Euro moins cher et conséquences

par Laurent Herblay
vendredi 9 janvier 2015

Cela fait 9 ans que le dollar n’a pas été aussi haut par rapport à l’euro, qui est tombé à 1,18 dollar, plus bas encore qu’au pire de la crise de la zone euro en 2010 et en 2012. La monnaie unique européenne n’est presque plus surévaluée, ce qui ne sera pas neutre pour l’économie.

 

Le cours d’une monnaie pour les nuls
 
Dans le zoom éco d’Europe 1, Axel de Tarlé s’est lancé dans un décryptage effarant de qui profiterait de la baisse de l’euro. Dans son monde, les entreprises (exportatrices) seraient les gagnantes : on dit qu’Airbus gagne 1 milliard pour une baisse de 10 cents de l’euro. En revanche, les ménages y perdraient puisque ce que nous importons serait 15% plus cher, Axel de Tarlé évoquant les téléphones et le pétrole, tout comme le tourisme aux Etats-Unis. Dans sa bulle, il confond les classes moyennes avec les quelques pourcents de la population qui peuvent voyager outre-Atlantique. Et ses exemples sont bien mal choisis puisque le prix de l’essence baisse et que le prix des téléphones est stable…
 
C’est ainsi qu’il fait un parallèle ridicule avec les mesures du gouvernement en disant que la baisse de l’euro revient à prendre aux ménages pour donner aux entreprises. D’abord, il oublie que la la majorité de nos importations viennent de la zone euro, où rien ne change. Puis que le pétrole représente un quart du reste et voit son prix baisser. Bref, l’impact de la baisse de l’euro concerne à peine 7 à 8% de la consommation. Ensuite quand nos entreprises vendent plus, elles embauchent plus et peuvent payer un petit peu plus. Bref, les ménages perdent bien moins que suggéré et gagnent aussi, contrairement à ce qu’Axel de Tarlé dit en récitant le catéchisme de soutien à une monnaie chère.
 
Les conséquences de l’euro moins cher

D’ailleurs, le chroniqueur d’Europe 1 avance que cette baisse de la monnaie unique devrait apporter 0,5% de croissance supplémentaire cette année, ce qui n’est pas négligeable puisque cela permettrait d’atteindre l’objectif de 1% de croissance cette année, contre 0,4% en 2014. Cet éventuel supplément de croissance, profiterait un peu à tous. Si il permettait de stopper l’augmentation du chômage, cela représenterait des dizaines de milliers de famille qui échapperaient à la perte d’emploi d’un de leur membre. En soi, c’est une conséquence extrêmement positive. Et historiquement, les périodes de baisse de l’euro correspondent en général à une amélioration du climat économique.

L’un des inconvénients de la baisse de la valeur d’une monnaie est une légère augmentation de l’inflation. Mais ici, ce ne sera pas un problème. D’abord, car cela concerne seulement une minorité des importations puisque cela ne touche pas ce qui vient de la zone euro. Ensuite, la baisse de plus de 50% du prix du baril de pétrole exclut le premier produit importé. Et encore mieux, les quelques dizièmes de pourcentages de hausse de prix supplémentaire peut permettre d’éviter de tomber dans la déflation alors que la hausse des prix tend dangereusement vers le zéro. Bref, on comprend vite que la baisse de l’euro est une excellente nouvelle pour tous, contrairement aux dires d’Axel de Tarlé.
 
Bien sûr, il en faudrait beaucoup pour mettre François Hollande dans une situation où il pourrait être réélu en 2017. Mais le changement des vents monétaires n’est pas neutre pour notre croissance et par ricochet pour son avenir et ils viennent de passer de vents contraires à vents porteurs.

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