Ces cigales qui aident les fourmis

par olivier cabanel
vendredi 23 octobre 2009

On appelle çà l’économie solidaire,

Et tant pis si monsieur de La Fontaine se retourne dans sa tombe, mais çà marche.

Sous le mot CIGALES se cache un « Club d’investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale d’Epargne solidaire »

Il est né en 1983, et sa longévité est la preuve de son succès. L’idée qu’il porte est simple.

Il mobilise l’épargne de proximité, et organise la participation du capital risque. lien

Comme l’écrit  Philippe Baquet dans un article du Monde de septembre 1994, « les cigales prônent l’utilité sociale plutôt que la logique du profit »

En 2003, la Fédération des cigales comptait une centaine de clubs, et avait collecté 2,6 millions d’euros,  En 2007, il y avait 110 clubs.

Dans cette société du « tout à l’ego » et du « chacun pour soi », les « CIGALES » prennent délibérément le contrepied.

Elles défendent la solidarité et la mise en commun des fonds.

Des groupes de 5 à 20 personnes mettent en commun leur épargne pour promouvoir dans un cadre légal une économie solidaire ancrée sur un territoire. On les appelle les « cigaliers ».

Le cigalier est donc un investisseur orienté vers la création d’entreprises de l’économie sociale et solidaire.

La montant mensuel d’épargne collectée par cigalier est de 30€ et varie de 8 à 150€.

Lorsqu’un club CIGALES s’engage pour telle ou telle entreprise, il le fait pour une durée d’au moins 5 ans.

Cette épargne n’est pas garantie, et dépend de la bonne santé des entreprises aidées.

Les CIGALES ne peuvent intervenir que pour des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée, et pour les associations loi 1901, et la participation des CIGALES ne peut dépasser les 25% du capital.

Cette solidarité s’adresse surtout aux TPE (très petites entreprises), et a permis de mettre en place de multiples projets.

Les cigaliers accompagnent et conseillent l’entreprise choisie, et celle-ci doit répondre indifféremment à plusieurs critères : être d’utilité sociale, ou dans le domaine de la protection de l’environnement, être dans la logique de l’autogestion, de la solidarité.

Et çà marche !

Une centaine de CIGALES sont réparties dans toute la France, participant au capital de centaines d’entreprises, pour des montants compris entre 3000 et 12000 euros.

Dix ans après leur création, les CIGALES avaient permis la création d’au moins 1000 emplois.

Compagnie de théâtre, magasins de vêtement, entreprise de nettoyage, société de location de voitures d’occasion, résurrection de l’activité laine en Ardèche, magasin pour enfants en commerce équitable, production bio, énergies renouvelables, la liste s’allonge chaque jour un peu plus.

A Valenciennes, la CIGALES « créons » a investi 4 fois dans « Expedit » une entreprise d’emballage qui a crée 28 emplois dont 12 en insertion et dans « Andines » qui vent du café colombien en commerce équitable.

Dans le Nord, la CIGALES « rebond » réalise un bilan positif au niveau de ses investissements.

A Boulogne sur Mer, il y a eu la création d’un « café brocante », et ailleurs une entreprise « croc la vie »,  produit des aliments bio, à destination de la restauration collective,

On le voit, les projets fleurissent.

Par ces temps de crise et de morosité, on ne peut que se réjouir de voir se mettre en place une autre économie.

Ce n’est peut-être qu’une goutte d’eau, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières.

C’est peut-être le moment de découvrir le bouquin de Bernard Maris, l’économiste bien connu de France Inter, et l’oncle Bernard de Charlie Hebdo, appelé fort justement « les Cigales » (anti manuel d’économie, Edition Bréal, 2006), et qui fait naturellement suite aux « Fourmis », qu’il avait écrit précédemment. lien

Pour en revenir au Cigales, et si vous voulez soit devenir Cigalier, voici le. lien.

D’autres, comme «  alternativechannel », agissent différemment, et proposent une semaine de la finance solidaire, du 4 au 6 novembre prochain. lien

Le principe est simple, ce fonds investit uniquement dans des entreprises responsables cotées en bourse, et reverse 75% de ses revenus distribuables à 7 associations dans le domaine de la lutte contre l’exclusion, la protection de l’enfance en souffrance, l’aide aux personnes âgées en situation précaire.

On est bien loin de tous ces traders qui empochent des milliards, sans le moindre état d’âme.

Pour une fois que l’économie prend un visage humain, aux antipodes de ce que nous connaissions, il serait dommage de s’en priver.

Car comme disait un vieil ami africain :

« Être humain vaut mieux que les biens ».


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