É-U : Le chômage dans tous ses états

par Mercure
mardi 6 octobre 2009

Les statistiques de chômage des É-U posent de gros problèmes d’interprétation. Voyons cela d’un peu plus près. On pourrait trouver la vérité, assez effrayante, et la situation de ce grand pays, assez préoccupante.

La littérature économique fait de plus en plus transpirer les chroniqueurs depuis quelques mois. Le strabisme intellectuel auquel ils sont astreints pour démontrer à la populace que la société étasunienne serait sortie de la crise malgré un chômage croissant dont elle est atteinte, leur cause beaucoup de souci. En effet, les chiffres que leur communiquent les plumitifs de l’administration sont présentés de telle manière qu’ils montrent le contraire de ce qu’ils devraient signifier.
Comment expliquer ce défaut de vision ?
Le département du Travail publie mensuellement le nombre des suppressions d’emplois nets. C’est ce mot “net” qui crée le strabisme des journalistes et des commentateurs de manière générale. En effet, le nombre publié (le “net”) n’est pas celui des licenciements bruts (c.à.d. “les vrais”), mais il représente la différence entre les emplois détruits et les emplois créés, moins (et ce “moins” aussi est très important) le nombre des chômeurs qui ont épuisé leur droit à l’indemnité de chômage. Or, ce “moins”  diminue progressivement de mois en mois, du fait que les gros bataillons de licenciés bruts (et non pas “nets”) diminuent chaque mois depuis le début de cette année au fur et à mesure que le niveau des effectifs en activité se rapproche des besoins réels du pays, c’est-à-dire du plancher de la récession en cours.
Par conséquent, le “moins”, c’est-à-dire la déduction mensuelle des chômeurs ayant perdu leur droit à indemnités (nombre qui croit régulièrement puisque les embauches sont insuffisantes) s’amenuise de mois en mois, faisant donc ressortir une augmentation progressive du nombre des suppressions d’emplois nets.
C’est ainsi que l’on peut comprendre ce qu’affirment les autorités, à savoir que le chômage continuera d’augmenter encore longtemps, bien que le pays soit sorti de la crise. Mais sur ce dernier point, il s’agit d’une autre affirmation à laquelle je ne désire pas m’associer pour éviter de perdre ma crédibilité à très court terme…
Si vous avez compris qu’ainsi l’administration nous fourre, alors vous avez atteint l’objectif que je m’étais fixé en rédigeant cet article.
Cependant il y a mieux (ou pire, selon vos convictions personnelles).
En effet, tous ces nombres qui se combinent entre eux de manière à constituer une grande famille que l’on a du mal à fréquenter intelligemment, ne permettent pas de se faire une idée exacte de la véritable situation de ce grand pays en grave confusion que sont les É-U.
Mieux vaut savoir, à mon avis, le nombre, ou mieux, le pourcentage que représente l’effectif des gens sans emploi, indemnisés ou non, par rapport à la population active du pays. Or d’après les calculs de la plupart des économistes sérieux, ce pourcentage s’établit actuellement entre 15 et 16% alors que le chômage “officiel” est déclaré à 9,8% en septembre, et le nombre correspondant s’accroit tous les mois du nombre des nouveaux licenciés bruts diminués de celui des nouvelles embauches. Tout indique que ce taux atteindra celui de 20% avant la fin de l’année 2010.
Il faudra alors que les fonctionnaires du département du travail des É-U fassent de très gros efforts d’imagination pour dissimuler la déroute de l’économie étasunienne.
 
© André Serra 
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