Europe, ton sucre fout le camp !

par ÇaDérange
mercredi 21 mars 2007

La culture de la betterave sucrière et la production du sucre a longtemps été une production agricole importante et ceux qui pasaient en voiture à l’automne sur les routes de la Picardie ou des grandes plaines du Nord de la France se souviennent des norias de tracteurs et des routes boueuses que l’on pouvait rencontrer à cette époque aux alentours des sucreries. Longtemps l’Europe et la France ont réussi à conserver les protections et subventions qui permettaient à cette industrie de faire face à la concurrence du sucre de cannes à sucre en provenance d’Amérique latine. Et puis les négociations à l’OMC ont forcé nos gouvernements à supprimer les subventions et barrières qui protégaient agriculteurs et industrie sucrière.La canne à sucre offre l’avantage sur la betterave de ne se replanter que tous les 6 ans,d’être exploitable 200 jours par an contre 100 à la betterave et d’avoir un sous produit, la bagasse, exploitable pour fabriquer de l’electricité.

Est venu se superposer à la production de sucre celle d’éthanol pour inclusion dans les supercarburants dont les deux plus grands producteurs au monde sont les Etats Unis, à partir de maïs, et le Brésil, à partir de la canne à sucre. De sorte que le paysage de l’industrie sucrière et de l’Ethanol a complètement changé et s’est déplacé géographiquement vers ces deux pays.

C’est ainsi que la société de négoce de produits agricoles Louis Dreyfus vient de reprendre les actifs sucriers de la famille Tavares e Melo au Brésil, et se retrouve à la tête de 5 usines de sucre et d’éthanol dans le Nord Ouest et le Centre Ouest du Brésil pour devenir le numero deux de ce secteur. Il est prévu que la capacité de transformation de la canne à sucre passe ainsi à 18.5 millions de tonnes d’içi 2009.

Le Numero 1 du sucre en France,Téreos, issu de la fusion de Beghin-Say et de la coopérative Union SDA,s’est lui aussi implanté au Brésil où il exploite aujourd’hui 200 000 hectares et trois usines à partir desquels il produit 800 000 tonnes de sucre et 1.5 millions d’hectolitres de bioéthanol avec une excellente rentabilité financière. La aussi l’ambition est d’arriver à traiter 18 à 20 millions de tonnes de cannes à sucre d’içi 2010.

C’est ainsi également que le britannique Tate and Lyle , spécialisée dans l’amidon et la production d’alcool alimentaire (800 000 Hectos) et producteur en puissance de bioéthanol, a décidé au contraire de céder son activité sucrière popur se concentrer sur d’autres intérets, en particulier aux Etats Unis.

C’est ainsi que l’Union Européenne a décidé de réduire la production européenne de sucre de 12 pct soit 2 millions de tonnes en moins pour contrer les risques de surproduction.En même temps et dans la même tendance,Saint Louis Sucre a décidé de fermer son usine de raffinage de sucre de Marseille.

GW Bush,par ailleurs, en visite en Amérique latine et au Brésil, veut renforcer la coopération avec le Brésil pour accroitre la production d’éthanol dans le pays avec la vision politique « qu’il vaut mieux importer de l’ethanol du Brésil ami que du pétrole du Venézuela de Chavez ».La moitié des exportations d’éthanol du Brésil vont d’ores et déjà vers les Etats Unis et il est prévu de créer un marché du Bioéthanol au Brésil.

En France, il est prévu que nos producteurs de betteraves et leurs coopératives se lançent dans l’agrandissement de l’usine d’Origny Ste Benoite dans l’Aisne pour produire 3 millions d’hectolitres d’Ethanol. Au total comme vous le voyez, tout bouge dans le monde du sucre et de son dérivé l’éthanol.

A suivre


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