Comment créer 1 million d’emplois

par VETEMENTS MADE IN FRANCE
lundi 2 janvier 2012

Une relance de l’industrie manufacturière des biens de consommation pourrait procurer plus de 300 000 emplois industriels en quelques années et générer encore 600 000 à 900 000 emplois indirects et induits.

L’échec des couteux plans de relance 

Lors du plan de relance de 2008, le gouvernement n’a pas voulu ou n’a pas su utiliser l’argent du contribuable pour réindustrialiser notre pays.

Ce plan a coûté, selon les sages de la cour des comptes, 34 milliards d'euros aux contribuables français mais n’a créé que 20 000 à 70 000 emplois et selon les économistes, le grand emprunt de 35 milliards d'euros, en créera encore moins.

Les responsables de ces plans nous ont expliqué régulièrement que l’argent public remis aux grands groupes ou aux fonds d’investissement privés, créerait un effet de levier, mais en réalité cet argent public a surtout enrichi quelques privilégiés proches du gouvernement qui délocalisent invariablement la production dans les pays émergents après avoir bénéficié de l’argent du contribuable.

Cette gabegie nous démontre une fois de plus l’incapacité ou le manque de volonté des gouvernements de Droite ou de Gauche en matière de création d’emploi industriel.

Des candidats à l’élection Présidentielle promettent déjà une autre distribution d’argent public en créant un nouveau fonds semblable au Fonds Stratégique d’Investissement qui était doté de 20 milliards d’euros de fonds publics et dont le comité d’investissement était présidé par le n°2 de l’une des sociétés du CAC 40, championne de délocalisation. D’autres veulent créer une banque d’investissement pour financer exclusivement les produits technologiques et innovants en délaissant une fois de plus l’industrie manufacturière des biens de consommation.

La surenchère électoraliste

Quelques hommes politiques jurent depuis peu, pouvoir et vouloir relancer le "made in France", mais qui ignore encore que les fabricants qui ont délocalisé leur production ne reviendront pas et que les enseignes de la distribution qui ont volontairement sabordé l’industrie manufacturière des biens de consommation, n’aideront certainement pas de nouveaux fabricants à recréer des usines en France.

Des prétendants à la magistrature suprême assurent que s’ils sont élus, leurs mesures sensationnelles, parfois concoctées par des énarques pourtant néolibéraux et mondialistes, feront revenir demain les entreprises délocalisées. Certains suggèrent que dans un grand élan patriotique et républicain, entreprises et consommateurs se donnent la main pour relocaliser 1 ou 2 millions d’emplois.

Hélas, il n’est pas acquis que ces entreprises délocalisées qui ne sont plus habituées aux négociations, conflits sociaux et grèves syndicales, acceptent également de renouer avec des charges sociales plus élevées et une baisse importante de leurs bénéfices.

La prime à la relocalisation créée en 2008 et dotée d’un budget de 200 millions d’euros à été supprimée faute de candidats au retour.

Quelques entreprises seulement, souvent motivées par l’aubaine de la médiatisation du "made in France", ont consenti à relocaliser une partie de leur production et quelques emplois mais à l’inverse, pas moins de 900 usines françaises ont fermé leurs portes aux cours des deux dernières années. 

Créer un modèle économique d’entreprise agissant surtout pour la collectivité

Pourtant, malgré les échecs ou les promesses creuses, nous devons absolument faire diminuer notre taux de chômage devenu insupportable pour nos concitoyens et pour notre déficit public, en relançant notamment l’industrie manufacturière des biens de consommation qui pourrait créer plus de 300 000 emplois industriels souvent accessibles à des personnels sans formation et générer encore 600 000 à 900 000 emplois indirects et induits (lire notre article du 14 mars 2011  Un avenir pour l’industrie manufacturière française 

Les perspectives de relocalisation sont très faibles et il apparait comme évident que pour relancer ce secteur industriel, il faudrait d’abord le restructurer en lui redonnant une colonne vertébrale constituée notamment, par un puissant réseau de distribution qui vendrait les produits fabriqués en France.  

Il conviendrait donc de créer une structure privée et subventionnée pour la création d’emplois, qui créerait des magasins et une logistiques de vente par internet, mais aussi des usines et des bureaux d’études, pour recréer les centaines de milliers d’emplois souvent peu ou non qualifiés que les chômeurs sans formation, ne trouvent plus depuis la désindustrialisation de l’hexagone.

Seule une entreprise composée de professionnels expérimentés et dotée de moyens financiers importants, pourrait malgré des couts de production plus élevés, réinitialiser la difficile reconstruction de notre industrie manufacturière saccagée.

L’objectif principal de cette société bien que de droit privé, serait la création d’emploi et le maintien du savoir faire. Elle serait organisée selon le modèle économique de l’intégration verticale pour réduire les intermédiaires et ainsi être concurrentielle. 

Pole pour l’emploi et la formation Ce pole RH (ressources humaines) et formation, identifierait les savoir-faire industriels manufacturiers de biens de consommation pouvant encore être incarnés par les personnels d’usines en difficulté, liquidation judicaire ou récemment fermées.

Ces employés retrouveraient un travail et transmettraient leurs connaissances aux plus jeunes.

 

Pole de développement

Des ingénieurs et des gestionnaires issus de l’industrie étudieraient la faisabilité de chaque projet de fabrication, redéfiniraient des processus de production et mettraient en adéquation ressources humaines régionales et potentialités de commercialisation des produits.

Afin d’orienter également la production de l’entreprise vers des produits d’avenir, un département R&D serait créé et des projets externes seraient intégrés et développés. 

La mise en œuvre du projet global et le développement de l’entreprise s’appuieraient sur le projet de 95 pages sur lequel nous travaillons depuis 6 ans et que nous avons présenté plusieurs fois aux pouvoirs publics.. 

Pole de production

L’entreprise produirait beaucoup de biens de consommation à faible valeur ajoutée et créateurs d’emplois, mais fabriquerait également des produits technologiques et innovants à forte valeur ajoutée pour notamment compenser les marges souvent faibles des produits plus courants et ainsi élargir l’offre globale au plus grand nombre de consommateurs.

De même, dans le domaine du prêt à porter, une marque de luxe, principalement orientée vers l’international, permettrait d’augmenter la marge moyenne afin de pouvoir proposer des vêtements "1er prix ", très accessibles. 

Pole de commercialisation

L’enseigne consacrée principalement à l’habitat, vendrait uniquement des articles fabriqués en France, réalisés en interne ou provenant de fournisseurs extérieurs.

Un réseau de magasins physiques et un circuit de distribution par internet commercialiserait la plupart de nos biens de consommation à des prix raisonnables (meubles, salons, électroménager, literie, luminaires, sanitaires céramique, cheminées, décoration, linge de maison, vaisselle, articles de loisirs et sports, bagages, jouets etc.).

Un réseau spécifique au prêt à porter, doté de magasins physiques et d’un circuit internet, vendrait surtout des vêtements pour femmes et jeunes femmes mais aussi pour enfants et quelques articles pour hommes, principalement sur le marché hexagonal, premier marché d’Europe avec 41 milliards d’euros de dépenses d’habillement annuelles selon la FEH (Fédération des enseignes de l’habillement) mais probablement 45 ou 50 milliards d’euros si l’on ouvrait les millions de conteneurs importés. 

Ainsi, le textile habillement, constitue certainement le secteur le plus important des biens de consommations en France. Aujourd’hui, les plus grandes enseignes suédoises, espagnoles, américaines, anglaises et japonaises nous inondent de vêtements jetables "made in China" et se disputent joyeusement ce marché que nous avons abandonné. 

En effet, les états généraux de l’industrie voulus par Nicolas Sarkozy ont éradiqué l’existence de l’industrie du textile habillement au profit de l’industrie du luxe et de la création qui crée pourtant peu d’emploi en France.

Dogme néolibéral du libre échange ou favoritisme envers les groupes du luxe ?

Une enseigne identifiée "made in France" disposant d’un outil de distribution performant, proposant des articles "mode" ou basiques à prix abordables, bénéficiant d’une image positive et sachant établir une relation particulière avec sa clientèle, pourrait récupérer une part importante de ce gigantesque marché. 

Viabilité

Pour exemple, la confection de la plupart de nos vêtements, pulls, pantalons, robes, jupes ou chemisiers, ne nécessite en moyenne que 15 à 40 minutes de travail, toutes opérations comprises dont assemblage et coupe.

Dans notre étude, le cout salarial horaire moyen d’un atelier avoisine 20 euros par employé, (hors intéressement et participation), soit un coût de confection hors tissu ou étoffe, de 5 euros pour une robe 1er prix, moins pour l’assemblage d’un tee-shirt ou un peu plus pour un beau pull.

En optant pour le modèle économique de l’’integration verticale, de la fabrication du produit à sa vente directement au consommateur et en appliquant des taux de marge raisonnables, nous parviendrions à proposer une offre attractive et concurrentielle.

Alors oui nous pourrions à nouveau fabriquer une part importante de nos vêtements et autres biens de consommation en France car depuis qu’ils sont produits dans les pays à bas coûts nos dépenses n’ont guère diminué.

Aujourd’hui, nous achetons des produits le plus souvent jetables que nous renouvelons sans cesse pour le plus grand bonheur des distributeurs qui ne baissent pas leurs prix mais augmentent toujours leurs marges bénéficiaires.

Une politique de distribution des résultats pour revaloriser l’emploi industriel

L’objet de l’entreprise ne serait pas l’optimisation de rendement du capital de l’actionnariat, mais le développement industriel pour créer de l’emploi et sauvegarder le savoir-faire. 

80 % des bénéfices de l’entreprise seraient consacrés à l’intéressement des salariés et au développement dont 40 à 45 % aux salariés pour attendre le niveau de motivation indispensable au développement de l’activité. Par ailleurs, plus les revenus de ces salariés seraient importants plus ils généreraient de créations d’emplois induits régionaux qui redonneraient vie à des régions exsangues. 

20 % permettraient de rembourser les crédits externes contractés pour créer l’entreprise et investir aux cotés des pouvoirs publics. 

Afin se prémunir des risques de délocalisation, la société ne posséderait pas de conseil d’administration. Elle serait dirigée par un directeur général qui animerait un comité exécutif composé d’un collège de cadres dirigeants de l’entreprise, impliqués dans la plupart des décisions et agissant uniquement pour la pérennité de l’entreprise et le maintien de l’emploi.

En outre, l’entreprise disposerait d’un commissaire aux comptes, s’entourerait d’experts lors des prises de décisions financières importantes et s’appuierait également sur des audits externes de gestion.

Compte tenu du taux important de redistribution, de l’objet de l’entreprise et du risque que cela représenterait pour l’emploi des salariés, celle-ci n’aurait évidemment pas vocation à s’introduire en bourse.

 

Un coût par emploi créé 18 à 80 fois inferieur ! 

Une entité unique directement financée et subventionnée par l’état optimiserait les moyens mis à sa disposition. Chaque emploi industriel, indirect et induit créé pourrait à terme, ne coûter que 25 000 euros à 33 000 euros au lieu des 600 000 euros à 2 millions d’euros par emploi créé du plan de relance ! 

Un coût nul pour la collectivité et à terme, une économie de 45 milliards d’euros par an

Chaque année l’état dépense plus de 100 milliards d’euros de DPE (dépenses pour l’emploi). Le coût par chômeur estimé à 14 980 euros en 1995 est passé à 26 555 euros en 2003 et au moins 33 0000 euros en 2011.

La création d’1 million d’emplois représenterait 33 milliards d’euros d’économie de DPE par an et rapporteraient 12 à 15 milliards d’euros de cotisations aux régimes de protection sociale.


Un chômage élevé dû à l’Europe et au manque de volonté politique

L’état a déjà eu recours a des sociétés privées pour lutter contre le chômage : en 2006, le gouvernement s’était inspiré de l’agence pour l’emploi britannique et avait confié le placement de chômeurs à des sociétés privées (parfois britanniques), subventionnées et rémunérées pour assurer cette mission de service public qui incombe pourtant habituellement aux services de l’état. Hélas, cette initiative, n’avait pas permis de placer beaucoup plus de chômeurs que l’ANPE. .

Lorsqu’ils le veulent, les pouvoirs publics peuvent financer de grands projets de sauvegarde ou de création d’emplois sans se soucier de l’avis de l’Europe : En 1984, Laurent Fabius alors premier ministre, avait donné prés de 2 milliards de francs à Bernard Arnault, repreneur du Groupe Boussac (Dior, Conforama, Peau douce, Le Bon Marché et La Belle Jardinière) en échange de la promesse de ne pas licencier les 16 000 salariés, employés surtout dans les usines textiles.

Finalement, le groupe Boussac a été démantelé et la quasi-totalité des salariés ont été licenciés mais nous devons reconnaitre que le premier ministre a quand même essayé de sauver le premier groupe textile d’Europe et ses 16 000 salariés.

Néanmoins, grâce à ces fonds publics, le groupe rebaptisé plus tard LVMH est devenu le numéro un mondial du luxe.


L’Union Européenne ne pourrait objectivement s’opposer à notre projet.

En effet, elle ne peut reprocher à la France son déficit public dû principalement à son manque d’activité industrielle et à son chômage et en même temps lui interdire de produire à nouveau en France pour créer des emplois.


De plus, devant la gravité extrême de la crise à laquelle nous sommes confrontés et devant l’urgence de lutter contre un taux de chômage au plus haut, un gouvernement voulant réellement sortir notre pays de l’ornière, privilégierait nos impératifs économiques au lieu de suivre avec zèle les règles de l’UE, encadrant le financement public des entreprises et la création d’emploi. En effet, la pauvreté, la précarité et l’exclusion s’installent durablement dans notre pays et la reconstruction de notre industrie est, nous semble t-il, plus urgente qu’une stricte application des règles édictées par Bruxelles.

D’autre part, rappelons-nous que nous avons refusé en 2005, le transfert de souveraineté que nous imposait le traité de Lisbonne et la légitimité du traité, ratifié discrètement contre notre volonté en 2007, peut sembler très discutable dans un régime démocratique où en théorie, le peuple est souverain. Au moment où notre économie est menacée, pourquoi devrions-nous plier à toutes les règles d’une UE en pleine déliquescence qui modifie sans cesse le traité initial sans consultation du peuple et qui se montre elle-même peu scrupuleuse : non-conformité des traités présentés à l’Irlande et au parlement français ou constitution du fonds de secours aux pays en difficulté, interdit par le traité de Lisbonne, mais qui coutera néanmoins, plusieurs dizaines de milliards d’euros aux contribuables français.  


Les dirigeants des plus grandes entreprises délocalisent chaque jour un peu plus et ne veulent plus créer d’emplois en France mais 88 % des français plébiscitent le retour de notre industrie (sondage IFOP pour Usine Nouvelle, octobre 2011)

Afin de tenir compte de l’opinion générale et pallier à la démission des entreprises, les pouvoirs publics devraient, avant que notre industrie manufacturière des biens de consommations et son savoir-faire ne disparaissent complètement, permettre la mise en œuvre du seul projet concret et structurant pour le secteur, dont les objectifs et résultats en matière d’emploi, seraient clairement affichés et contrôlables. 

 

Les gouvernements successifs, entourés d’économistes néolibéraux se sont fourvoyés pendant 35 ans en nous prédisant une économie entièrement fondée sur la technologie et les services.

Alors peut-être conviendrait-il, maintenant que le rêve prend fin et que chacun semble regretter notre défunte production manufacturière de biens de consommation "made in France", de recréer tout de suite de vrais emplois disponibles immédiatement pour des personnels souvent peu qualifiés, au lieu de croire qu’une France dépourvue d’ouvriers et d’industrie, pourrait sauver son économie et conserver son modèle social. 

Francis JOURNOT  

Mouvement associatif RENDEZ NOUS NOTRE INDUSTRIE !  

www.rendez-nous-notre-industrie.com et www.vetements-made-in-france.com sont des associations citoyennes indépendantes et sans appartenance politique. 


Lire l'article complet, et les commentaires