Ce que rapporte un salarié modeste à l’Etat

par Vincent
jeudi 27 avril 2006

Je souhaiterais vous faire part d’un petit calcul valable pour tous les salariés. En effet, après le temps du CPE, on parle de tordre le cou du CNE, une partie de la classe politique opposante fustige les patrons, tous présumés voyous. Remettons quelque peu les choses à leur place.

Que coûte un salarié à une entreprise ?

Combien l’Etat ponctionne-t-il au passage pour faire vivre notre pays, ses administrations et les personnels qui y travaillent ?

Les charges patronales sont d’environ 46 % du salaire brut versé au salarié.

Les charges salariales sont d’environ 20% du salaire brut versé au salarié.

Autrement dit, un Smic horaire à 8,05 €/h coûte 11,75 €/h à la société qui emploie l’ouvrier.
Et rapporte 6,44€ à l’ouvrier.

Calcul pour un mois à 35h00 :

11,75 x 151= 1774 € coût employeur
6,44 x 151= 972 € net pour l’employé

Là où ça commence à devenir intéressant, c’est lorsqu’on calcule la part qui revient à l’Etat :

pour un mois, sur un Smic, l’Etat empochera environ 800 €. Soit environ 85% du salaire net de l’employé.

Le smicard, s’il est seul, célibataire et fait sa déclaration d’impôt sans frais réels, déclarera environ 13 843 € annuels (déduction faite de la CSG déductible 5,1%) sans 13e mois.

Soit une imposition de 400€ par an (pour l’année 2005).

http://www2.finances.gouv.fr/calcul_impot/2006/index.htm

Extrait de la simulation impôt 2005

Traitements et salaires
AJ 13843

Nombre de personnes à charge : 0
Nombre de parts : 1
Revenu brut global ou déficit : 9967
Revenu net imposable ou déficit à reporter : 9967
Droits simples : 538
Décote : 138
Impôt avant imputations : 400
Prime pour l’emploi : 0

IMPÔT NET A PAYER : 400
TAUX MOYEN D’IMPOSITION : 3,21%

Donc notre smicard touchera après impôt un revenu net de 930 € par mois.

Conclusion, ou raccourci facile, quand un employeur donne 100€ à un ouvrier, l’Etat empoche grosso modo 85 €, et encore, dans ce calcul, je n’ai pas parlé non plus de taxe d’habitation, de TVA sur l’ensemble de ce que j’achète et de TIPP si j’ai une voiture.

Mais en admettant que notre smicar dépense 75% de son revenu dans des produits de consommation, juste pour vivre, on peut dire qu’il reverse à l’Etat sous forme de TVA 120€ par mois.

En résumé, le smicard gagne 972€ net par mois et l’Etat empoche :
800(différentes charges)+ 40(impôts)+ 120(TVA)= 960 €.

Donc, quand on gagne 972 € par mois, l’Etat empoche la même somme à 1,2% près.

C’est quand même bien fait, non ?

Et si, au lieu de nous imposer sous différentes formes (impôts et taxes en tous genres), nous n’avions plus qu’une seule imposition ?

L’employeur vous donnerait vos 1775 €, l’Etat vous en ponctionnerait 50% ; après, le reste serait pour vous, plus de taxe, plus d’impôt. Donc une vision claire de son budget, aussi maigre soit-il.

Bien sûr, on garderait l’impôt société, qui resterait d’environ 15% ou 35% selon les bénéfices de l’entreprise.

De cette façon nous pourrions simplifier grandement la collecte des revenus de l’Etat, par contre ça ferait un paquet de gens sur le carreau, entre les fonctionnaires des administrations fiscales, les cabinets conseils et autres avocats payés pour trouver la faille dans le Code général des impôts, et bien d’autres encore, vivant plus ou moins aux crochets de l’Etat.

Que feraient ces personnes ? Eh bien, elles inventeraient de nouveaux métiers, elles seraient en fait nos nouveaux chercheurs d’emplois !

Supprimons aussi l’ensemble des régimes d’exception. Si nous devons faire un effort pour l’avenir, faisons-le, ensemble, et proportionnellement à nos moyens.

Il me semble très difficile de mettre ce type de réforme en place ; en effet chaque Français constitue une exception, et refusera toute nouvelle forme de prélèvement égalitaire, et préférera sans doute bricoler pour faire partie d’une minorité à qui l’on aura accordé une déduction fiscale.

J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de statistiques relatives aux déclarations d’impôts donnant le nombre de déclarations normales, c’est-à-dire sans un seul abattement ou la moindre exonération.

Un régime régi par les exceptions, à mon avis, n’est plus viable.

Plus on accorde d’exceptions, plus on multiplie les occurrences de dérives.

Revenons aux fondamentaux, faisons un effort global, mais ne traitons pas au cas par cas, ne catégorisons plus la population, rendons chaque citoyen de notre pays l’égal de son voisin, si c’est déjà le cas dans la Déclaration des droits de l’homme, c’est loin d’être le cas dans le Code général des impôts : celui qui sera le plus riche et/ou le plus apte à comprendre et à interpréter les lois sera le moins taxé.

L’égalité fiscale absolue serait peut-être un bonne chose. En effet, les aides proposées sont souvent mises en place pour inciter à faire quelque chose, ou faciliter les initiatives, alors que finalement, si nous faisions uniquement les choses dont nous avons envie, elles seraient probablement mieux faites.

Car au fond, ne sommes-nous pas tous un peu fonctionnaires, d’une façon ou d’une autre ? Nous bénéficions tous d’une aide quelconque de l’Etat, et nous nous laissons manipuler par les gouvernements successifs qui, au gré de leurs réformes, associent des aides, et donc orientent indirectement nos choix.

C’est peut-être ça, gouverner, mais cette méthode ne me plaît pas du tout.

Alors, s’il vous plaît, Nicolas, Ségolène et les autres, proposez-nous de vrais programmes de politique générale, une vision globale, et non un saupoudrage clientéliste en fonction des catégories de population.


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