Faut-il augmenter le taux du livret A : l’avis de Keynes ?

par Aimé FAY
samedi 14 janvier 2012

John Maynard Keynes (1883-1946), le père de l'économie moderne et plus précisément de la macroéconomie, qui a consacré toute sa vie de travail aux thèmes de l'emploi, de l'intérêt, de la monnaie… et bien sûr de l'épargne, disait, en parlant de l'économie anglaise de 1931 :

"Toutes les fois que vous économisez 5 shillings, vous privez un homme de travail pendant une journée. En épargnant ces 5 shillings, vous contribuez au chômage à raison d'un homme par jour, et ainsi de suite dans cette proportion. Par contre, toutes les fois que vous achetez des marchandises vous contribuez à multiplier les emplois offerts aux travailleurs, avec cette réserve que les marchandises achetées doivent être britanniques et fabriquées ici si vous tenez à améliorer la situation dans ce pays. Tout compte fait, ce n'est rien là que le bon sens le plus élémentaire.
 
En effet, si vous achetez des marchandises, il faut bien que quelqu'un les produise. Et si vous n'en achetez pas, les détaillants ne pourront venir à bout de leurs stocks, ils ne renouvelleront pas leurs commandes, et quelqu'un d'autre perdra son travail.
 
Or donc, vous, [...] plein de patriotisme, élancez-vous dans les rues demain dès la première heure et rendez-vous à ces mirifiques soldes que la publicité nous vante partout. Vous ferez de bonnes affaires [...]. [...]. Et offrez-vous, par-dessus le marché, la joie de donner plus de travail à vos compatriotes, d'ajouter à la richesse du pays en remettant en marche des activités utiles, et de donner une chance et un espoir au Lancashire, au Yorkshire et à Belfast. [...].
 
Car ce qu'il nous faut maintenant, c'est non pas nous serrer la ceinture, mais nous mettre en humeur de ranimer expansion et activité ; ce qu'il nous faut, c'est agir, acheter des choses, créer des choses. Tout cela est le bon sens le plus évident assurément. En effet, prenons le cas limite. Supposez que nous allions économiser la totalité de nos revenus [...]. Et bien, tout le monde serait au chômage. Et avant longtemps nous n'aurions plus rien à dépenser. Personne ne serait plus riche d'un sou et, pour finir, il ne nous resterait plus qu'à mourir de faim [...]. [...].
 
Retenez ensuite que le mal est à l'échelle de la planète (nous étions en 1931 (note de A. Fay)) et que nous ne pouvons le guérir par nos propres moyens et, en troisième lieu, que nous pouvons quand même faire quelque chose indépendamment des autres pays et que ce quelque chose doit se traduire par de l'activité, des dépenses et le lancement de grandes entreprises (celles de demain, c'est-à-dire celles d'une économie sociale, écologique et concurrentielle (note de A. Fay))."
 
Mesdames et messieurs les prétendants au trône de France, en mai 2012, prenez de la graine chez cet Anglais… que beaucoup d'entre vous, beaux parleurs et forts en promesses plutôt que connaisseurs de quelques notions d'économie de base, n'ont jamais lu la moindre de ses lignes. A part, François Hollande durant ses longues études d'économie…
 
Quant à l'indexation du livret A sur l'indice des prix à la consommation, Keynes aurait certainement préconisé qu'on limite l'indexation de l'épargne réglementée à la seule et unique épargne populaire. Celle des classes vraiment, vraiment populaires… pas plus !
 
 
N.B : en novembre 2011, il y a donc à peine 3 mois, la Banque de France recensait 549,478 milliards d'euros en comptes sur livrets, tous livrets confondus. Ce montant, gigantesque, aurait forcément posé question à Keynes… qui aurait tout fait pour qu'il aille à la consommation, non aux bas de laine.

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