Economie : changement de siècle !

par Paul Agius
mardi 23 mai 2006

On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres, elles éclatent, on ne coud pas une pièce de tissu neuf sur un vieux vêtement, il se déchire, on ne regarde pas l’économie mondiale du XXIe siècle avec les yeux et les outils du XXe. Ils ont déjà fait cela au début du XXe, analyser avec les yeux et les outils du XIXe, puis 1929, puis 1939, puis...

Il est stupéfiant que la pensée économique "pratique", celle que professent nos hommes politiques, soit toujours celle d’il y a quarante ans. En gros, quand il y avait de la croissance, tout allait bien, débrouillons-nous pour retrouver de la croissance, tout ira bien de nouveau. Cherchez bien, quel homme ou femme politique ne profère pas ce genre d’antienne ? Comme un médecin qui vous dirait : vous avez de la fièvre, vous êtes donc malade, regardez, ceux qui n’ont pas de fièvre ne sont pas malades ; je vais faire baisser votre fièvre, coûte que coûte, moi, j’en suis capable, et vous serez un homme guéri !
En fait, la croissance est comme la température : quand elle est bonne, il y a des chances que ça aille bien (encore que....). Quand elle n’est pas bonne, il faut en chercher les causes. Chez nous par exemple, un cercle vicieux : on licencie, pour être compétitifs, et on est le pays qui a la plus forte productivité par salarié au monde, derrière la Finlande. Mais ce sont des consommateurs qu’on licencie, et le poids des charges sociales devient trop lourd pour ceux qui restent au travail, alors on essaie de licencier un peu plus, et on essaie de faire baisser le niveau de bien-être social, pour en limiter le coût, et on aggrave un peu plus la condition de millions de consommateurs ; alors on dit que c’est de la faute des immigrés, on protège un peu plus les frontières, on dit que c’est de la faute de l’insécurité, et on verrouille tant qu’on peut, côté Police et Justice et prisons. Mais regardons le monde en face, pas de bien-être sans solidarité, dans les frontières, et hors des frontières, pas de croissance sans un minimum de cohérence sociale, sans une réduction relative de l’écart entre les très riches et les très pauvres, sans une diffusion à tous de la culture, sans assurer à tous des conditions de logement décentes. Je renvoie les lecteurs à l’ouvrage récemment paru, Urgence sociale ( P. Larrouturou, ed Ramsay) et au site Internet du même nom (urgencesociale.net) pour une analyse exhaustive de ces questions, dans le contexte français, européen et international. C’est du vin nouveau, outres neuves fournies avec.

Paul Agius


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