Ecotaxe, optique, énergie… : les échecs patents de la libéralisation

par Laurent Herblay
vendredi 8 novembre 2013

Depuis quelques semaines, les exemples de dysfonctionnements de la libéralisation de ce qui devrait être des services publics se multiplient, avec notamment le scandale de l’écotaxe. Pourtant, pas grand monde ne semble tirer des leçons de ces innombrables fiascos consécutifs au recul de l’Etat.

Cinq exemples et une leçon
 
Le dernier exemple est l’ubuesque partenariat public-privé pour la collecte de l’écotaxe, sur lequel la justice vient d’ouvrir une enquête. Alors que l’Etat consacre 1% des recettes fiscales à la collecte des impôts, dans ce cas, le contrat signé par l’équipe Sarkozy était de plus de 20% ! Il est difficile de ne pas y voir une rente indue pour l’entreprise EcoMouv, largement détenue par des capitaux étrangers. Idem pour l’optique, sortie largement de la sphère publique. Malgré une concurrence entre les lunettiers et les mutuelles, leur intérêt collectif bien compris a permis une envolée des prix dans notre pays, démontrant que marché ne rime pas forcément avec baisse des prix et efficacité, mais parfois plus avec rente…
 
Il en va de même avec le système de santé étasunien et la mise en place très cahotique de l’Obamacare, preuve que la sous-traitance au privé n’a fait que produire un système complexe et dysfonctionnel. On retrouve le même scénario dans le secteur énergétique, dont la gestion est devenue extraordinairement complexe du fait de la libéralisation de la distribution, qui impose des contrats byzantins avec les anciens services publics, mais aussi des objectifs environnementaux, qui ont abouti à une explosion de subventions publiques pour les énergies renouvelables et une envolée des prix.
 
On pourrait également évoquer le cas des universités étasuniennes, auxquelles The Economist a consacré de nombreux dossiers démontrant que l’envolée des frais de scolarité est totalement délirante (cinq fois plus que l’inflation depuis 35 ans). Il est tout de même assez piquant de constater que le privé peut aboutir à une envolée des frais administratifs. En 1976, on comptait deux professeurs pour un administratif. Aujourd’hui, le rapport est d’un pour un. Pire, dans le même temps, les professeurs et les étudiants travaillent de moins en moins ! A côté, nos universités seraient presque exemplaires !
 
Quand privatisation égale complexité, rente et gaspillage

Tout ceci montre que le transfert dans le privé d’activité de service public n’est pas forcément porteur d’économie ou de meilleur service, bien au contraire. Cela peut occasionner l’inverse, démontant les thèses théoriques des partisans de la privatisation. Pire, tout ceci impose une quantité de réglementation colossale dans laquelle les intérêts privés savent trop bien intervenir pour se tailler des rentes sur mesure ou des contextes concurrentiels favorables aux oligopoles. C’est ce que l’on peut voir dans l’énergie, mais certaines rentes (sur le solaire par exemple) peuvent être remises en question.

Tous ces exemples sont des plaidoyers pour le retour dans le giron du service public de ces activités qui n’ont rien à faire dans le secteur privé, qui n’y vient que pour chercher des rentes. C’était notamment le cas de la privatisation des autoroutes, contre laquelle Nicolas Dupont-Aignan s’était opposé, un peu seul, en 2006. Du coup, alors que le gouvernement s’apprête à prolonger de trois ans la concession, il est essentiel de soutenir la pétition lancée par Marianne, et signée par NDA, pour s’opposer à un tel projet. Une autoroute est un service public et n’a rien à faire dans le domaine privé.
 
Il faut noter ici que le Parti Socialiste fait partie des fossoyeurs de notre service public, ayant accepté et fait avancer sa privatisation, qui pourrait toucher demain la SNCF mais aussi la Sécurité Sociale. Mais si le PS a renoncé à les défendre, il faut noter que DLR les a toujours défendus.
 

 


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