En finir avec le dogme de la croissance
par Julien_R
mercredi 9 décembre 2009
Indicateur aussi arbitraire qu’imparfait, le taux de croissance basé sur le calcul du seul PIB constitue le phare de nos politiques économiques. Ainsi en est-il de la lutte contre le chômage, qui selon nos dirigeants reste conditionnée au retour de la sacro-sainte croissance. Pourtant, à l’inverse, on observe qu’un marché de l’emploi dégradé ne permet pas d’envisager une croissance pérenne et freine le redémarrage économique. Même Attali le dit.
Dans sa chronique pour L’Express mise en ligne le 2 décembre, Jacques Attali indique que "la croissance, dans nos pays, ne repart pas et (que) le chômage, considérable, réduit la capacité des gens à consommer et à rembourser leurs crédits". Explicitement, l’auteur du rapport controversé sur la "libération de la croissance" et ancien conseiller spécial de Mitterrand fait le lien entre l’atonie de l’emploi et l’absence de croissance.
Or le plus souvent, c’est un rapport de cause à effet inverse qui est privilégié : on suppose que la croissance a pour conséquence de stimuler l’emploi. Et cette assertion, érigée en véritable dogme, est mise en avant pour justifier auprès de l’opinion les politiques publiques les plus coûteuses : favorisons le retour de la croissance, l’emploi suivra !
Pourtant, l’analyse des origines de la crise actuelle atteste clairement l’inverse : si l’emploi est défaillant, aucune croissance durable n’est possible (c’est d’ailleurs un sujet que j’avais développé au printemps dernier sur le blog "chomeurs-rassemblons-nous.net"). Ainsi, il est notable de constater qu’outre-Atlantique, la crise a été précédée d’un niveau d’inégalité record. Autrement dit, avant la crise, la pseudo-croissance de l’ère Bush s’appuyait sur des écarts de revenus inédits, signifiant qu’en bas de l’échelle, de plus en plus d’Américains survivaient avec des emplois dévalorisés (on parlerait en France de travailleurs pauvres) voire sans emploi du tout.
Revenant sur l’histoire des inégalités aux Etats-Unis, l’économiste Jean Gadrey souligne sur son blog que le précédent record dans l’écart entre riches et pauvres datait de 1928. C’est-à-dire un an avant la fameuse crise de 1929...
Les plus cyniques pourront y voir une coïncidence, mais le fait que les pics d’inégalités précèdent les crises se comprend somme toute assez aisément. Lorsqu’une part importante de la population est privée de revenus stables et suffisants (c’est-à-dire d’un emploi correctement rémunéré), le "moteur économique" qu’est la consommation intérieure tombe forcément en panne, à un moment ou un autre. Et lorsque des artifices financiers, types "subprimes" ou refinancements hypothécaires, viennent retarder l’échéance, les conséquences à terme n’en sont que plus désastreuses.
Pourtant, dans la logique d’une recherche forcenée de croissance, l’emploi n’est considéré que comme un vague effet secondaire d’une santé économique retrouvée. Thèse d’autant plus contestable que le mode même de calcul de la croissance, basé sur le seul PIB, est de plus en plus décrié.
Ainsi, la prise en compte d’autres indicateurs donne des résultats étonnants. En témoigne l’expérience conduite par deux économistes qui ont établi un classement des régions françaises non pas à partir de la croissance du PIB, mais à partir d’un indicateur de santé sociale : la région qui pointe à la première place n’y est autre que... le Limousin. De quoi fortement relativiser la valeur réelle et concrète de nos "gains de croissance", pourtant érigés en phare de toute politique économique.
Pourtant, l’analyse des origines de la crise actuelle atteste clairement l’inverse : si l’emploi est défaillant, aucune croissance durable n’est possible (c’est d’ailleurs un sujet que j’avais développé au printemps dernier sur le blog "chomeurs-rassemblons-nous.net"). Ainsi, il est notable de constater qu’outre-Atlantique, la crise a été précédée d’un niveau d’inégalité record. Autrement dit, avant la crise, la pseudo-croissance de l’ère Bush s’appuyait sur des écarts de revenus inédits, signifiant qu’en bas de l’échelle, de plus en plus d’Américains survivaient avec des emplois dévalorisés (on parlerait en France de travailleurs pauvres) voire sans emploi du tout.
Revenant sur l’histoire des inégalités aux Etats-Unis, l’économiste Jean Gadrey souligne sur son blog que le précédent record dans l’écart entre riches et pauvres datait de 1928. C’est-à-dire un an avant la fameuse crise de 1929...
Les plus cyniques pourront y voir une coïncidence, mais le fait que les pics d’inégalités précèdent les crises se comprend somme toute assez aisément. Lorsqu’une part importante de la population est privée de revenus stables et suffisants (c’est-à-dire d’un emploi correctement rémunéré), le "moteur économique" qu’est la consommation intérieure tombe forcément en panne, à un moment ou un autre. Et lorsque des artifices financiers, types "subprimes" ou refinancements hypothécaires, viennent retarder l’échéance, les conséquences à terme n’en sont que plus désastreuses.
Pourtant, dans la logique d’une recherche forcenée de croissance, l’emploi n’est considéré que comme un vague effet secondaire d’une santé économique retrouvée. Thèse d’autant plus contestable que le mode même de calcul de la croissance, basé sur le seul PIB, est de plus en plus décrié.
Ainsi, la prise en compte d’autres indicateurs donne des résultats étonnants. En témoigne l’expérience conduite par deux économistes qui ont établi un classement des régions françaises non pas à partir de la croissance du PIB, mais à partir d’un indicateur de santé sociale : la région qui pointe à la première place n’y est autre que... le Limousin. De quoi fortement relativiser la valeur réelle et concrète de nos "gains de croissance", pourtant érigés en phare de toute politique économique.