Crise systémique : la finance jusqu’au bout !
par Gilles Bonafi
vendredi 1er juillet 2011
« Mais, Reine Rouge, c'est étrange, nous courons vite et le paysage autour de nous ne change pas ? » Et la reine répondit : « Nous courons pour rester à la même place. »
Ce court extrait d'Alice au pays des merveilles nous éclaire sur le processus dynamique tendant au chaos qu'est l'homme, une idée mise en avant par le biologiste Leigh van Valen qui postule que dans un groupe d'organismes soumis à la concurrence, l'effort d'adaptation est sans cesse renouvelé ce qui conduit inéluctablement à un processus incessant de constuction/destruction des civilisations, le mythe de Sisyphe revisité.
Karl Marx avait ainsi raison et pourtant, il s'est trompé sur son analyse de la fin du capitalisme.
Ce n'est pas la baisse tendancielle du taux de profit, une idée qui n'est pas de lui mais d'Adam Smith, qui provoquera la fin du capitalisme mais plutôt l'hyper concentration du taux de profit, le terrible "Moi" du névrosé pathologiquement dilaté.
L'essentiel des intérêts (loi de Pareto) sont donc perçus in fine par un petit nombre de personnes qui finissent par s'emparer du système. Je nomme cela l'effet Monopoly (célèbre jeu dans lequel ne subsiste qu'un seul vainqueur ayant ruiné les autres).
Alors que tout le monde parle de danger systémique, prend conscience que le poids disproportionné de certains organismes financiers représente le risque d'explosion du système, on continue dans une fuite en avant des exponentielles de profits.
En effet, le dernier rapport sur les produits dérivés de l'Office of the comptroller of the Currency nous apprend dans son introduction que "the Trading revenues in the first quarter of 2011 were 113% higher than in the fourth quarter of 2010."
113% d'augmentation, un chiffre qui a du mal à coller à la réalité économique !
Source : http://www.occ.treas.gov/topics/capital-markets/financial-markets/trading/derivatives/dq111.pdf
243 991 milliards de dollars de produits dérivés détenus par 4 banques aux USA (des métastases) sont ainsi à comparer avec les 65 000 milliards du PIB de la planète.
Pire encore, ils ont augmenté de 12 810 milliards de dollars au premier trimestre 2011. Ubuesque !
Tout système, aussi lumineux soit-il, possède son ombre et contient dans son essence un processus de putréfaction, l'entropie, l'évolution inéluctable vers le désordre. La finalité du capitalisme sera donc le chaos et par voie de conséquence l'ordo, la dictature, à moins que...