herblay
samedi 31 mai 2014

C'est une information absolument stupéfiante qui a été révélée hier : les Etats-Unis pourraient imposer une amende de plus de 10 milliards de dollars à BNP Paribas pour avoir effectué des transactions en dollars pour des clients en Iran, au Soudan et à Cuba. Une telle sanction serait un véritable scandale, une nouvelle illustration de l'impérialisme coutumier de Washington.

Une sanction injustifiée
 
Bien sûr, les Etats-Unis ont décidé de sanctionner les entreprises qui font des affaires avec l'Iran et Cuba mais les lois étasuniennes ne sont pas les lois de la planète. Et donc, on ne voit pas pourquoi elles devraient s'imposer à des entreprises qui ne sont pas du ressort de leur juridiction. Car BNP Paribas ne dépend pas des Etats-Unis. Son siège social est en France. Et même si on regarde plus largement, son actionnariat, dont on trouve le détail dans son rapport annuel, est principalement européen. Enfin, même d'un point de vue de son activité, les Etats-Unis pèsent moins de 10% dans le total : seulement 8,2% des collaborateurs du groupe sont aux Etats-Unis (contre 30,8% en France et 76,7% en Europe) et seulement 2,2 milliards d'euros du Produit Net Bancaire de la banque de détail est réalisé aux Etats-Unis, sur un total de 24,9 milliards...
 
Bref, quel que soit le bout par lequel on le regarde, la perspective d'une amende de 10 milliards de dollars (plus que les bénéfices annuels de la banque) semble totalement injustifiée. S'il est normal que la filiale étasunienne de BNP Paribas respecte la loi de son pays (et soit sanctionnée si elle ne la respecte pas), il serait totalement anormal que la banque soit pénalisée par des activités qui ne sont pas du ressort de la législation de l'Oncle Sam. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis prétendent faire leur loi sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi que parce que General Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à notre constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant un de ses premiers marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur la seule année de 2011.
 
Un impérialisme insupportable

Il est tout de même incroyable que les médias ne soulignent pas davantage (à part Marianne dans son très bon dossier sur le traité transatlantique) à quel point les Etats-Unis nous tondent, dans une incroyable indifférence. Malheureusement, le fait que les pays européens ne réagissent pas aux incroyables demandes étasuniennes ne pousse pas à la modération de l'autre côté de l'Atlantique. Si GM, avec à peine 7% du capital de PSA, peut demander au constructeur français, qui ne vend pas une voiture aux Etats-Unis (et qui est donc protégé de toute menace sur son activité) d'abandonner la vente de 15% de sa production et que nous nous exécutons, alors qu'après, les constructeurs étasuniens se mettent en position pour récupérer le marché, le tout sans que les médias ne s'emparent vraiment du sujet, cela révèle une docilité incroyable qui encourage leurs abus.

Cette nouvelle affaire nous impose de dénoncer haut et fort les abus de l'impérialisme étasunien et de prendre des mesures de rétorsion au moins équivalentes pour bien signifier à Washington que ce ne sont pas eux qui font la loi dans le monde au mépris des législations nationales. Même Christian Noyer, qui se place en défenseur des banques françaises, a pris la défense de BNP Paribas en assurant que « toutes les transactions incriminées étaient conformes aux règles, lois, réglementations, aux niveaux européen et français ». Il n'y a, selon lui, « aucune contravention à ces règles, ni d'ailleurs aux règles édictées par les Nations unies ». C'est à se demander si BNP Paribas n'aurait pas intérêt à vendre ses intérêts aux Etats-Unis pour échapper à toute pression de ce gouvernement impérialiste qui veut imposer ses quatre volontés au monde entier.
 
C'est pourquoi il est essentiel de faire monter la pression sur ce sujet et dire combien il serait inacceptable que Washington impose une telle amende à BNP Paribas. Notre gouvernement doit faire savoir à l'Oncle Sam qu'il prendra des sanctions de rétorsion s'il persiste. Intéressant à savoir alors que General Electric veut croquer Alstom...

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