Des fonds d’investissement français dans le collimateur

par Xavier Bellecourt
mercredi 4 mars 2009

C’est le mensuel Capital qui rapportait hier cette information dans son édition online. Des fondateurs de start ups innovantes, victimes de pratiques abusives de la part de fonds d’investissements hexagonaux dénoncent un système organisé de kidnapping d’entreprises ! Que se cache-t-il derrière cette annonce au parfum de scandale ? 

Il ne s’agirait pas d’un cas isolé puisque ces entrepreneurs se sont regroupés en collectif et ont publié un livre qui décrit comment ces fonds spécialisés dans l’innovation parviennent à prendre impunément le contrôle des jeunes pousses. 

Tout y passe ! A la manière d’un mini pamphlet comme Péan sur Kouchner (à ceci près qu’ici les accusés ont des problèmes avec la justice) l’auteur raconte avec éloquence les méthodes cavalières employées par des directeurs de participation pour s’approprier la matière grise de ces entreprises, virer les fondateurs et revendre, après dépeçage, au plus offrant. 

La méthode semble bien rodée et le réquisitoire développé met en garde les inventeurs contre les déconvenues qui les guettent dès leur arrivée en « incubateur », jusqu’au jour où ils seront récompensés de leurs efforts par le label OSEO, et deviendront une proie facile pour des financiers sans morale qui n’auront qu’à se baisser pour ramasser les valeurs accumulées.

Le livre est téléchargeable gratuitement sur leur site : www.fcpi-pratique.com


Seule restriction (volontaire), le collectif n’indique pas nommément quels sont les fonds mis en accusation ni quelles sociétés, en amont, gèrent ces filiales douteuses. Des révélations qui pourraient se préciser rapidement, tant cette nouvelle polémique rajoute aux déboires actuels de la place financière et qu’on imagine mal l’Etat fermer les yeux sur ce nouveau scandale.

Malheureusement, c’est tout un système qui sent la gangrène.

Les incubateurs n’accueillent toujours pas en nombre suffisant les chercheurs. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas forcément vocation à devenir entrepreneurs ou à se substituer à eux. Pour pallier à ce manque, la mission des cellules de transfert pourrait être considérablement accrue. Tous les labos regorgent de potentielles innovations de rupture susceptibles de rencontre un jour un marché. Mais comment les valoriser efficacement ?

D’autre part, les incubateurs qui ont pour mission de faire décoller ces innovations souffrent d’un manque d’encadrement qualifié. A peine « incubés », les porteurs de projets entrent dans une course aux aides publiques, assistés par des praticiens de l’administration, rompus, certes, au ficelage des aides à l’innovation, mais souvent ignorants de la réalité du business de terrain qui attend les innovateurs.

Leur motivation n’est pas toujours non plus en adéquation avec les entrepreneurs : les incubateurs vivent de la part des subventions qu’ils rapportent aux projets ; les entrepreneurs ont d’autres nécessités qui ne collent guère au cadre et aux méthodes qui leur sont imposées.

Enfin, le nerf de la guerre, c’est la valorisation et le financement. Et là, force est de constater qu’en dehors des magnifiques PowerPoints qu’on leur soumettra, aucun porteur de projet ne bénéficiera de conseils d’expert susceptible de l’accompagner dans cette étape essentielle.

Du coup, en dehors de quelques managers formés à ces pratiques, peu seront capables de juger avec le recul nécessaire les schémas de capitalisation qui leur seront proposés. D’autant que les cabinets juridiques qui conseillent les levées de fonds sont généralement ceux du fonds d’investissement. Toutes les dérives sont alors possibles…

Ce que raconte le livre mentionné plus haut constitue hélas un décryptage sans fard de ces pratiques et nous invite à entamer une vraie réflexion sur le pilotage de l’innovation en France.

Source : capital.fr


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