Energie : le coût du renouvelable
par Laurent Herblay
mercredi 7 août 2013
L’éolien et le solaire ont toujours eu bonne presse. En partie à raison : il s’agit d’énergies renouvelables et peu polluantes, alors que les hydrocarbures ne sont pas renouvelables et beaucoup plus polluants. Problème, leur coût considérable est un peu trop souvent ignoré dans le débat.
Une facture colossale
Deux de nos voisins le paient cher. L’Espagne, comme le rapporte un article de The Economist, consacre la bagatelle de 12 milliards d’euros (plus d’1% de son PIB) à subventionner le solaire, une somme qui pose problème doublement. D’abord, en pleine rigueur budgétaire, il est tentant de couper dans les subventions, ce qui créé une instabilité législative peu propice à l’investissement. Ensuite, l’Etat espagnol a payé jusqu’à douze fois le prix du marché à des opérateurs privés qui en retirent de juteux bénéfices. Ne serait-ce pas à l’Etat de réaliser ces investissements pour éviter des rentes ?
L’Allemagne paie cher également ses investissements dans le domaine. Cet article de Christian Stoffaes dans la Tribune fait une comparaison effarante entre le nucléaire français et les énergies renouvelables allemandes : nos voisins ont investi 120 milliards d’euros pour 75 milliards de Kwh quand la France a payé 96 milliards (selon la nouvelle estimation, revue à la hausse, de la Cour des Comptes) pour 410 milliards de Kwh, 5 fois plus ! La raison : « les capacités de production renouvelable fonctionnent 1200 heures par an (sur les 8760 que compte une année) ». Cet article de Contrepoints chiffre l’effort de l’Allemagne à plus de 16 milliards d’euros en 2011 et la bagatelle de 28 milliards en 2015.
Une France plus conservatrice
Comme le rappelle ce papier du Figaro, notre pays a été beaucoup moins volontariste, puisque les énergies renouvelables ne représentent que 13% de notre consommation. Et encore, la majorité vient des barrages et non de l’éolien et du solaire. Résultat, la facture est bien moindre : 3,3 milliards de 2005 à 2011. Néanmoins, la Cour des Comptes a publié un document qui s’alarme sur le montant de la facture puisque Paris y consacrera 8,6 milliards d’euros en 2020 (bien moins que Madrid ou Berlin). Elle souiligne le surcoût du solaire (jusqu’à 11 fois plus cher que le nucléaire) et de l’éolien (jusqu’à 2,3 fois) et appelle à « contrôler les abus » dans le versement des subventions aux opérateurs privés.
Malgré tout, le caractère renouvelable et non polluant de ces énergies fait qu’il faut investir mais on peut penser que notre pays a bien fait de le faire de manière plus modérée tant que les écarts de coût restent importants. Le différentiel se réduit de plus en plus, comme même Christian Stoffaes le reconnaît. En outre, on peut considérer qu’il s’agit d’une priorité absolue tant pour échapper à la dépendance aux hydrocarbures non renouvelables que pour limiter les émissions de CO2. Mais est-ce une bonne idée de faire payer une transition aussi chère aux citoyens en pleine crise ? Et plus encore, les mécanismes de subventions aux entreprises privées posent d’immenses problèmes.
S’il faut absolument préparer la transition énergétique, en revanche, il est dommage que le débat actuel ignore trop souvent deux zones d’ombre : le coût colossal de cette transition (même si l’on approche du moment où ces technologies seront rentables) et surtout les modalités de cette transition. Les problèmes posés par les subventions démontrent à nouveau que l’énergie relève du service public.