Dollar : le faiseur de Rois
par Michel Santi
samedi 20 novembre 2010
Miller (comme Bernanke) ne prétendait-il effectivement pas que le fonctionnement de la planche à billets rétablirait la croissance et réduirait le chômage via la dévalorisation du dollar ? La stagflation, nauséabonde mixture faite de croissance insignifiante et d’inflation, ne fut-elle pas plutôt au rendez-vous ? Ayant ainsi été nommé en Mars 1978 dans un contexte où la croissance trimestrielle du P.I.B. était de 6.1% et alors que l’inflation annuelle était de 6.1%, Miller devait contribuer activement à ce que, moins de 18 mois plus tard, cette croissance tombe à 2.3% tandis que l’inflation s’envolait à 10% ! L’or, baromètre traditionnel de l’inflation, n’avait-il par ailleurs pas flambé de 75% durant la même période ? Le remplacement de Miller par Paul Volcker en Août 79 n’y fit rien : les dommages ayant déjà été causés, l’excellence de ses mesures énergiques de lutte contre l’inflation ne furent couronnées de succès qu’après l’échec de Carter … qui devait toujours être identifié à cette crise économique sévère. Pour bonne qu’ait ainsi été la décision de Carter de nommer Volcker à la tête de la Fed, il fut néanmoins toujours associé aux excès Keynésiens de Miller…
De nos jours, Bernanke subira probablement le même fiasco que son lointain prédécesseur Miller car, à cet égard, l’envolée des cours de l’or est on ne peut plus révélatrice : de 800 dollars l’once en Novembre 2008 – date du démarrage des baisses de taux quantitatives -, les cours atteignent aujourd’hui le niveau approximatif de 1’400 dollars enregistrant donc une appréciation de l’ordre de 75% ! L’équipe aux manettes aujourd’hui vise en effet les mêmes objectifs que Miller, à savoir la création pharaonique de monnaie afin de noyer l’économie tout en affaiblissant le billet vert. Pourtant, la dure leçon de Carter devrait dissuader tous les pourfendeurs de dollars qui se plaisent à déclasser du même coup tous les actifs libellés en cette devise.
Les expériences malheureuses de Nixon et de Carter, la ré élection et la popularité de Reagan et de Clinton l’attestent : les Présidents ont échoué quand le dollar était faible et vice-versa. Obama devrait donc prendre conscience qu’en s’attaquant au dollar, il brise sa Présidence.