Economie ouverte ou fermée ? L’inflation économique et la croissance

par Abolab
mercredi 7 janvier 2009

Il s’agit de ne pas confondre inflation économique et croissance. L’inflation est une augmentation du prix des produits de consommation, due à une dévalorisation de la valeur monétaire en soi, pour faire très simple. Si la monnaie perd de sa valeur, il faut plus de monnaie pour acheter la même chose qu’avant. Ce qui implique que le prix des produits de consommation augmente. C’est ce qu’on appelle inflation, en économie. La croissance, quant à elle, est un rapport de production global, au sein d’un territoire donné, comme par exemple une nation. La croissance est fixée par des conventions au sein d’espaces économiques partiellement communautaires, par le biais de marchés communs et d’ouverture de ces marchés entre eux, mais également par des échanges directs entre nations, comme c’est le cas avec les accords bilatéraux. La croissance est dépendante d’un territoire donné.

Dans la perspective d’une libéralisation économique, qui, a priori, est une démarche saine -pourquoi en effet devrait-on opter pour un isolationnisme séparateur et interdire les échanges entre pays ?-, la croissance est une notion en voie de désuétude, car dans l’optique d’un marché réellement libre, il n’y a plus besoin de croissance : il n’y a plus que des flux matériels ou financiers, sans entraves. En définitive, ce sont les entraves nationales et communautaires qui sont à la base de la notion de croissance. Et ces entraves ne sont pas un signe d’équilibre : car quelque chose qui cherche à croître tout le temps, à accumuler, n’est pas dans un état d’équilibre, qui serait plutôt défini comme un état de stabilité et d’harmonie entre différentes forces ou courants opposés, quoi que cela puisse être.

La dépendance énergétique, matérielle, de différents territoires à d’autres territoires dans un monde fini est en effet la source de cette notion de croissance, séparatrice en soi et créatrice de déséquilibre. Et à la base donc de cette notion de croissance, est la division nationaliste communément acceptée dans le monde entier. Ces divisions existant entre nations sont également la cause de la division économique représentée par les différentes monnaies existantes. Et bien que certaines parties du monde se regroupent autour de monnaies communes au sein d’espaces économiques particuliers (c’est le cas de l’Europe, et peut-être bientôt de l’Amérique Sud-Nord, de l’Afrique et d’autres blocs économiques et communautaires de part le monde), ces monnaies communes sont toujours le reflet des divisions entre différents espaces économiques, plus larges que des nations, mais peut-être encore plus rigides et hors de tout contrôle démocratique du fait de la puissance qu’ils représentent.



Par le passé, si une ’petite’ nation posait un problème à d’autres plus puissantes, il y avait la solution de la manipulation guerrière ou de l’embargo économique et de la marginalisation diplomatique, de manière plus ou moins locale. Aujourd’hui, si un bloc économique comme la Chine, l’Europe, ou les Etats-Unis pose problème, ce dernier devient tout de suite un problème mondial. Aussi, les monnaies de ces blocs deviennent l’objet des convoitises des spéculateurs financiers, mais également, ces monnaies en compétition les unes avec les autres, deviennent de plus en plus interdépendantes, par le fait de la mondialisation économique et de son uniformisation.

Aussi, la dévaluation monétaire associée à l’inflation, résulte immédiatement de la compétition entre blocs économiques, qui implique nécessairement -de manière intrinsèque à toute forme de compétition-, l’existence de gagnants et de perdants, de monnaies fortes et de monnaies faibles, ... etc, dans un processus de fluctuation de l’économie qui ne peut être en équilibre dans un espace construit dans la division parcellaire communautaire et nationale. Les inégalités majeures de conditions de vie entre les territoires, reflètent en effet le déséquilibre majeur des modes de vie de nombreuses populations des territoires dits développés, dont la consommation superflue et le gaspillage inutile sont associés à une liberté de choix ou de produire qui est en fin de compte une illusion matérialiste bien précaire, tant la qualité (durabilité, efficience, coût de fonctionnement) des produits proposés est devenue une problématique secondaire afin de satisfaire des besoins de croissance et de rentabilité arbitraires au sein d’un espace économique lui-même isolé et protectionniste, en contradiction totale avec les principes mêmes d’une économie ouverte.

Aussi, aucun ordre économique ou financier ne peut advenir dans la perspective séparatrice d’intérêts communautaires ou nationalistes, car chaque partie agit de son point de vue particulier afin de résoudre des problèmes locaux, sans tenir compte globalement de la situation réelle. En effet, cette situation réelle globale ne peut possiblement pas être appréhendée par un point de vue particulier (national ou communautaire), et c’est pourtant l’unique mode de pensée qui prévaut de part le monde. Ainsi, tous les politiciens pensent de manière parcellaire, au sein de leur identité nationale ou idéologique particulière, et en fonction des intérêts nationalistes ou communautaires. Non pas qu’il faille nier les problèmes locaux, mais à l’évidence, toutes les solutions proposées basées sur une pensée fragmentaire locale s’ajoutent les unes avec les autres pour former le gigantesque chaos politico-économique mondial dans lequel nous vivons, tous isolés les uns des autres par les divisions économiques, nationales, puis culturelles. La somme des initiatives auto-centrées individuelles locales est en définitive le chaos actuel qui existe dans le monde, et tant que les individus penseront en terme de leur identité et individualité propre, en tant que français, américain, chinois... ou quelle que soit leur appartenance séparatrice culturelle, religieuse ou autre etc, il ne peut possiblement y avoir d’action directe, efficace et juste, en phase avec la situation globale réelle planétaire, qui est toujours au-delà des particularismes locaux et individuels.


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