Bretagne : plan de soutien conjoncturel pour problèmes structurels

par Laurent Herblay
samedi 19 octobre 2013

Devant la montée des licenciements et des faillites, mercredi, le gouvernement a annoncé un plan d’aide de 15 millions pour la Bretagne, où la filière agro-alimentaire est particulièrement touchée par une concurrence déloyale. Une réponse d’affichage qui ne règle rien aux problèmes structurels de la filière.

Des problèmes structurels
 
Les problèmes de la filière agro-alimentaire ne sont pas récents. Les céréaliers s’en tirent bien aujourd’hui du fait du haut niveau des prix mondiaux. Mais en revanche, le reste de la filière souffre de prix souvent trop faibles en France pour permettre aux agriculteurs de gagner leur vie. De plus, nous affrontons de plus en plus la concurrence déloyale de l’Allemagne. En effet, notre voisin d’outre-Rhin dispose de deux armes majeures, bien décryptées par François Lenglet  : l’absence de SMIC et l’emploi d’immigrés rémunérés 3 à 5 euros par heure, quand le SMIC horaire est de 10 euros en France.
 
Bref, notre voisin d’outre-Rhin nous taille des croupières sur certaines filières, notamment la filière porcine, qui est une spécialité de la Bretagne, comme l’a expliqué François Lenglet sur RTL. La France, qui était le 2ème exportateur mondial de produits agricoles et le 1er en Europe, est tombé au 5ème rang mondial, derrière les Pays-Bas et l’Allemagne. Mais du coup, il est clair que nos problèmes sont structurels et ne vont pas se régler demain car l’avantage coût de l’Allemagne (mais aussi des pays de l’Est) ne va pas disparaître. Les faillites risquent donc de continuer dans les années à venir.
 
Des réponses conjoncturelles

Du coup, le plan du gouvernement apparaît pour ce qu’il est. Les manifestations de la filière ne pouvant pas rester sans réponse, le Premier Ministre a été contraint d’annoncer quelque chose. Mais ce plan est totalement dérisoire. Les 15 millions ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux : pas moins de 2500 emplois ont été perdus dans la filière, sans compter tous les agriculteurs qui souffrent en silence… En outre, en général, cet argent n’est qu’un prêt, qui doit être remboursé, repoussant les difficultés au lieu de les résoudre. Enfin, le destin de l’abattoir Gad semble encore très incertain.

Passons sur la question de la réduction de 50% de l’écotaxe poids-lourds et l’exclusion de la route nationale 164. Même si la filière a besoin d’être aidée, tout ceci reste dans une logique ubuesque où l’on multiplie les taxes tout en créant d’innombrables exemptions. La priorité aujourd’hui devrait être de permettre à la filière agro-alimentaire et aux agriculteurs de vivre de leur travail, quitte à imposer des prix minimums dans le pays et restreindre les importations venues d’Allemagne. Ici, le gouvernement ne s’attaque pas aux causes du mal mais aux conséquences, laissant pourrir la situation pour la filière.

Encore une fois, et comme sous Nicolas Sarkozy, l’équipe au pouvoir surfe sur l’actualité. Elle bouge en annonçant un plan dérisoire qui ne fera qu’apporter temporairement une petite bouffée d’oxygène à la filière. Mais sur le fond, elle ne résoud rien à la concurrence déloyale qu’elle affronte.

 


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