Crise grecque : Chronologie et analyse

par ProfesseurForex.com
lundi 15 février 2010

Depuis maintenant plusieurs mois, les marchés sont très inquiets de la situation catastrophique des finances publiques grecques. La Grèce traverse en effet actuellement la pire crise budgétaire de son histoire, et les investisseurs craignent une propagation de ces difficultés au sein de la Zone Euro.

Il faut dire que peu avant cette crise, les marchés avaient été paniqués par la cessation de paiement de Dubai. L’Emirat, très affecté par la crise, avait tout bonnement annoncé qu’il ne pourrait pas régler ses créanciers avant plusieurs mois...

Sur le Forex, l’influence du dossier grec saute aux yeux, la paire EUR/USD ayant perdu plus de 1500 pips depuis le début du mois de décembre, revenant ainsi à des niveaux qui n’avaient plus été connus depuis le mois de mai 2009.

Jeudi, les pays membres de la Zone Euro ont effectué une déclaration selon laquelle ils s’engagent à apporter leur soutien à la Grèce. Aucune modalités concrète de cette aide n’a encore été dévoilée, mais il nous semble utile, à ce stade, de faire un point complet sur ce dossier.

Pour remettre tous les faits en perspectives, reprenons tout d’abord la chronologie récente de ce dossier :

Chronologie synthétique :

22 octobre 2009 : L’agence de notation Fitch Ratings dégrade de "A" à "A-", avec perspective négative, la note financière de la dette de la Grèce.

08 décembre : Fitch passe de A- à BBB+

16 décembre 2009 : L’agence Standard & Poor’s a abaisse la note de la Grèce

09 décembre 2009 : L’impasse financière "menace la souveraineté nationale de la Grèce", pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1974, a affirmé le Premier ministre grec Georges Papandréou.

10 décembre 2009 : Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, appelle le gouvernement grec à prendre des mesures "courageuses" pour réduire son déficit budgétaire et sa dette.

14 décembre 2009 : Le Premier ministre Georges Papandréou annonce un programme de rigueur visant à rétablir les finances publiques grecques.

22 décembre 2009 : Après Fitch et Standard & Poor’s, l’agence de notation Moody’s a abaisse la note de la dette de l’Etat grec de A1 à A2 en raison de la dégradation de la situation financière du pays.

14 janvier 2010 : La Grèce présente les grandes lignes de son plan d’assainissement des finances publiques mais sans parvenir à convaincre les marchés de sa capacité à régler la crise de sa dette.

3 février 2010 : Le conseil des gouverneurs de la BCE "approuve" le plan d’assainissement des finances publiques présenté par Athènes, qui prévoit le retour du déficit public grec dans les limites du Pacte de stabilité européen en 2012.

11 février 2010 : L’UE annonce un plan d’aide à la Grèce, sans donner de détails satisfaisants.


Maintenant que les principales articulations de ce dossier ont été rappelées, il convient d’analyser plus en détail les tenants et les aboutissants de cette crise :

  • Quelle est la situation des finances grecques ?

Tout bonnement catastrophique : Un déficit public prévu à 12,7 % du PIB pour 2009 et 9,4 % du PIB en 2010. Une dette publique de 300 milliards d’euros fin 2009 (113 % du PIB) et attendue à 120 % du PIB en 2010, alors que la limite imposée par l’UE est de 3% du PIB

  • Pourquoi ce problème a-t-il si soudainement inquiété les marchés ?

Parce que l’ancien gouvernement de la Grèce avait falsifié les chiffres... Le gouvernement précédent annonçait un déficit public de 6 % du PIB en 2009. George Papandréou, arrivé à la tête du gouvernement le 4 octobre, dévoile la réalité des chiffres : un déficit de 12,7 % du PIB.

  • Pourquoi la Grèce plus que les autres pays européens ?

Parce que la Grèce était déjà en grande difficulté bien avant la crise, et avait d’ailleurs obtenu en 2001 son admission dans la Zone Euro en 2001 grâce à des comptes falsifiés. Par ailleurs, l’économie souterraine prend des proportions de véritable fléau en Grèce, et est estimée à environ 20% du PIB, réduisant ainsi considérablement les recettes fiscales. Enfin, c’est un pays qui exporte très peu, et qui affiche donc structurellement un déficit du commerce extérieur.

  • Quel est le pire des scénarios ?

Le pire des scénarios est évidemment la cessation de paiement, autrement dit la faillite. C’est ce qui s’est passé en Argentine en 2001, et le pays n’a toujours pas finit de remonter la pente... Mais toutes les voix sont unanimes et excluent cette possibilité : La Grèce fait en effet partie de la Zone Euro, et sa faillite entrainerait l’ensemble de l’union monétaire dans sa chute. C’est donc inenvisageable, ce qui veut plus ou moins dire qu’en dernier recours, les partenaires de la Grèce seront bien obligés de lui porter concrètement secours...

  • Que fait la Grèce pour remédier à cette situation ?

La Grèce a mis en place un plan d’austérité et de réduction des dépenses publiques assez ambitieux : Réduction de 10% des dépenses de l’Etat, ainsi que des primes du secteur public et des dépenses de santé, recul de l’age des retraites, suppression des bonus dans le secteur bancaire public, arrêt des embauches dans le secteur public, et encore bien d’autres mesures drastiques.

  • Que peu faire l’Union Européenne ?

A part essayer de rassurer les marchés en affirmant son soutien, l’UE ne peut malheureusement (en théorie) pas faire grand chose... Les traités européens excluent en effet le sauvetage d’un pays membre de la Zone Euro par ses pairs, et la BCE ne peut pas accorder de prêts aux Etats. Toutefois, comme on l’a dit plus haut, il est totalement exclu que la Grèce se retrouve en cessation de paiement. De plus, les interdictions stipulées par les traités européens sont facilement contournables. En dernier recours, l’UE sera donc obligée d’aider la Grèce. Jeudi, les dirigeants européens ont d’ailleurs fait une déclaration selon laquelle ils viendraient en aide à la Grèce

  • Le FMI peut-il intervenir ?

En principe, le FMI pourrait apporter un soutien financier à la Grèce. Mais dans la pratique, le Fonds monétaire international se contentera de déléguer des experts auprès de la Commission Européenne et de la BCE. La raison de cette non implication est très simple : Si le FMI apportait une aide directe à la Grèce, cela enverrait un signal alarmant aux marchés, le FMI ayant plutôt l’habitude de venir au secours de pays du ’’tiers monde’’. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs officiels européens multiplient les déclarations excluant catégoriquement toute intervention du FMI.

  • Pourquoi la situation des finances grecques fait chuter l’Euro, et plus particulièrement la parité Euro-Dollar ?

Parce que les opérateurs craignent que les difficultés de la Grèce se propagent au sein de la Zone Euro. Plusieurs autres pays membres se débattent eux aussi avec des déficits budgétaires énormes, et les investisseurs estiment qu’il y a un risque de défaillance de la Zone Euro dans son ensemble. Personne ne veut donc acheter d’Euros, et les investisseurs se reportent volontiers sur le Dollar, particulièrement plébiscité en cette période d’incertitude sur la reprise mondiale, en raison de son statut de valeur refuge.

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