Credo

par Michel Santi
jeudi 9 octobre 2008

La confiance en le marché a disparu. Les banques ne se font plus confiance entre elles. Quelqu’un fait-il encore confiance aux actifs détenus aux bilans des institutions financières ? La crise qui secoue Wall Street et les places financières mondiales n’est pas une crise de liquidités, ce n’est pas une crise de solvabilité, c’est d’abord une crise de confiance. Notre économie n’est en fait qu’un château de cartes car notre système est intégralement dépendant de la psychologie des individus ! Notre appétit de consommation - et donc la situation économique et financière de tout le système - se mesure à l’aune de notre sentiment de richesse. 

La dérégulation source d’abus en tout genre ? La prise de risques excessive et autodestructrice de la part des professionnels de la finance ? Leur appétit du gain démesuré ? Autant d’épiphénomènes en rien responsables de la crise financière. Certes, le capitalisme est une religion dont les grands prêtres sont les cols blancs de Wall Street ou de la City, mais, comme dans toute religion, celle du capitalisme est sous-tendue par la foi.

C’est précisément cette foi en la pérennité du système qui nous annonce d’ores et déjà, non le retour du Messie, mais un plan Paulson numéro 2 car la crise devient insoutenable. Européens, Asiatiques, Américains feront encore tourner à plein régime la planche à billets, peu soucieux de relancer de manière dramatique les pressions inflationnistes tout en aggravant de manière irrémédiable notre endettement et contribuant au passage à l’augmentation des taux d’intérêts réels...

En fait, nous sommes tous dans un même bateau qui manque cruellement de gilets de sauvetage et, paradoxalement, nous donnons en priorité ces gilets à ceux-là mêmes qui nous font sombrer ! Il y aura certainement un plan Paulson 2.0.

Car seule la foi en nos grands prêtres pourra nous épargner la mère de toutes les crises, à savoir l’implosion des "Credit Default Swap", ces contrats de protection entre instituts financiers ayant fait chuter AIG et qui constituaient la grande spécialité de feu Lehman... Implosion qui semble pourtant inévitable tant l’intégralité du système semble contaminée, comme polluée, par cette authentique lèpre des créances douteuses. Ce marché évalué à 60 trillions (60 mille milliards) de dollars fait peser sur chacune des épaules de chaque individu sur terre un poids de 60 000 dollars. Il peut se fissurer, vaciller et se liquéfier dès lors que les compagnies d’assurance se mettront à chanceler sous le poids des faillites bancaires causées par les créances non remboursées. Car si le plan Paulson 2.0 (et il y en aura un !) échoue, ce sont les Etats-Unis et l’Europe avec eux qui devront s’embarquer pour une croisière à destination de l’Antarctique... ou d’Islande !

Le syndrome de Stockholm nous atteint tous car nous n’avons d’autre choix pour assurer notre survie que de nous identifier - et de soutenir - ceux qui ont kidnappé croissance, pouvoir d’achat et quiétude...

Et si nous nous trompions de bouc émissaire ? Et si le vrai problème était Main Street et non Wall Street ? Cet appât du gain, ce fameux "greed", ne serait-il pas tout bonnement l’apanage de tout un chacun ? Ne devrions-nous pas cesser de blâmer nos responsables qui ne sont en rien responsables de notre quête effrénée de la consommation et de notre surendettement malsain ? Ce cycle infernal de formation de bulles spéculatives, d’implosions de ces bulles, de transfert inévitable de richesses hors de l’Occident doit être brisé. Le système est à la dérive, la religion doit être réformée.


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