Euro Libéralisation de l’énergie : casse des entreprises publiques et profits massifs pour le Capital ! #EDF

par PRCF
lundi 6 juin 2016

 Depuis plusieurs semaines les grands médias font leur gros titres sur le risque de faillite d’EDF. EDF est en effet confrontée à la fois à l’effondrement des prix de gros de l’électricité mais également à un mur d’investissements provoqué à la fois par l’obligation d’absorption d’AREVA en faillite et de sa dette colossale, des investissements nécessaires sur le parc de centrales nucléaires mais également les investissements à l’étranger au nom du profit et non du service public. La dette d’AREVA est si importante qu’une enquête judiciaire a été ouverte à propos des éventuelles malversations de son ex PDG Anne Lauvergeon. Une patronne qui reste cependant gâtée puisqu’elle continue d’émarger au conseil d’administration de plusieurs entreprises (dont EADS). En outre, EDF doit faire face à la concurrence privée qui grignote des parts de marché, tant chez les particuliers (près de 3 millions de foyers désormais) que dans le domaine industriel.

Faire payer les erreurs stratégiques aux travailleurs de l’énergie tout en versant des dividendes

Pourtant le gouvernement Valls MEDEF a refusé de stopper les investissements risqués dans la construction de réacteurs EPR en Grande Bretagne. Au contraire, EDF s’est engagée dans une violente suppression des effectifs et dans la dégradation des conditions de travail de ses agents (lire ici). Il faut également s’attendre dans ces conditions à une dégradation de la sûreté des centrales électriques (barrages, centrales nucléaires) avec une forte diminution des investissements, et le renforcement de l’exploitation des travailleurs de l’énergie. Avec des prix de l’électricité à la bourse inférieurs aux prix de production le danger de black out mais également à terme d’accident est bel et bien posé.

Pour autant c’est dans ce contexte d’effondrement des prix que le gouvernement en application des ordres de la Commission Européenne a choisi de lancer la privatisation des barrages hydroélectrique. Comme avec les autoroutes et d’autres biens et services publics c’est le peuple français qui va être dépouillé. Rappelons que les barrages hydroélectriques sont le seul moyen d’assurer l’équilibre du réseau c’est à dire la qualité et sûreté d’approvisionnement de tous les consommateurs. Rappelons qu’ils ont été financés par l’ensemble des travailleurs français.

Même causes, mêmes effet en Suisse également soumises aux injonctions de l’UE du Capital puisqu’elle fait partie de l’espace économique européen, la Suisse brade ses barrages hydroélectriques (lire ci après)

A qui profite l’euro libéralisation ? à la classe capitaliste !

Pourquoi y a-t-il baisse des prix de gros de l’électricité ?

Pour trois raisons qui se cumulent. D’une part la baisse du prix du pétrole, du gaz et du charbon a fait baisser le prix de production des centrales allemandes. d’autre part, pour assurer la sécurité d’approvisionnement, les capacités de production sont structurellement excédentaires conduisant nécessairement sur un marché « libre » à la baisse tendancielle des prix. Enfin, la crise structurelle du capitalisme avec la stagnation de la demande d’énergie voire sa baisse tire les prix vers le bas.

Une question qui doit se poser cependant est celle de l’absence de répercussion de l’absence de la baisse des prix alors que les prix payés par le consommateurs eux augmentent. Et donc de savoir qui empoche la différence.

En France, le tarif réglementé de l’énergie est de 15,03 ct le kWh soit de 150 € / MWh. Le 20 mai 2015, sur le marché spot (prix de gros de l’énergie) les prix étaient les suivants :

  • 28,95€ / MWh pour la production de base
  • 30,7 # / MWh pour la production de pointe

Ces tarifs sont représentatifs de la moyenne des tarifs au mois de mai 2016. En 2013 les prix étaient près de 3 fois plus élevés à environ 80€. Depuis l’ouverture à la concurrence du marché et l’ouverture d’une bourse spéculative, à de nombreuses reprises les prix spots ont même été négatifs. Ce qui est évidemment une aberration.Mais qui reflète bien les marges de ceux qui peuvent profiter du différentiel. Sur le marché à terme, moins soumis à fluctuation, les prix sont passés de 42,5 € / MWh en 2013 à moins de 37 € / MWh

Les tarifs d’achats des énergies dites renouvelables (solaires, éoliens) imposés à EDF sont eux très élevés (de l’ordre de 450€ le MWh). Dans ces conditions on comprend mieux qu’une large bulle spéculative est en fait engendrée dans ce domaine. Profitant largement à des intérêts privés.

Au final, en faisant l’hypothèse simplifiée mais réaliste que la part de la production dans le prix final de l’électricité payé par le consommateur serait de 40%, la marge prise qui est le différentiel entre les prix à terme ou sur le marché spot et le tarif réglementé est d’environ 25€ / MWh soit près de de 67% de marge nominale ! Il est temps pour les travailleurs de poser la question de savoir où passe cet argent, leur argent ! et de comprendre que la faillite d’EDF n’est pas une fatalité dont les travailleurs de l’entreprise nationale devraient être les premières victimes. Rappelons que c’est dans ce contexte que l’Europe impose à EDF de changer le nom et de se séparé plus clairement de sa filiale ERDF de distribution de l’énergie.

L’électricité doit être renationalisée : pour une pôle public de l’énergie

Il est significatif de noter que sur la bourse des prix spot EPEX de l’électricité les prix sont différents selon le pays : c’est le résultat d’une réalité matérielle mal connue : l’électricité se transporte mal et ne se stocke pas. La libéralisation ne permet en aucun cas une harmonisation du marché de l’énergie. Elle ne sert que de prétexte pour imposer la privatisation des capacités de productions et des entreprises publiques et permettre ainsi à l’oligarchie capitaliste de faire des profits sur le dos des travailleurs du secteurs, ainsi que sur les consommateurs. Car en France, la nationalisation du secteur des mines et de l’énergie à la libération par le ministre communiste Marcel Paul a écarté de ce juteux marché les profiteurs capitalistes.

Si la nationalisation et le service public EDF-GDF a permis l’équipement du pays, la production d’une électricité sure et peu chère ainsi que l’amélioration des conditions de travail des travailleurs du secteur, la libéralisation et la privatisation c’est la casse de l’outil de production et des droits sociaux, l’augmentation des prix payés par les consommateurs. Les seuls bénéficiaires seront les profiteurs de l’oligarchie capitalistes. Et la fermeture continue des capacités de productions dans un contexte de marché excédentaire diminue chaque jour un plus la fiabilité de la fourniture électrique, augmentant le risque de connaître d’importants problème de coupure à la moindre perturbation, à l’image des graves black out connus aux Etats Unis ou même récemment en Allemagne. Une crue, une tempête, un accident suffira à mettre le réseau par terre.

Que ce soit d’un point de vue technique, économique environnemental ou social, la renationalisation totale du secteur de l’énergie en un monopole public de l’énergie est une nécessité pour notre pays. Une nécessité permettant qui plus est de doter la nation des outils nécessaire pour une réindustrialisation du pays, pour réduire le chômage et pour faire face démocratiquement à la transition énergétique tout en impulsant une dynamique de progrès social. Cette proposition suppose évidemment de sortir de l’Union Européenne, de briser les chaines de cette prison des peuples et de cette arme d’exploitation des travailleurs, une proposition qui figure en bonne place du programme du PRCF.

MP pour www.initiative-communiste.fr


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