D’une bi-monnaie

par Tzecoatl
mardi 11 avril 2017

Dans l'antiquité, le roi possédait une mine d'or, payait grassement son armée afin de défendre cette propriété, qui lui permettait de battre monnaie.
L'or étant limité en quantité et étant peu pratique d'usage (masse, insécurité), peu à peu, les alliages ont remplacé l'or puis les banques centrales ont joué le rôle d'émetteur de symboles de valeur.

Il s'agissait donc de s'accaparer et contrôler le monopole d'émission de symboles de valeurs, pratique permettant de dominer l'acquisition de biens et de services.
Nos sociétés sont basées sur cette socialisation antique et très inégalitaire, qu'il s'agit ici d'équilibrer.

Critique

C'est nier et obérer là où est concrètement la création de valeur : le travail échangeable. Je précise échangeable car un travail qui ne sert pas autrui ne mérite pas d'être monétisé, autant rendre service à soi-même à titre gratuit. Alors que, in fine, la monnaie-crédit n'est là que pour permettre l'échange de propriété.

Dès lors, le travail se retrouve être la variable d'ajustement de ces cycles de monnaie-crédit. Car rien ne peut justifier qu'il soit le bouc-émissaire de l'usurpation de la propriété par la multiplication des symboles monétaires collatéraux, que ce soit en terme de différence de symboles de richesse en temps d'expansion, ou de sa contraction en période de crises.
Il ne peut donc pas être la variable d'ajustement si les ressources monétaires se raréfient ou marginalisé si elles abondent. Il peut cependant l'être si les ressources physiques ne le permettent plus (formation des capacités de production non complète) ou si son offre de capacités (à produire un bien ou un service) ne répond plus à la demande.

Le système monétaire et financier mondial n'est plus qu'une pyramide de Ponzi, non pas où le titre de propriété du nouvel entrant permet de rémunérer le sortant, mais où l'ancien titre de propriété permet de justifier le nouveau, qu'ils soient vrais ou faux.

Détail du flux et transaction

Dans le système actuel, l'entrepreneur se doit de valoriser son bien, en ce qui nous concerne, à hauteur de ses coûts salariaux afin de les rémunérer. 

Dans la proposition, lorsque le travailleur a produit une création de valeur, elle lui revient de droit en termes de symboles (monnaie), mais cette valeur ne peut être à deux endroits à la fois. 
Et comme elle se doit d'être créditée sur son compte, elle n'entre plus dans le prix du bien du produit. Le capitaliste ne peut plus faire de plus-value mais n'a pas à valoriser le produit contre salaires (cela mérite un statut juridique en terme d'entreprise, d'association, de coopérative, de fondation, voire d'institution ou d'administration).
Seul le prix du produit porte ce coût du capital.

La monnaie-travail paye à hauteur du coût en monnaie-crédit uniquement (il n'a pas besoin de payer la création de valeur propre aux travailleurs de l'entreprise, ils disposent de ce droit), la monnaie-crédit paye à hauteur du coût en monnaie-travail uniquement (il s'agit de faire rentrer de la monnaie-crédit dans l'institution financière ce qu'elle a du sortir dans l'échange précédent, afin d'équilibrer la réserve en devises) ;



- les travailleurs ne sont plus en compétition entre eux sur les salaires (minimaux, pour le reste ils sont en compétition afin de les limiter -proposition non idéale en l'état, mais retenons qu'il n'a plus à payer le travail à minimum garanti d'autrui-), la décence commune n'étant pas la même d'une zone économique homogène à l'autre ;

- une chambre de compensation permet de calculer les salaires afin que le bilan en monnaie-travail et monnaie-crédit soit le même ;

- la raréfaction d'une monnaie permet d'équilibrer l'autre, facteur de stabilité anti-crise majeur ;

Conséquences

Cette distinction majeure dans la formation des prix étendue à la monnaie permet :

- une remise à plat de la mondialisation ;

- de réduire les prix des biens de base, prérequis à la lutte contre la pauvreté, la faim ;

- de contrecarrer le productivisme, l'automatisme, et de restaurer l'emploi ;

- de déjouer les stratégies protectionnistes qui ont leurs limites (du fait des tactiques de réponse du berger à la bergère) tout en favorisant les marchés intérieurs, plus compétitifs du fait des coûts de transports plus 
importants dans la formation dex prix ;

- de déjouer les stratégies de raréfaction de l'emploi type NAIRU ;

- d'éviter les dérives dans l'emploi (stages) ;

- dans une optique libérale et marxiste, d'individuer la création de valeur et donc de rendre son autonomie à l'agent économique, afin de contrecarrer les stratégies d'oppression ou d'exploitation (il n'y a plus d'abus d'autorité de la main qui donne, car celui qui crée de la valeur reçoit automatiquement), seules les stratégies collaboratives ou coopératives restent efficientes ;

Conclusion

Lancer une telle institution monétaire n'a pas besoin de capitaux pour être lancée, puisque ceux qui y travailleraient auraient de fait droit à rémunération. Il resterait à légaliser ce qui ne peut sembler que légitime, les capitaux entrant grâce aux entreprises ou administrations souhaitant bénéficier de ses services, du fait de l'avantage concurrentiel induit.


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