Dollar : ça y est, cette fois c’est vraiment la fin

par Michel Santi
mardi 29 mars 2011

Préparez-vous à d’immenses changements car le monde de ces dix prochaines années sera également celui du règne de plusieurs devises qui supplanteront le billet vert et qui se livreront entre elles une compétition féroce. En fait, l’avancée des technologies et la volonté légitime d’accès au confort matériel permettra aussi à nombre de nations de seconde importance de commercer à l’aide de leur propre monnaie. Dans ce monde là - qui n’est pas celui de nos enfants mais qui sera le nôtre dès demain -, dans ce monde là donc, le gouvernement fédéral américain ne sera plus en mesure de financer à prix modique ses déficits.

Car ce nouvel ordre mondial - marqué non par la multi latéralité mais bien par l’hyper latéralité - sera caractérisé par une appétit extrêmement amoindri envers les Bons du Trésor US qui ne se tailleront plus la part du lion dans les investissements institutionnels ni au sein des réserves des banques centrales. Le niveau de vie de l’Etat américain - et hélas mais par la force des choses de son citoyen - se retrouvera donc considérablement rogné du fait de financements toujours plus onéreux de leurs déficits commerciaux et budgétaires.

Les Etats-Unis - qui auront perdu leur privilège exorbitant - devront ainsi - et à l’instar de chaque nation - mettre leurs mains dans le cambouis et s’atteler à relancer leurs exportations, seule solution pour attirer les devises et pour résorber leurs dettes… Le dollar sera bien-sûr appelé à se déprécier considérablement afin que les biens américains soient plus attractifs et ce dans un contexte où le peuple de ce pays n’a encore pas été préparé à ce déclassement monumental de son train de vie. L’élite des affaires et de la vie publique sera tout aussi prise au dépourvu du reste car elle sera contrainte de revoir en profondeur l’ensemble de sa stratégie de financement des entreprises et des Etats.

Car la vie facile sera très prochainement à conjuguer au passé, cette vie où leur consommateur jouissait d’un pouvoir d’achat rendu excessivement avantageux par des entreprises étrangères soucieuses de dégager des profits en dollars afin de s’acquitter de dettes également en dollars… Cette conjoncture hautement enviable où le billet vert autorisait les entrepreneurs américains à réduire leurs charges tout en ignorant royalement tout risque de change appartiendra également au passé. Leur réveil n’en sera que plus pénible quand, se rendant compte que seule 9% de leur dette (privée et publique) est libellée dans une autre devise que le dollar, ils devront se résigner à s’endetter dans d’autres devises.

Alors que les Etats-Unis d’Amérique en sont à leur second programme des « baisses de taux quantitatives » consistant à créer de la monnaie afin de stimuler leur économie, y a-t-il - ne serait-ce qu’une seule voix - qui s’élève pour mettre en garde ? Pour alerter par rapport à un fait cinglant et dévastateur : plus de 70% de ces papiers valeurs émis par la Trésorerie américaine ont été rachetés par la Réserve Fédérale ! C’est la planche à billets de la Fed qui tourne ainsi en boucle pour acquérir sa propre dette. Sachant que les étrangers, détenteurs des 30% restants, ne consentent à acheter les Bons du Trésor américains (qui ne produisent aucun intérêt) que grâce au statut du billet vert…

Que se passera-t-il à fin Juin quand ces baisses de taux quantitatives devront se terminer ? Posons la question autrement : Qui achètera alors la dette américaine ?

En réalité, à moins qu’elle ne se résolve à laisser les coûts de financements exploser, la Fed est aujourd’hui emmurée dans un tourbillon qui exige que, faute de preneurs étrangers, elle acquière encore et toujours plus de ces Bons du Trésor émis par le gouvernement de son pays… A l’image de la grenouille de La Fontaine, le bilan de la Réserve Fédérale est donc condamné à enfler toujours plus car elle se retrouvera progressivement quasiment seule intéressée (et contrainte) à financer les dettes de son pays.

Que les apprentis sorciers pseudo keynésiens farouches partisans de la dépense publique et des stimuli à tous prix tremblent car, aujourd’hui, tout est consommé. Les coûts de financement de l’Etat américain et de ses déficits sont appelés à prendre leur envol. Accessoirement, le dollar est prêt à rendre l’âme.


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