Faut-il avoir peur du rapprochement ANPE-Unedic ?

par cambacérès
vendredi 5 octobre 2007

On en parle depuis si lontemps... Faut-il vraiment avoir peur du rapprochement ANPE-Unedic, alors que tout y invite, et que tout le suggère : intérêts des demandeurs d’emploi, meilleur service aux employeurs et valorisation des missions du personnel ?

Les grands axes de l’action du quinquennat pour la refondation de notre pacte social ont été fixés clairement le 18 septembre par Monsieur le président de la République : la vivacité du débat ouvert est à la mesure des blocages qu’ils confirment et des conforts qu’ils dérangent.

Or l’essoufflement de notre compétitivité et l’ampleur croissante de nos dépenses de protection sociale ne peuvent plus prospérer comme depuis soixante ans, sur un pacte noué essentiellement autour de préoccupations liées à la maladie et au retrait d’activité.

A bien y réfléchir, ce modèle social apparaît même débilitant et démotivant à long terme - au point qu’il n’est pas abusif de lui imputer une part de responsabilité réelle dans le sentiment de déclin plus ou moins fondé auquel le pays se prête depuis trop années, et en tout cas dans notre incapacité à combattre les déficits.

C’est, au contraire - et prioritairement - autour du progrès de l’activité, des compétences, et de l’emploi qu’il faut refonder notre pacte social.

Rapprochement/fusion à brève échéance de l’ANPE et des Assedic, autonomie financière de l’Unedic et gel temporaire du développement des Maisons de l’emploi sont les grands axes des propositions du gouvernement pour la mise au niveau des standards européens des composantes actuelles du service public de l’emploi, au plan institutionnel comme au plan des normes d’activité.

Félicitons-nous de cette première étape, sans toutefois perdre de vue ce qui reste la clé d’un succès de fond contre cette curieuse exception française qui veut qu’en matière de lutte contre le chômage on mène séparément action sur l’emploi et action pour la formation alors qu’il serait bon de globaliser dans une même problématique et avec des outils communs les moyens d’une action efficace contre le chômage par une gestion combinée des problèmes d’emploi et de qualification.

L’Etat ne peut se désintéresser, pour la compétitivité même de notre économie, des situations de pénurie d’emploi et de compétences qui caractérisent le marché du travail depuis des décennies, quel que soit le rythme d’une croissance qui, d’ailleurs, en pâtit du même coup - tout spécialement lorsqu’elle est faible, et que l’embauche, rare, est primordiale pour le carnet de commandes de l’entreprise.

Situation de tension quasi chronique qui affecte qualifications et main-d’œuvre, et qui n’est pas sans rappeler celle, qui après-guerre, a conduit, dans d’autres domaines, à la création d’outils d’intervention destinés à redonner au pays stabilité et indépendance, - énergétique, économique et alimentaire.

A la faveur du rapprochement ANPE-Unedic, l’Etat pourrait ainsi redéployer et concentrer rapidement son dispositif autour de la création d’un établissement public d’intervention régionalisé, de quelques centaines d’agents publics seulement, après cette fusion que le bon sens impose et dont la régionalisation permet d’envisager la mise en place, au plus près des responsables, des acteurs et des usagers concernés.

Sur le modèle de l’Acofa, dans le secteur des offices du domaine agro-alimentaire, une structure de gestion séparée pourrait porter le rapprochement au quotidien des ressources humaines et des statuts différents des personnels concernés par cette fusion/régionalisation.

L’intérêt collectif et les moyens d’une lutte plus efficace contre le chômage priment évidemment sur les intérêts spécifiques des agents concernés, qui ont du reste, et contrairement aux idées reçues, beaucoup à gagner d’un tel rapprochement, sur le plan professionnel et social.

Les hostilités qu’il suscite en termes de garanties statutaires et d’emploi sont choquantes au regard d’une mission essentiellement tournée vers ceux qui en sont privés : alors qu’ils promettent une forte mobilisation contre ce projet de fusion les syndicats de l’ANPE devraient réaliser qu’ils ne sont pas suivis par l’opinion.

Puisqu’il n’est pas certain que les partenaires sociaux parviennent spontanément, au niveau de réforme nécessaire, l’Etat et le législateur auront peut-être à peser prochainement de tout leur poids pour amener le marché du travail de ce pays au niveau de modernité voulu.

Puisse la réforme du marché du travail prendre enfin le chemin d’une approche articulée où emploi et formation professionnelle ont nécessairement partie liée.


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