Bonne nouvelle, la Chine veut imposer des syndicats dans les entreprises étrangères.
par ÇaDérange
lundi 24 juillet 2006
Le système économique et social chinois n’a rien à voir avec le notre puisque les entreprises y sont co-dirigées par une direction technique et commerciale, et par un représentant du parti. Les relations entre direction et personnel concernant les salaires et les conditions de travail y sont donc forcément consensuelles. Il existe pourtant des syndicats en Chine et même une Fédération de ces syndicats : l’ACFTU, intimement lié au Parti et qui revendique 134 millions d’adhérents.
La loi prévoit la possibilité, pour les salariés, de demander la constitution d’une section syndicale dans les entreprises, mais elle ne prévoit pas ce que doivent faire les employeurs pour accompagner cette demande de création et permettre son fonctionnement. Il est néanmoins interdit de créer un syndicat indépendant et toute section ou syndicat nouveau doit être affilié à l’ ACFTU.
Certaines de sociétés nouvellement apparues sur le sol chinois, profitant de la vacuité du droit chinois dans ce domaine en ont, semble-t-il, profité pour ne rien faire. On montre du doigt l’américain Wal Mart qui n’a effectivement pas bonne réputation dans le domaine social ( cf mon message du 12 juin sur l’éviction de Wal Mart des fonds de pensions norvégiens pour cause d’éthique). Le Parlement chinois travaille donc en ce moment sur un durcissement des textes dans ce domaine, ainsi que sur l’environnement législatif du contrat de travail qui devrait permettre de donner plus de droits aux travailleurs.
Pourquoi est-ce que je qualifie de bonne nouvelle ce renforcement de leurs droits ? Je ne suis pas comme Ségolène Royal, partisan d’une affiliation obligatoire aux syndicats (lesquels par contre ne sont pas de création et de reconnaissance libre en France comme en Chine !), mais je pense que le contre-pouvoir syndical est une des bases d’un fonctionnement harmonieux des entreprises et qu’il est entièrement nécessaire, en Chine comme dans maints autres pays émergents, pour limiter l’exploitation des salariés, mais surtout parce que tout ce qui peut rapprocher les conditions d’exercice des activités industrielles et commerciales dans les pays émergents de celles dans un pays développé est également bon pour une compétition normale avec les usines et sociétés des pays du Nord.
L’avantage de la production en Chine ou dans d’autres pays émergents tient sans doute à l’avantage déjà considérable du coût nettement inférieur des salaires, mais aussi à la quasi absence de cotisation sociales, de cotisations de retraite, à la "fluidité" de la gestion des effectifs et à des contraintes environnementales d’exploitation minimales. Tout ce qui peut rapprocher les conditions d’exploitation des entreprises des pays émergents et celles des pays industrialisés comme le notre est donc favorable à la fois à l’amélioration des conditions de vie des salariés dans ces pays , à une concurrence saine avec eux , et au maintien d’un maximum d’emplois chez nous.
C’est ce qui s’était passé il y a 50 ans avec le Japon qui nous faisait beaucoup peur à l’époque et qui finalement est "rentré dans le rang", du moins d’un point de vue compétitif, grâce à la mise à niveau progressive du niveau de vie des salariés et des contraintes d’exploitation de leur environnement industriel. Seul problème, nous en avons aussi pour une cinquantaine d’année avant que cela se produise avec les pays émergents.