Entrepreneur, « écoute bien », il n’est pas impossible que ton salut vienne du Web

par Yves Chabert
mercredi 23 janvier 2008

Depuis maintenant quelques années que j’arpente les macadams et les terre-pleins d’accueil de la Caravane des entrepreneurs, des bords de mer aux quais de Seine, des hôtels de ville aux places de marché, de Saint-Nazaire à Nice en passant par Strasbourg, Lyon ou Toulouse, je rencontre des dizaines et des dizaines d’entrepreneurs, «  porteurs de projets », créateurs, candidats repreneurs, futurs franchisés.

Dans leur grande majorité, sans faire défaut aux statistiques officielles, toutes ces personnes agissent d’abord seules et seulement seules. Les chiffres sonnent comme une évidence, plus de 70 % des créateurs « ex-nihilo », c’est-à-dire ceux qui sont «  tout nouveau, tout propre », sont des entrepreneurs en solo.

On sait aussi, et beaucoup de monde le répète à l’envi, que le taux d’échec des ces « start-hope » avoisine 50 %, dès les premières années d’existence, ce qui n’est pas sans conséquences pour ceux qui ont eu le courage de se lancer, car se « casser la gueule », en France notamment, est loin de vous laisser indemne. Je ne me risquerai pas dans une tentative d’explication « des pourquoi et des comment », car ce n’est pas le sujet ici et les raisons sont multiples et variées.

Ainsi donc le néo-entrepreneur est presque par définition un « homme » seul, quand il n’est pas en plus, un « homme » isolé. A partir de là, ses chances de trouver sa place et de réussir économiquement sont extrêmement réduites.

... car il n’est pas impossible que ton salut vienne du web

Avec internet, ce qui m’intéresse, c’est de proposer une perspective de développement aux « Tout Petits Entrepreneurs » (la grande majorité d’entre nous) et qui, même si elle ne résout pas toutes les difficultés, ouvre des opportunités réelles, aide à limiter les risques d’échec, en définitive et à coup sûr apporte à tous un très sérieux coup de booster.

Cet angle, ou ce « point de vue », trouve son ancrage dans les nouveaux usages qui sont faits des technologies de l’information et de la communication qu’on appelle encore TIC (ou NTIC pour signifier que ces technologies sont nouvelles). Aujourd’hui, vous entendez parler de web 2.0, de marketing 2.0, d’entreprise 2.0, de « tout ce qu’on veut 2.0 » comme pour marquer un décalage entre l’avant et l’après, le figé et le mouvement.

J’affirme que des transformations profondes et irréversibles, quels que soient les noms qu’on leur donne, sont maintenant bien en place et sont en train de bouleverser les règles du jeu de l’économie de marché telles que nous les connaissions jusque-là
. Ces outils prennent pour noms, au hasard : blogs professionnels, micro blogging, widgets, agrégateurs, wikis, podcasts, réseaux sociaux, places de marché virtuelles, espaces collaboratifs, géolocalisation et j’en oublie...

Ces transformations «  venues » de, et par les internautes, blogonautes, arpenteurs de réseaux sociaux ou avatars de Second life, appréhendées et intégrées avec clairvoyance, peuvent être tout bénéfice pour les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain.

Bien sur, cela ne vaut pas pour toutes les activités, ni avec le même impact ou la même ampleur. Il n’y a pas non plus de recettes miracles, pas de tours de passe-passe de la «  réussite », mais comprendre les mécanismes qui se jouent sur le terrain du web et au-delà, se mettre en écoute, expérimenter les nouveaux outils, c’est comprendre ce qui se prépare pour l’avenir, avoir une chance d’être en phase avec les autres, ses futurs partenaires, fournisseurs, prospects, clients et consommateurs.

Car, nous passons dans ce XXIe siècle de l’ère des mass média à celui des médias de masse, avec une redistribution des pouvoirs, restitués à leurs dépens, de quelques-uns au profit du plus grand nombre, dans un espace par définition sans frontières physiques (ceci dit, il ne faut pas trop rêver quand même, notre espèce est ainsi faite que les prédateurs ont toujours tendance à vouloir occuper le terrain).

Vous n’êtes pas convaincus, lisez-vous donc The Clue Train Manifesto, le manifeste des évidences en 95 axiomes où la fin du commerce est annoncée, du moins, tel qu’on le connaît aujourd’hui.

« the Internet is unlike the ordinary media used in mass marketing as it enables people to have “human to human” conversations, which have the potential to transform traditional business practices radically.”
Je vous la fais à peu près en français : L’Internet à la différence des médias classiques... rend possible des conversations d’humain à humain, avec le potentiel de transformer radicalement les pratiques commerciales traditionnelles...
Cette réalité est déjà opérationnelle.
(Pour en savoir plus, jetez un oeil sur wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/Cluetrain_Manifesto)

Comme le dit très bien Frédéric-Michel Chevallier sur son blog (www.e-marketing-management.fr), je cite « ... la personnalisation prévaut à nouveau. Le consommateur a déjà pris l’ascendant par rapport au prix. Pour optimiser son pouvoir d’achat et satisfaire ses besoins, il achète "malin" (comparatifs de prix, low cost, hard discount, achat en ligne, ventes privées, etc.). Mais ses exigences vont bien au-delà. Il veut une offre personnalisée et recherche les facteurs de différenciation ».

Dans cet univers, Pareto se meurt et que vive la « longue traîne ». Encore un concept aux effets surprenants dont la courbe de distribution montre comment se transforme la donne commerciale et qui énonce en substance, parlant des marchés culturels : « Arrêtons d’exploiter les quelques Mégatubes au sommet des hit-parades pour gagner des millions. Le futur des marchés culturels réside dans les millions de marchés de niche cachés au fin fond du flux numérique. »

Pour les curieux, je vous invite à suivre le lien ci-après, traduit de l’anglais sur Internetactu.net : http://www.internetactu.net/index.php?p=5911. Je ferai d’ailleurs à ce sujet, un billet tout particulier.

Comment tout cela est-il arrivé et comment cela a t-il été rendu possible ? Peu importe car, au final, c’est arrivé.

Je fais donc la prédiction que dorénavant, il y aura de la place en économie pour tous ceux qui sauront plus que jamais se différencier, se marquer, « se nicher ». Jusque-là rien de nouveau, ce qui le devient, c’est que pour aller plus loin, il va falloir aux entrepreneurs se construire une identité, mais pas n’importe quelle identité : une identité « numérique ».

(Avec mes remerciements à Kty et JFG)

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