Des économistes allemands s’inquiètent pour leur pays

par fatizo
dimanche 28 septembre 2014

Ce lundi, l’un de économistes les plus influents d’Allemagne, Marcel Fratzscher, 43 ans, sort un livre qui risque de faire du bruit, son titre "Allemagne, l’illusion" ("Die Deutschland Illusion").

L’ouvrage commence ainsi : "L’économie de ce pays est en échec. Sa croissance depuis l’an 2000 est plus faible que la moyenne européenne. Les salaires ont progressé moins vite. La pauvreté, en hausse, touche un enfant sur cinq".Bienvenue en… Allemagne.

Voici le portrait que dresse de son pays le président de l’Institut de recherches DIW, à Berlin, qui comme d’autres économistes de premier plan, veut en finir avec les idées reçues.

Pour lui il est temps de dire la vérité, que par exemple le revenu moyen d’un ménage allemand a baissé de 3% depuis l’an 2000, et que plus grave, cette baisse atteint 5% pour les 10% les plus pauvres.

Marcel Fratzscher se préoccupe également de la chute des investissements dans l’économie allemande. Il nous dit que de 23% du PIB en 1990, on est passé à 17% aujourd’hui, alors que la moyenne des pays industrialisés est de 20%.

Pour l’économiste il est évident que si on ne change pas la politique actuelle le déclin de l’économie allemande, qui a commencé ces derniers mois, va s’accélérer.

Ce livre vient après celui d’un autre économiste allemand, Olaf Gersemann, chef du service économique du groupe de médias Welt, qui a publié "La bulle Allemagne", ("Die Deutschland Blase"), sorti lundi dernier.

Pour lui aussi, l’Allemagne s’apprête à déchanter : "Nous assistons au chant du cygne d’une grande nation économique", ajoutant qu"il est convaincu que son pays profite d’une conjonction de circonstances très favorables qui vont bientôt disparaître, voire s’inverser."

Il prévoit pour son pays un destin peut encourageant en pensant que "l’Allemagne est en voie de redevenir "l’Homme malade de l’Europe". "L’Allemagne se proclame modèle du monde (…) mais l’orgueil précède la chute". 

M. Gersemann nous fait une révélation qui va en surprendre plus d’un, et faire réfléchir tous ceux qui n’ont que le modèle allemand à nous vendre matin, midi et soir.

Sachez chers amis, que sur les 20 ans qui viennent de s’écouler l’Allemagne se classe au 156e rang sur 166 pays pour la croissance, aux côtés de pays comme l’Italie, le Portugal, l’Ukraine, Haïti, ou encore la Grèce à qui elle fait la morale en permanence.

Enfin l’auteur revient sur les réformes du chancelier Schröder au début des années 2000 en nous disant qu’elle ne sont "pas la raison du miracle de l’emploi en Allemagne".

Pour lui, les succès récents du pays viennent plutôt de sa puissante industrie automobile et de ses entreprises de machines-outils, parfaitement positionnées pour profiter de l’essor d’une vaste classe moyenne dans les pays émergents, notamment en Chine. Il n’oublie pas de mentionner que l’Allemagne a aussi profité de la flambée de consommation chez ses voisins où les salaires progressaient quand elle-même se serrait la ceinture.

L’effondrement des naissances a également permis de "considérablement alléger la facture des ménages et de l’Etat". Mais ceci ne sera pas toujours un avantage bien sûr. En 2050, l’Allemagne ne sera plus que la troisième nation d’Europe de l’Ouest, derrière la Grande-Bretagne et la France. Plus grave, cette baisse de naissance risque d’avoir de lourdes conséquences pour financer les futurs retraités.

Les défenseurs de L’Allemagne qui ne sont jamais à court d’arguments avancent qu’avec l’immigration nos voisins pourraient régler leur problème des naissances, sauf que pour l’endiguer il faudrait 400.000 à 500.000 immigrés par an, perspective "irréaliste" à long terme pour les experts.

Quant aux éditorialistes qui sévissent en permanence dans nos médias, et qui brandissent en permanence la pancarte "germanophobes" à la face de ceux qui osent émettre la moindre critique contre le modèle allemand, tout comme ils hurlaient "anti-américanisme primaire" dès que l’on s’en prenait à l’Amérique de Bush, il va leur falloir trouver autre chose pour démolir ces économistes allemands.


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