Croissance : prudence !

par Pierre Bilger
jeudi 16 novembre 2006

Les articles et les éditoriaux se multiplient pour tirer des conclusions définitives des comptes économiques préliminaires du troisième trimestre 2006, publiés vendredi par l’Insee, qui affichent une croissance nulle pour cette période.

On ne saurait trop recommander la prudence aux commentateurs. Ces comptes trimestriels n’ont pas plus de signification, sinon moins, que ceux des entreprises. Aussi, comme le font la plupart des analystes sérieux, vaudrait-il beaucoup mieux s’intéresser aux douze mois glissants qui donnent une indication plus solide de la tendance de fond de l’économie française. Or celle-ci reste la même après l’annonce de vendredi. Nous tournons toujours au rythme de plus ou moins 2% de croissance, le recul de l’année 2005 se trouvant pour le moment effacé.

En juillet 2005, dans trois notes sur la politique économique, je soulignais que "notre défaut de croissance a trois causes principales : l’insuffisance de nos exportations, l’insuffisance de l’investissement des entreprises, l’insuffisance de l’innovation." Or si des initiatives significatives ont été mises en oeuvre en faveur des exportations et de l’innovation qui commencent à porter leurs fruits, rien de tangible n’a été entrepris pour encourager l’investissement public et privé.
C’est cette lacune qui, pour faire simple,explique que nous restions toujours en dessous de notre croissance potentielle, évaluée aujourd’hui à 2,25%, croissance potentielle que la révision récente des perspectives démographiques de la France conduit à maintenir légèrement en dessous de ce niveau jusqu’en 2015.

Les effets de cette lacune sont d’autant plus marqués que les efforts réels consentis pour encourager les exportations restent contrariés par l’absence d’une politique de change de l’euro qui leur serait favorable. Cette politique de change qui, je le rappelle, ne relève pas de la Banque centrale européenne, mais de l’exécutif européen qui, par le rejet par la France du traité constitutionnel européen, a été privé des moyens d’exister, et par voie de conséquence, d’exercer cette responsabilité.


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