Doit-on donner plus d’allocations familiales aux riches qu’aux pauvres ?....

par velosolex
lundi 25 février 2013

Picsou et ses neveux

 Drôles d’échos en éco ! Ce samedi 23 Février vers neuf heures du matin, ma tartine est restée un moment suspendue au-dessus de mon café. Mon oreille paresseuse avait-elle bien entendu les propos sortants du poste de radio, où j’écoutais France inter ?

 C’était l’heure de l’émission d’Alexandra Bensaid : « On n’arrête pas l’écho ! »

 Deux journalistes invités, commentantaient l’information économique et sociale : Emmanuel Lechypre, de BFM Business, et Christian Chavagneux, du journal « Alternatives économiques »

 « Non….C’est pas une blague, ai-je demandé à ma compagne ! »

 « Non, non, m’a-t-elle assuré, c’est pas une blague ! »

 « Quand même ! C’est pas possible….C’était pas un humoriste qu’avait le micro ? C’est trop énorme pour être vrai ! »

 C’est vrai, il faut se méfier des bobards et des blagues. Orson Welles, en direct radiophonique, avait réussi à faire grimper les collines de San Francisco à tout un tas de gens pensants que les Martiens avaient envahi la ville. Bedos, qu’on ne peut soupçonner de racisme, faillit se faire descendre par un type persuadé que ses blagues étaient à prendre au premier degré. Pierre Desproges, dans son émission « Le quart d’heure de monsieur cyclopède ! » avait le chic pour sortir des âneries inadmissibles, mais si énormes et provocantes que même les plus coincés ne pouvait que se bidonner.

 L’émission était postcastée sur internet.

http://www.franceinter.fr/player/reecouter ?play=572505

 De quoi était-il question ? De ces fameuses allocations familiales qui nous arrivent sur le tapis rouge, à l’heure des Césars autoproclamés du cinéma Français.

 L’exception française d’égalité pour tous serait mise à mal. Le gouvernement envisagerait une réforme des allocations familiales. Seraient-elles fiscalisables, voir liées aux ressources des parents ? Dans la rubrique, « C’est pas si simple » ce sujet, hautement sensible, et qui a fait le buzz de tous les internautes et des médias, était abordé.

Famille

 Extrait :

 CHRISTIAN CHAVAGNEUX :

 « Il y a un principe d’universalité, bien sûr. Si vous retirez les allocations familiales à quelqu’un, et si vous les mettez sous condition de ressources, vous dites QU’UN ENFANT DE PAUVRE ET UN ENFANT DE RICHE, C’EST PAS PAREIL !

 EN PLUS, ON SAIT QU’UN ENFANT DE RICHE COUTE PLUS CHER QU’UN ENFANT DE PAUVRE, PARCE QUE LES DEPENSES SONT PLUS IMPORTANTES !

 Vous rompez le principe d’universalité pour les classes moyennes, dont on peut montrer que c’est eux qui supportent la plus lourde charge fiscale ! »

 ALEXANDRA BENSAID :

… « Et qui sont en ce moment très taxés ! »

 CHRISTIAN CHAVAGNEUX :

 « Et qui vont dire : « Moi je veux plus contribuer à ce système où l’on ne fait que de me prendre et où je ne récupère pas. Alors qu’un enfant, ça reste un enfant ! Donc, il y a un vrai principe, presque philosophique entre guillemets, qui est posé. Ce qui à mon sens fait que l’on n’ira pas vers la condition de ressources ! »

le coût d’un enfant

 Que penser de ces joutes oratoires très feutrées. Tout le monde sur le plateau semblant d’accord dans des intérêts communs bien compris ? Etais-je le seul auditeur abasourdi par ce manque de débat et d’opposition ?

 Alexandra Bensaid a donner le micro pour finir à sa consœur Lise Jolly, en direct de Berlin. Celle-ci nous a dit qu’en Allemagne les allocations étaient soumises à l’imposition. Mais « no comment » des deux journalistes, pressés semble t’il de passer à autre chose. Pourtant on aurait bien voulu savoir comment ça se passait dans les autres pays européens, prendre de la distance, comparer !

 Quid de ce prêt à penser économique ? Je ne parle pas de cette réaction épidermique du bourgeois de mauvaise foi : « Moi je veux plus contribuer à ce système où l’on ne fait que de me prendre et où je ne récupère pas ». Tout cela nous ramène plus de trente ans en arrière, avec cette Miss Thatcher se disant flouée, exigeant un chèque de l’union européenne : « I want my money back ! » Cette fausse indignation surjouée sert d’alibi à ne rien changer, et est contraire à toute pensée économique redistributive digne de ce nom.

 Ainsi, les classes moyennes se feraient rançonner par l’état ?

    Hum….Cela mériterait examen ! J’ai ouïe dire que c’étaient elles justement qui profitaient au mieux de la politique de santé, tout autant que celle de l’éducation et de la formation, la redistribution sociale leur étant largement favorable. L’état français brille en ce moment au niveau des statistiques et des études internationales, pour sa grande capacité à pérenniser, voir à accroître dans certains domaines les inégalités sociales. Tout cela en rapport à des systèmes de redistributions pervertis, labellisés pourtant des devises républicaines que tout le monde connaît : Liberté, égalité, fraternité.

 Nous serions tous égaux, sans doute, mais certains plus que d’autres…Que valent les meilleures intentions du monde si les moyens de compensation sont distribués aveuglément, en ne tenant pas compte des situations des plus démunis, sinon à accroître un peu plus les inégalités ?.

 Car les beaux principes de liberté et d’égalité, peuvent dériver d’une façon libérale vers le cynisme le plus accompli, comme l’avait vu Orwell : Celui du poulailler libre, avec des poules libres, et son renard tout aussi libre.

 Toutes ces informations, je les ai d’ailleurs tirées du journal « Alternatives économiques » que je tiens en bonne estime.

 Bon, ce n’est pas forcément parce qu’on est journaliste dans le même journal qu’on est au courant de tous les potins qui s'y colportent ! Je pense à ce dirigeant qui ne savait pas qu’il y avait du cheval dans les steaks au bœuf que ses ouvriers préparaient.

 Rappelons tout de même qu’une allocation, dans l’essence du terme, est destinée à pallier un tant soi peu les différences de fortunes, liées souvent à la naissance, et qu’il ne semble donc pas forcément étrange de faire une différence entre un bourgeois et un smicard !

 Le problème philosophique évoqué par Christian Chavagneux, et qui lui prend la tête, ne semble pas vraiment si insurmontable que ça !.... L’évidence n’est pas toujours évidente pour celui qui joue à l’idiot en se cachant derrière son doigt, pour ne pas voir la lune.

   De fait, est-il vraiment adapté que l’état, « qui ne peut tout de même pas tout », comme disait Jospin, paye les couches et les biberons des enfants de François Pinaut ou de Carlos Ghosn, par exemple, s’il venaient à l’idée de ceux ci de procréer ? On peut penser que leurs immenses fortunes ne les mettraient pas suffisamment en colère contre l’état pour prendre le risque de déclencher une révolution !

 Mais le plus énorme, c’est cette esbroufe qu’aucun avocat, même le plus matois aurait hésité à lâcher, pour défendre un parti insipide : « Un enfant de riche coûterait plus cher qu’un enfant de pauvre », sous-entendant peut-être qu’il conviendrait d’aider davantage les parents de riches…

 On en déduira assez facilement ce que l’on savait déjà : Que les gosses de riches et ceux de pauvres, ce n’était pas tout à fait pareil ! Megève l’hiver et les séjours bilingues à Londres pour les uns, et la cage d’escalier dans une tour de banlieue pour les autres.

 Deux secondes auparavant, ce même journaliste, dans un exercice d’illogisme assez fou, s’en prenait aux réformateurs, les accusant de vouloir faire une différence entre enfants, comme si elle n’était pas évidente : Voilà que les riches tout à coup ne seraient plus pareils que les pauvres si on leur retirait leurs allocs !

 En deviendraient-ils jaloux de leur condition, une fois brisé « ce beau principe d’universalité » ?

 « Etonnant, non ! » Nous aurait dit Pierre Desproges…

 Une remarque : Si les pauvres dépensent moins que les riches pour leurs enfants, ce n’est pas vraiment par choix. Non, les enfants ne sont pas de petits êtres diaphanes, vivants uniquement dans les sous bois, de ces généreuses allocations familiales tombantes en pluie printanière sur eux comme sur des champignons.

    L’ensemble qu’ils forment avec leurs géniteurs forme bien une famille. Et à ce titre, les parents ne font aucune difficulté dans leur ensemble, selon leur fortune, pour offrir le mieux qu’ils peuvent à leurs gosses, même en allant au resto du cœur.

 Bon, là, on est tous d’accord ?

  La tête me tournait ! Il était temps que l’émission s’arrête, et que je prenne un peu l’air.

 Cet exercice d’enfumage périlleux avait son maître. Je pense à Raymond Devos bien sûr, dans un de ces sketch célèbre, intitulé « crise de foie » . Il racontait une soirée télé, à hésiter entre deux programmes, et vous tourneboulait pareillement la tête de ces arabesques, de ces contre sens ! A force de zapper d’une chaîne de télé à l’autre, vous ne saviez plus où vous en étiez, du film de Thérèse, et de l’autre d’Emmanuelle !…Le visage pieux de Thérèse finissait pas aboutir sur le corps d’Emmanuelle, au pieu

 Tenez, j’en tremble encore en y pensant !

 Finalement, c’est vrai on peut rire de tout !.

 On a tort de se représenter les économistes comme des gens barbants, passants d’une statistique macro économique, à des vues séquentielles sur l’évolution des marchés à termes.

 Vraiment, la différence entre leur boulot et celui de comique, parfois, n’est pas vraiment flagrante ! Et peut-être que si Coluche n’avait pas été président, comme il l’a espéré un moment, il aurait pu au moins prendre la place de Raymond Barre !

 Raymond Barre, alias le meilleur économiste de France, comme on disait à l’époque, ou encore la place de Giscard, autre brillant économiste lui aussi, qui jouait de l’accordéon dans les chaumières pour la télé, et qui a ruiné la France avec son fameux emprunt à 15 ans..

 Moi, je voulais juste jouer à l’idiot utile, celui qui n’a pas voulu croire ce qu’il avait entendu, un samedi matin, en prenant son café.

 Et puis, il y a sans doute des gens plus qualifiés que moi pour en parler !

 Je veux parler bien sûr des éco-comiques !

 Quant à cette réforme des allocations familiales, ne comptez pas sur moi pour l’aborder.

 J’ai une prudence de sioux pour éviter les sujets difficiles.

 Et toujours cette impression, que l’œil malicieux de monsieur Cyclopède nous regarde !


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