Ethanol, chronique d’une catastrophe annoncée

par Incatek
mardi 5 décembre 2006

En choisissant l’éthanol, la France pourrait commettre une grave erreur stratégique et mettre en danger son économie.

Afin d’anticiper la pénurie prochaine de pétrole et de rétablir la balance commerciale, le gouvernement français s’est engagé dans la voie de l’éthanol E-95. S’inspirant du modèle brésilien, ce programme, piloté par Alain Prost, permettra à terme aux automobilistes français de pouvoir rouler à l’éthanol. Si un certain nombre de préoccupations écologiques ont déjà été exprimées sur ce sujet (danger d’une culture intensive, utilisation importante de pesticide,déboisements...) très peu d’analystes ont encore pris la mesure des conséquences économiques et des risques stratégiques de cette ruée vers l’or vert.

Si on considère la balance extérieure, la mise en place de l’éthanol devrait avoir un impact modéré sur les importations de pétrole. L’éthanol n’est en effet présent que dans une certaine proportion dans l’ E-95, la majeure partie étant constituée d’essence. L’éthanol n’a ainsi pas vocation à se substituer complètement au pétrole, mais seulement à le compléter.

L’anticipation par les automobilistes de l’arrivée prochaine sur le marché d’une nouvelle génération de moteurs hybrides a pour conséquence une baisse sensible (- 10% en juillet 2006) du nombre de véhicules neufs vendus. Certains ménages préfèrent actuellement différer leur achat plutôt que de prendre le risque de se retrouver dans quelques mois avec un véhicule désuet et invendable. Face à cette baisse de la demande, les constructeurs français ont réagi immédiatement en réduisant considérablement leurs effectifs salariés.

L’état d’avancement de la recherche et du développement du moteur à hydrogène aux USA devrait permettre prochainement la mise sur le marché américain de véhicules roulant avec cette énergie. Ce projet, qui constituait déjà en 2003 une des cinq priorités du président Georges Bush, mentionnées dans son discours annuel devant la Chambre des représentants, était passé à cette époque complètement inaperçu en Europe. L’hydrogène étant constitué d’une matière première inépuisable (l’eau), il est probable que cette énergie vienne concurrencer rapidement l’éthanol sur notre continent. L’arrivée de cette nouvelle technologie pourrait prendre de vitesse les constructeurs automobiles français incapables, faute de brevets, de pouvoir faire face à cette nouvelle demande. Les conséquence économiques seraient alors désastreuses pour un secteur automobile français engagé dans la mauvaise voie.


Lire l'article complet, et les commentaires