Décryptage de la crise des subprimes

par gdm
vendredi 25 janvier 2008

La crise des subprimes risque de réduire de 200 à 400 milliards de dollars la masse des crédits, et donc la masse monétaire. Le gouvernement Bush réduit les impôts et la FED réduit son taux directeur. Ces deux mesures vont contribuer à reconstituer la masse monétaire et la masse des crédits afin de maintenir l’activité économique.

La monnaie est garantie principalement par la valeur des créances qui furent à l’origine de ces émissions de monnaie. Ces créances sont les "reconnaissances de dettes" des emprunteurs. Ces créances sont détenues par les banques commerciales. Chaque prêt bancaire engendre la création d’une quantité de monnaie égale au prêt. La perte de valeur de certaines créances peuvent conduire à la faillite d’une banque commerciale. La Banque centrale devra alors supporter cette perte de valeur.

En effet, la monnaie émise par une banque commerciale oblige la Banque centrale. C’est la raison pour laquelle, la Banque centrale contrôle attentivement le risque que prennent les banques commerciales. Des règles prudentielles rigoureuses qui limitent le crédit qu’une Banque commerciale peut accepter. Certains observateurs soutiennent que certaines de ces règles seraient trop rigoureuses et limiteraient inutilement le crédit, une des sources de la croissance économique.

Les banques américaines ont l’habitude de prêter jusqu’à la totalité de l’argent de l’achat d’une maison. De plus, les banques américaines prêtent souvent à un taux d’intérêt variable. Le taux d’intérêt directeur de l’argent varie selon les décisions de la Banque centrale. L’emprunteur rembourse lorsqu’il revend sa maison. Ainsi, l’Américain préfère souvent acheter et revendre un logement plutôt que de le louer. Une banque française prête au plus 80 % du montant de la valeur du logement, et prend ainsi un risque moindre. Une banque française prête le plus souvent à un taux fixe. L’emprunteur prend ainsi un risque moindre.

Il arrive qu’un marché particulier augmente soudainement. Mais il arrive aussi que ce même marché perdre le tiers ou la moitié de sa valeur. Le marché de l’immobilier américain a baissé soudainement. Les emprunteurs, qui avaient emprunté pour acheter leur logement, le revendent moins cher que le montant de leur emprunt. Beaucoup d’emprunteurs ne peuvent pas rembourser leurs emprunts.

Ce fréquent défaut de paiement se traduit par une perte pour le banquier américain. Les banques américaines possèdent suffisamment d’actifs, ce qui leur évite la faillite, sauf pour quelques rares banques. Les circonstances de ces faillites de ces banques n’ont pas provoqué de perte pour la Banque centrale.

Les actionnaires des banques commerciales américaines supportent donc une diminution de leur patrimoine. Ce mécanisme est commun à toutes les entreprises. Chaque entrepreneur évalue ses risques et, parfois, il se trompe. Les conséquences d’une perte de valeur d’une entreprise ne concernent, a priori, que ses actionnaires, ses salariés, ses clients et ses fournisseurs. Les concurrents augmentent leur offre pour proposer et fournir leur production aux clients de l’entreprise défaillante.

La "crise des subprimes" a des conséquences sur l’ensemble de l’économie américaine. Pourquoi donc les difficultés d’une entreprise pourrait-elle donc provoquer des difficultés dans l’ensemble de l’économie d’un pays ? La raison tient au fonctionnement des mécanismes monétaires.

Ces difficultés des emprunteurs réduisent la valeur des créances détenues par les banques. Elles coûtent quelque 200 ou 400 milliards de dollars aux banques américaines. L’équilibre fondamental d’une banque est que la valeur de ses créances reste supérieure à la masse monétaire. Il s’ensuit que ces 400 milliards de pertes seront retirés de la circulation monétaire, ce qui signifie aussi une réduction des crédits. Cette réduction de la masse monétaire signifie un ralentissement de la croissance économique.

Que signifie retirer de la monnaie de l’économie ? La monnaie est créée par les prêts bancaires. La monnaie est détruite par le remboursement de ces prêts. La destruction de la monnaie se fait au rythme du remboursement des emprunts. Elle n’est pas immédiate. La banque qui veut réduire sa masse monétaire doit donc réduire les prêts à ses clients. La banque peut durcir les conditions de prêts afin de réduire le risque de créances impayées. La Banque centrale peut augmenter son taux directeur. Une augmentation du taux directeur réduit le désir d’emprunter, donc réduit la masse monétaire.

Ce mécanisme de réduction de la masse monétaire est nécessairement lent, puisqu’il dépend du remboursement des prêts. La durée de cette réduction peut durer plusieurs années. Un économiste, peut-être trop pessimiste, considère que cette crise perdurera pendant dix ans aux Etats-Unis, et réduira durablement la capacité de prêter, et impactera donc le dynamisme économique des Etats-Unis pendant dix ans.

On lit dans les journaux que les Banques centrales auraient "injecté" 100 milliards dans l’économie par éviter la récession. Qu’est-ce que cela signifie ? A cause des règles prudentielles rigoureuses, des banques commerciales en bonne santé se sont retrouvées en état de manque de liquidités. Pour une entreprise, on nommerait cela une "cessation de paiement". La cessation de paiement d’une entreprise peut être temporaire et ne signifie pas une faillite de l’entreprise.

L’entreprise peut posséder d’excellents actifs, mais être temporairement en cessation de paiement. La Banque centrale a prêté à ces banques commerciales en dérogeant à des règles prudentielles habituelles. Et ces prêts de la Banque centrale sont justifiés par la qualité des actifs de ces banques commerciales. Le comportement des Banques centrales est logique et sain.

Pour répondre au risque de récession aux Etats-Unis, le président des Etats-Unis annonce des réductions d’impôts pour les citoyens américains à hauteur de quelques 140 milliards. Une telle mesure donnera ainsi du "pouvoir d’achat" aux contribuables américains. Elle "injecte" valablement 140 milliards dans l’économie, remplaçant ainsi la monnaie supprimée par les banques. Cette mesure est une réponse valable au risque de récession.

Cette mesure va stimuler la consommation et l’épargne dans certains secteurs de l’économie. C’est l’aspect positif de cette mesure. L’aspect négatif de cette mesure gouvernementale est qu’une telle réduction d’impôts endettera l’Etat d’autant. Il faudra que l’Etat américain rembourse plus tard. L’argent du remboursement proviendra des impôts ou bien d’une réduction des dépenses de l’Etat. Mais cette relance économique ne concernera que les secteurs économiques qui correspondent à une consommation de masse. Une telle réduction d’impôt est donc une mesure partielle et insuffisante.

La Banque centrale américaine, la Fed, a décidé de baisser de 0,75 % son taux directeur. Le taux d’intérêt des prêts bancaires baisse d’autant. Cette décision conduira à une augmentation des crédits, donc de l’activité économique américaine. Une baisse de ce taux directeur est une bonne réponse à cette réduction des crédits car elle concerne tous les agents économiques de la même manière. Certains économistes jugent qu’une telle réduction du taux directeur est excessive.

Néanmoins, une réduction du taux directeur était une bonne réponse à la crise américaine des subprimes. L’augmentation des crédits qui en résultera permettra de maintenir le niveau d’activité économique. La demande va s’accroître, et provoquera une tendance à la hausse des prix. Une telle inflation des prix pourrait conduire à faire baisser encore le cours du dollar. Une baisse du cours du dollar stimule l’économie américaine et appauvrit les Américains, mais de manière indolore car peu visible.


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