Deux aventuriers du bon vivre

par C’est Nabum
mercredi 9 février 2022

 

LocaLuna et la Loère

 

 

À l'écart de la vie trépidante et délirante de nos grandes villes, il y a de plus en plus de pionniers du retour à l'authentique qui tentent l'aventure de vivre autrement tout en s'émancipant de la recherche d'une prospérité factice. Tirer de quoi joindre les deux bouts, assurer l'ordinaire et s'accorder parfois un peu de confort, sans trahir leurs valeurs, c'est ainsi qu'ils agissent pour vivre au pays en donnant à beaucoup le plaisir de partager un temps leur aventure.

Ils se lancent dans le maraîchage biologique, la brasserie artisanale, la viticulture en bio dynamique, l'artisanat d'art, les réseaux courts et la volonté indécrottable de faire des clients des amis et non point des dindons à plumer, à tromper, à leurrer à coups de publicités agressives et intrusives, de promotions illusoires et de grimaces de composition. Chez eux, recevoir est un bonheur, conseiller une vocation, expliquer un passage obligé pour convaincre sans artifices.

 

Le commerce de proximité, le lien retrouvé entre celui qui vend et celui qui achète, non par manipulation, mais par adhésion pleine et entière à un projet qui place l'humain au centre d'une relation qui n'est pas biaisée par des propos enjôleurs. Le client est un ami, une personne reconnue dans son humanité et non point pour sa seule carte bleue.

Avec eux, point de discours sur les parts de marché, le taux de rentabilité, les futurs plans d'investissement, la recherche des économies d'échelle et tout ce fatras dogmatique enseigné dans des écoles où le commerce est élevé au rang de brigandage de grand centre marchand. Bien sûr, il y a une différence de prix, mais n'est-ce pas le prix à payer pour reprendre le destin de la planète en nos mains loin de la folie d'un système à l'agonie ?

Cyril a commencé il y a quelques années à mettre son ambition de vivre par lui-même de son rêve en mettant en bouteille des boissons sodaïfiées de sa composition. Une folie que de croire qu'il pourrait vivre de son estampille « La Loère !  » qu'il a fini par rendre possible à force de travail, d'acharnement et d'années à manger de la vache enragée.

Il parvient tout juste à faire de sa petite entreprise une opération viable qu'il ne reste pas sur ses lauriers pour accompagner sa compagne Lucile dans un dessein plus fou encore : créer une cave à manger, chambre d'hôtes, un lieu de convivialité avant tout. Ils se mirent au boulot, se retroussant les manches pour repousser les murs et les obstacles, les réticences et les critiques.

Depuis quatre mois, leur LocaLuna n'est plus une Lune folle ni même une vieille Lune sortie d'esprits malades. Elle brille au firmament d'un possible qui se réalise, d'un meilleur qui se concrétise pour eux mais aussi pour ceux qui deviendront leurs complices, leurs commensaux de Chenonceau tout en découvrant les produits d'autres défricheurs du véritable monde d'après ce système destructeur.

Je ne tiens pas à vous dévoiler les secrets de la chose. L'alchimie exige que l'on prenne le temps de la découvrir soi-même, d'en humer l'esprit avant que d'en jouir à son tour au hasard d'une visite qui ne peut se satisfaire d'être unique. L'envie de revenir s'imposera à vous parce que tel est le charme de tous ces gentils défricheurs d'un monde à reconstruire : il n'est pas possible de se suffire de sa propre réussite, elle doit s'accompagner de la pleine et entière adhésion, participation, satisfaction de ceux qu'ils associent à leur épanouissement : leurs amis et pas seulement leurs clients.

Ils sont deux parmi bien d'autres et j'entendais à travers eux honorer tous ces colibris de l’improbable refonte d'une relation commerciale qui ne se fonde plus sur la sempiternelle spirale des affaires. Une relation commerciale qui ne se contente plus de ne remplir qu'un ticket de caisse mais bien ouvrir une nouvelle page en décrochant la Lune, fut-ce là une pensée totalement folle et utopique.

À contre-emploi.


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