Crise financière : fin de l’accès de fièvre, en attendant le prochain
par Laurent Herblay
lundi 8 août 2011
Comme on pouvait l’imaginer, devant l’effondrement des bourses européennes et l’envolée des taux longs en Italie et en Espagne, la BCE, malgré des rumeurs d’opposition allemande, a décidé de racheter la dette de ces pays pour calmer les tensions, avec un certain succès.
Une pause dans la crise financière
Avec la dégradation de la note des Etats-Unis par une agence de notation samedi, on pouvait craindre le pire pour l’ouverture des marchés ce matin. En effet, cela pouvait être un nouveau Lehmann Brothers qui nous mènerait à une crise potentiellement terminale du capitalisme financier, l’élément qui allait produire un engrenage fatal pour l’économie mondiale. Mais finalement, le calme semble avoir repris les marchés ce matin, même si une rechute reste possible.
La clé des tensions en Europe reste les taux longs en Italie et en Espagne. En effet, passé 7%, le poids des intérêts de la dette pourrait devenir insupportable pour ces pays. Et alors qu’ils empruntaient à 4% il y a un an, les taux à dix ans de ces pays avaient largement dépassé 6% la semaine dernière. Cette montée des taux pouvait pousser l’Italie et l’Espagne vers le défaut, une issue qui aurait fait exploser l’ensemble des banques du monde entier.
C’est pour cela que la BCE a décidé d’intervenir pour faire baisser ces taux avec un nouveau programme de monétisation indirecte des dettes souveraines italiennes et espagnoles. Résultat, les taux sont largement repassé sous la barre des 6%. Le spectre du défaut s’éloigne et ces deux pays sont conviés par la France et l’Allemagne à toujours plus d’austérité pour équilibrer leur budget et rassurer cette corbeille qui fait la pluie et le beau temps dans nos capitales.
Reculer pour mieux sauter
Tout d’abord, nous ne sommes pas sûrs que la tension soit calmée. Une rechute pourrait bien avoir lieu dans les jours qui viennent. Mais même si la crise sur les marchés se calmait définitivement pour quelques semaines, il ne s’agit que d’un énième épisode de la crise qui dure depuis 2008 et en aucun cas d’une conclusion car aucune décision sérieuse n’a été prise qui permettrait de véritablement régler les causes des problèmes que nous affrontons depuis trois ans…
En effet, les volumes échangés au mois d’août sont plus faibles, ce qui donne plus de poids aux interventions des banques centrales. A l’automne, les programmes de rachat de la BCE pourraient être balayés par les marchés. En outre, l’Allemagne semble toujours réticente à de telles décisions. Mais surtout, comment ne pas être révolté par le fait que les dirigeants de la planète passent le plus clair de leur temps à réagir aux mouvements de la corbeille ?
Wall Street le CAC 40 veulent un plan de relance ? Les gouvernements s’exécutent. Ils veulent plus d’austérité ? On suit leurs désirs. Ces pauvres marchés ne veulent plus des dettes souveraines ? Les Etats s’organisent pour en reprendre une grande partie. Les banques menacent de faire faillite ? On leur prête et on leur donne des garanties, sans même interférer avec leur direction ! Pire, pendant ce temps, les peuples souffrent du chômage et d’un recul de l’Etat.
Alors que l’on demande toujours plus aux citoyens, l’argent public à disposition de la finance semble illimité. C’est la corbeille qui gouverne le monde, une monstruosité qui ne semble pas frapper l’esprit de nos dirigeants. Le monde ne tourne pas rond. Mais cela ne pourra pas durer longtemps…