Des prévisions économiques plus fiables que la météo ?
par Robert Branche
samedi 20 juin 2009
Une crise est-elle plus prévisible qu’un tsunami ? Nous devons apprendre à vivre en univers incertain et à ne plus nous « protéger » derrière des chiffres sans valeur
FIABLES Une fois de plus, les prévisions météorologiques se sont trompées : à la place des rayons de soleil annoncés, c’est un déluge de pluie. Nous avons tous pris collectivement l’habitude de ces erreurs et pourtant nous continuons à suivre ces émissions à la télévision ou à la radio qui nous égrènent des futurs improbables…
D’où viennent ces erreurs à répétition. Elles ont, en simplifiant, deux origines : d’une part la difficulté à modéliser toutes les interactions, d’autre part la propagation des erreurs inhérentes au mode de calcul.
Nous sommes en train de progresser sur la première limite : plus la science météorologique avance, mieux elle arrive à affiner ses équations et à rendre compte de la complexité du système. Il n’en reste moins que c’est un long chemin dont on ne voit pas bien le bout. Pensez par exemple à la diversité de la géographie européenne et la multiplicité des interactions liées à l’activité humaine qui n’est pas elle prévisible en détail…
Nous voilà donc face à une explication scientifique qui montre qu’il est illusoire d’imaginer prévoir la météo au-delà de la semaine. Aussi nous apprenons à vivre avec cette incertitude…
Abandonnons la météorologie et passons à la prévision économique.
Je n’ai pas l’impression qu’il soit plus facile de modéliser le fonctionnement de l’économie que celui de la météo. On est bien face aux mêmes types de difficultés, avec, là, un poids déterminant des activités humaines. Or celles-ci ne sont pas modélisables précisément (et heureusement !). Il y a donc aussi une source inhérente d’erreurs.
Et dans le domaine de l’économie, je ne fais qu’entendre des prévisions à un an, voire plus. Dans mon activité de consultant, je rencontre souvent des entreprises qui élaborent des plans stratégiques à 3 ou 5 ans, avec des données détaillées.
Est-ce raisonnable ? Comment ce qui est impossible pour la météo, le deviendrait pour l’économie ? N’a-t-on pas assez de preuves ces dernières années, et singulièrement depuis la crise, de l’inexactitude de toutes ces prévisions : aux rayons de soleil annoncés correspondent des déluges de pluie, au calme prévu un tsunami… (voir « Ciel, j’ai vu un UVLI ! » et « Ne nous laissons pas berner par la magie des battements de l’aile d’un papillon »
Ne serait-il pas urgent de comprendre que nous ne pourrons jamais vraiment prévoir au-delà d’un horizon rapproché et qu’il ne sert à rien de s’abriter derrière des chiffres dont on est certain de l’inexactitude.
Bien sûr les entreprises ont besoin de réfléchir à moyen terme (disons 3/5 ans) notamment quand il s’agit de décider ou non d’un investissement majeur (un nouveau réseau pour un opérateur téléphonique, une nouvelle usine pour une entreprise sidérurgique…). Mais elles doivent le faire en tenant compte des incertitudes, et surtout pas en les occultant. (voir « Je n’ai jamais vu un fleuve qui ne finissait pas par aller à la mer » et « Lâcher-prise pour prévoir l’imprévisible »)
Il en est évidemment de même au niveau d’un pays…