De l’idéologie économique

par Tzecoatl
mardi 22 décembre 2009

Moults idéologies parsèment l’histoire. Et la crise économique récente est là pour nous le rappeler, n’en déplaise à Fukuyama.

Que retiendront les idéologues de cet épisode récent ?

Que les politiciens en profitèrent pour retourner leurs vestes, les gauchistes pour encenser les vertus de la régulation, les libéraux pour admonester ses tares. Alors que le libéralisme était élevé au rang de béatitude et la mondialisation à celui de Saint Graal, toujours imparfaitement trouvé, d’après l’OMC.

Quoiqu’il en soit, l’idéologie est intrinsèquement un ensemble de solutions générales relatant la vertu ambiante, ou ce qu’il faut penser à une époque, puisque ceux sont les solutions aux maux du moment.
Elle est souvent trop globalisante pour reconnaitre ses tares, et est souvent émise par un penseur, puis par une élite espérant quelconque profit : le bien à une condition, que cela n’affecte de trop nos intérêts, voire nous servent. Et que le plus grand nombre pense de même, permettant l’affirmation d’un leadership.

Ses généralités deviennent trop omniprésentes pour que l’ éxécutant remette en question ses abbérations, jusqu’à l’absurde. Dès lors, seule la rupture, ou la crise, peut y mettre un terme. Les options de rechange, ou plus exactement la cristallisation des anxiétés nouvelles, aussi minoritaires soient-elles, n’ont pour l’heure pas fait défaut.

 
Qu’en retenir ?
Que toute idéologie est un bouclier bien pratique à toute pensée, confinant rapidement en prêt à penser bien utile pour vaquer à d’autres occupations plus terre à terre, répété sans fin sur un mode opératoire que ne nierait un perroquet. Et même mieux, par déformation, puisqu’il est démontré par a+b que le téléphone arabe travaille.

Oh, biensûr, une idéologie a une utilité. Et ses inventeurs qui en sont les instigateurs ne sont pas dénués des bonnes intentions vis à vis des maux qui troublent leurs époques.
Mais l’idéologie est bel et bien la confusion entre la raison, et les raisons personnelles des ayatollas de cette idéologie.
Marx n’a-t’il pas inventé le marxisme suite au décès de ses fils ?
Bastiat, défenseur du libre-échange, n’était-il pas entrepreneur dans l’import-export ?
Hobbes et Locke, ne cherchaient-ils pas à diviser jusqu’à l’individualisme afin de faire
cesser ces hystéries collectives générant les guerres de religions, en exhaltant par là-même

le libéralisme au rang de religion sans dieu ? Le libéralisme devenant l’essence de ce qui divise pour mieux régner ?

Mais l’idéologie est difficile à mettre en boite tout comme l’est l’épiderme de ses chantres charismatiques. Et elle a donc une facheuse tendance à l’expansionnisme, morbide, contre-productif, le plus souvent has been face aux nouveaux défis ou ses limites. Et les solutions trouvés aux problèmes d’une époque, loin de poser de nouveaux problèmes, deviennent inénarables mantras.


Bref, chaque idéologie est avant tout le fruit des frustations de leurs auteurs respectifs puis le bouclier moral des hommes de pouvoir s’affirmant de leurs vertus.
Une solution, certes, mais uniquement en partie et certes pas définitive. Que d’ailleurs, les
thuriféraires dans leurs sillages n’hésitent pas à simplifier, orienter, exhalter. Puisqu’il est démontré par a+b que le téléphone arabe travaille, vous dit-on.

Par ces faits même, une idéologie devient très rapidement une idiologie. Et remarquons que le communisme n’a pas tué le christianisme, pas plus que l’écologisme ne tuera le libéralisme.
L’archéologue du dimanche arguera que les strates s’accumulent.
 
Il est notoire que chacune d’entre-elles exhalte une seule valeur jusqu’à sa perversion : liberté, amour, bonheur, intérêt commun, bien-être,etc. Bref, elles échouent de leur simplisme, puis de leur autoritarisme et finalement s’échouent dans la portion congrue qui leur revient.
 
D’après Harold James (http://www.project-syndicate.org/commentary/james35/French), il semblerait même que chaque crise économique récente (est-ce là à considérer une accélération idéologique ? Sans doute) signifie la mise en bière d’une idéologie économique :

- la fin de Keynésianisme en 1979 ;

- la planification soviétique en 1989 ;

- la fin du miracle asiatique en 1997 (n’empêche, il a bien survécu) ;

- la fin du libéralisme anglo-saxon en 2008 ;
 
Une cyclicité de 10 ans environ ponctue la chute de ces modèles dominants, si l’on accrédite sa thèse.
Donnons dès lors sur cette base 10 ans au Vernésyanisme (à proprement parler Keynésianisme écologique). Et bonne chance aux néo-idéologues pour la décade suivante.
 
Quoiqu’il en soit, l’accélération idéologique ne serait cacher la fragilité croissante de celles-ci pour imposer un ordre moral perenne.

Quoiqu’il en soit, il semble qu’il y est en économie un temps pour faire croire (la période de crise), un temps pour croire (la croissance), et un temps pour douter et reprendre la direction du vent fournis par les néo-idéologues (case départ, la crise).

Et chaque idéologie détient en son antre les germes de ses limites, dans son raisonnement et son champ d’action, et donc la fin de sa domination.

Dans cette tempête de mondialisme, d’écologisme, de décroissance, la réponse est peut-être
dans un conservatisme (non pas au sens Tatcherien) éclairé, ou plus fécond, dans des sciences floues et sciences humaines sachant gérer et accepter leurs limites et les manipulations dont de nombreux lobbies (y compris internes) ourdissent de biaiser les résultats.

En peu de mots, laissons le temps au temps.

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