Dette publique et retraites nous conduisent à un grave conflit entre générations
par Marianne
lundi 6 septembre 2010
Le problème des retraites touchera plus gravement encore les jeunes, alors même que les retraités d’aujourd’hui sont privilégiés et ont un niveau de vie supérieur aux actifs. En même temps que se referme sur eux le piège démographique, ils subiront de plein fouet les mesures de réduction du déficit. Double peine qui va renforcer le conflit entre générations qui se traduit déjà dans le clivage politique actuel.
« La retraite moyenne est certes encore légèrement inférieure au salaire moyen (de 9%). Mais pour un homme, la retraite est supérieure au salaire d’activité : 1617 contre 1613 euros. L’écart se creuse si l’on s’intéresse au niveau de vie (source : COR). Les retraités n’ont pas d’enfants à charge. Ils ont des revenus patrimoniaux deux fois supérieurs aux actifs : 3400 contre 1600 euros en moyenne. Ils sont plus souvent propriétaires (74% des retraités contre 56% des actifs) et paient donc moins de loyers. Au total, leur niveau de vie (hommes et femmes) est supérieur de 6% à celui des actifs, celui des retraités hommes de près de 20% à celui des actifs hommes. Le décalage est encore plus frappant si l’on retient les moins de 55 ans. Le niveau de vie des 55-65 ans est en effet supérieur de 40% aux moins de 55 ans ! »
Voir également ce très intéressant article des Echos, de Alain Villemeur et Mehdi Ben Choufi intitulé « La réforme des retraites ne réduira pas le fossé entre les générations » : les jeunes sont doublement pénalisés : études allongées (réduisant le durée de cotisation ou reculant l’âge de départ en retraite), parcours professionnels de plus en plus instables et chaotiques,
Et en même temps que le piège démographique se referme sur eux avec une réforme injuste et seulement partiellement financée, les jeunes vont subir le piège de la dette publique, alimentée par le cumul des déficits publics aggravé par la crise récente, mais abondé essentiellement par une gestion malsaine d’une génération entière qui depuis trente ans vit à crédit, au dessus de ses moyens, par un Etat dont la dépense courante et les déficits sociaux ne sont plus financés par les recettes pour 50% ! Nous arrivons à l’évidence que le remboursement de la dette est maintenant devenu obligatoire, imminent, inéluctable, c’est même une question de survie, comme François Bayrou avait été le premier à le dire et malgré les discours irresponsables des tenants de la gauche extrême, du Parti de gauche notamment (Jean-Luc Mélenchon) qui prétendent que le déficit n’est pas grave … On nous prépare donc à une augmentation prochaine des impôts ou à une réduction encore drastique de la dépense publique, ce qui veut dire moins de services publics, moins de policiers, moins de juges, moins de professeurs, moins de remboursement de santé et aussi moins d’investissements dans les hôpitaux, les écoles, les Universités … Les jeunes d’aujourd’hui et de demain vont devoir payer en impôt et en réduction de prestations publiques pour rembourser la surconsommation et l’irresponsabilité de leurs parents. Vont-il accepter ceci en même temps que sacrifier leur retraite face aux retraités actuels plutôt privilégiés ?
Remarquons enfin un autre clivage de génération, qui est d’ordre politique : l’UMP trouve majoritairement son fonds de commerce électoral parmi les personnes âgées, comme l’attestent diverses études, alors que les partis de gauche, le PS ainsi que les écologistes et le Mouvement Démocrate sont majoritaires chez les jeunes. Ceci signifie que le conflit de génération est aussi reflété dans le clivage politique. Les jeunes avaient déserté les urnes, mais ils pourraient bien se réveiller et se remobiliser. Ce serait alors une défaite encore plus criante de l’UMP, de Nicolas Sarkozy notamment, aux élections présidentielles !
Billet également publié par l’auteur sur les blogs Mediapart, 20minutes.fr, Lepost.fr, HautetFort.