Carlos Ghosn, l’homme qui valait 3 milliards...
par Denis Szalkowski
jeudi 12 février 2009
Carlos Ghosn, plus que d’autres, est le symbole de l’incapacité des grands patrons à anticiper, penser l’innovation.
A l’heure du moteur Pantone et du réchauffement climatique, nous avons besoin de voitures propres. En 2006, en incluant les stock options, Carlos Ghosn a bénéficié d’une revenu mensuel égal à 41 années de travail d’un smicard.
Qu’est-ce qui justifie un revenu pareil sachant que ce grand patron est loin de briller par ses talents de visionnaire ?
Après que l’État français a déjà prêté aux banques françaises 10 milliards d’euros sans aucune contre-partie, il s’apprête à en faire de même pour les constructeurs automobiles. Pour calmer la colère populaire, on demande aux Pdg de ces sociétés - que l’État a pris sous son aile protectrice - de renoncer à quelques émoluments... temporairement.
Mais à quoi servent, en économie de marché, les milliards d’Excédents Bruts d’Exploitation (ou profits) que peut engranger une entreprise ? Normalement, à deux choses : la rémunération des actionnaires et le financement de l’investissement, de la recherche et du développement.
Renault a très opportunément bloqué le lancement de son nouveau moteur en 2008 bien moins énergivore. Inutile de brader trop tôt : il fait d’abord écouler les stocks déjà produits ! Autrement dit, si j’ai bien compris, les 3 milliards que l’Etat français, actionnaire de Renault à hauteur de 20%, devrait verser devraient au final financer les menus frais de recherche et développement pour lancer le nouveau moteur.
Le choix de relancer le programme électro-nucléaire par le gouvernement français (30 nouvelles tranches d’ici 2020) est une caution donnée aux fabricants français afin qu’ils développent la voiture électrique. Au prochain salon de l’auto, avec les 3 milliards de l’Etat français, Renault et son pdg Carlos Ghosn seront fiers de pouvoir nous présenter la "solution" de l’avenir... radieux et irradiant.
Côté innovation, alors que nous venons d’entrer de plein pied dans le XXIe siècle, faut dire que c’est pas ça. Pour rappel, dans les années 50-65, la 2CV consommait 4.2 litres/100 km. Une Citroën C2 HDI qui fait 4 CV consomme 5.4 litres alors que le constructeur déclare une consommation de 3.8 litres.
Chez les bidouilleurs, la technologie Pantone (mélange eau-gasoil) permet une réduction de 20% de la consommation de carburant. On peut supposer que des constructeurs, avec leurs ingénieurs, parviennent à de bien meilleurs résultats. Couplée à la technologie utilisée par Toyota qui utilise la décélération pour alimenter un moteur électrique prenant le relais en cycle urbain, cela amènerait à ce que nos véhicules voient leur consommation au moins divisée par 2.
Carlos Ghosn est un mystificateur hors pair en concentrant son talent sur la "gestion" de l’entreprise afin de permettre une plus grande rémunération des actionnaires et des cadres dirigeants et sans se soucier du devenir d’une entreprise qui nécessite plus que jamais des réorientations stratégiques majeures. En 2006, Carlos Ghosn a perçu 2.04 millions d’euros. Il a reçu, la même année, pour 5.4 millions de stocks-options soit une rémunération mensuelle de 620000 euros, soit l’équivalent de 494 SMICS de l’époque, soit 41 ans d’une carrière professionnelle d’une personne rémunérée au SMIC.
La contre-partie que nous devrions exiger au plus vite est le licenciement de toute l’équipe dirigeante de Renault, infoutue qu’elle est de proposer de véritables innovations et soucieuse de son propre devenir. Qu’est-ce qui peut justifier qu’un patron d’entreprise gagne en 1 mois ce que gagne un ouvrier durant toute une vie de travail pour d’aussi mauvais choix ?
Je m’étrangle : honte à ces sales types ! Désolé... j’ai pas trouvé mieux. Je crains de n’avoir aucune difficulté à trouver pire.
Autres éclairages : Le moteur Pantone
Crédit photos : le Journal du Net