Faire rimer Société Générale avec intérêt général
par bozobe
lundi 23 mars 2009
Militante de droite, je suis complètement d’accord avec l’action du Président de la République vis-à-vis de la Société Générale. Ce week-end, notre réunion des Jeunes Pop’ a beaucoup parlé de ce sujet. Certains de notre groupe étaient contre cette action du président pour des raisons de principe, mais il ne fut pas difficile de les convaincre.
Les stocks-options que se sont données M. Oudéa et M. Bouton sont scandaleuses pour plusieurs raisons. Premièrement, sans l’action de l’état, les banques françaises auraient pu faire faillite. L’état leur a prêté10,5 milliards d’euros avec un taux d’intérêt de 8% par an, ce qui lui permet de gagner presque 1 milliard d’euros par an. La Société Générale a bénéficié de plus d’un milliard d’euro de cette aide publique, il est donc normal que ses patrons se rémunèrent moins que d’habitude. Ils n’ont pas à s’enrichir de façon honteuse avec l’argent du contribuable. Deuxièmement, M. Oudéa, qui est arrivé il y a quelques mois à la tête de la Société Générale, n’a pas encore démontré qu’il a bien réussi à son poste. Certes, la Société Générale a fait un bénéfice de 2 Milliards d’Euros en 2009, a augmenté son dividende, et prévoit un bon résultat en 2010. Mais la messe n’est pas encore dite : attendons encore quelques années pour voir comment cette banque française s’en sortira pour voir l’action de M. Oudéa. Troisièmement, cette banque licencie, notamment dans ses activités de finance de marché et de banque d’investissement. Il n’est pas normal qu’un patron qui détruise des emplois reçoive tant d’argent. Il faut mettre en place des lois qui évitent de rémunérer si fortement les patrons s’ils créent des situations qui licencient des honnêtes travailleurs, et que ceci engendre un coût pour la communauté.
Notre génération se sent trahie, en quelque sorte, par la génération de nos parents. Les stocks-options que se sont donnés M. Oudéa et M. Bouton sont le haut de l’iceberg d’un phénomène plus important : une génération qui s’enrichit sans créer de richesses. Les militants que je fréquente militent pour une République méritocratique et juste, et je trouve que l’action de notre président a été exemplaire vis-à-vis des dirigeants de la Société Générale. Je crois en l’économie de marché et au libéralisme, mais je crois aussi en une République où la justice et la méritocratie sont des valeurs fortes. Les dirigeants de la Société Générale ne seraient plus en place s’ils n’avaient pas reçu l’argent du gouvernement. Nombre d’entre eux doivent d’ailleurs leur réussite à leurs liens avec le gouvernement en place. Mrs. Bouton et Oudéa sont tous les deux issus de la noble caste de l’Inspection des Finances. M. Bouton a été conseiller au cabinet de Maurice Papon, puis directeur de cabinet de Juppé juste avant de devenir président de la Société Générale. M. Oudéa a travaillé au cabinet de Sarkozy en 1993 juste avant de rejoindre la Société Générale. Ces deux exemples montrent que les fondements de notre république sont bafoués si les connexions politiques sont plus importantes que les mérites. Ces deux hommes auraient dû être renvoyé, comme l’a souhaité notre Président, plutôt que de garder leurs postes grassement rémunérés, et alors même que leurs actions sont responsables du mauvais état de l’économie française.
Si l’on renfloue les banques plutôt que de les laisser faire faillite, alors on considère que le travail est d’intérêt général. Si l’on traite les banques comme des outils d’intérêt général, il faut pouvoir les contrôler. Il est donc normal que le Président de la République place ses plus importants collaborateurs au sein des banques françaises.
Mon témoignage peut servir à montrer comment la jeune génération de droite milite pour une répartition plus juste des richesses, pour redonner de la « valeur » au travail, comme l’a annoncé Nicolas Sarkozy pendant sa campagne pour la présidentielle en 2007. Oui, la valeur travail a été bafouée. Nous vivons dans un pays où les mérites ne sont pas reconnus. Les jeunes diplômés de nombreuses facultés et grandes écoles sont gardés longtemps dans des situations précaires, alors qu’ils apportent un travail important aux sociétés pour lesquelles ils travaillent. J’ai travaillé 6 mois au sein d’une grande entreprise de BTP, et j’ai vu à quel point les managers s’appuyaient sur les stagiaires issus des écoles d’ingénieurs, alors que nous étions payés moins que le SMIC. Alors, messieurs les dirigeants, il est temps de faire rimer Société Générale avec intérêt général.