Faut-il lire : Tous ruinés dans dix ans ? de Jacques Attali ?

par Yann Savidan
mercredi 7 juillet 2010

La période estivale est propice aux lectures faciles - même l’Équipe fait partie de mes matinées. Plonger dans Tous ruinés dans dix ans de Jacques Attali relève d’un courage à toute épreuve. Vouloir et pouvoir affronter les cinglantes vérités de ce brillant économiste demande une dose de capacité à retourner vers le futile le plus rapidement possible.

Lorsque l’on découvre le personnage, l’on peut émettre deux hypothèses :

- Jacques Attali est d’un naturel très pessimiste et ce depuis sa plus tendre enfance.

- Jacques Attali est un économiste visionnaire qui ose exposer pleinement les prospectives les plus fatalistes qui guettent notre civilisation.

Après lecture de son dernier ouvrage, j’ai tendance à penser que l’homme se retrouve dans ces deux traits.

Je lui accorde par ailleurs un crédit supplémentaire puisqu’il est également pianiste et auteur de chansons [il a notamment écrit pour Barbara], ce qui signifie à mes yeux qu’il est n’est pas seulement qu’un cartésien obtus, naviguant exclusivement dans les méandres des graphiques économistes mais sait aussi être artiste à ses heures.

Peu féru de lectures sur l’économie, j’avoue avoir été séduit par le livre de Jacques Attali. L’auteur sait y mettre une dimension andragogique qui rassure le lecteur dès les premières pages. C’est au fil des chapitres que l’angoisse monte. Crescendo, certes mais hélas pas, ma non troppo. 

La dette est le fil rouge et ces quelques lignes me donnent le vertige  [...]En 2010 la France est le plus grand emprunteur d’Europe (avec 454 milliards d’euros), avant l’Italie et l’Allemagne. [...⎤En France, la dette représente 83% du PIB et 535% des revenus fiscaux. [...] Après 2010, la situation ne va pas s’arranger : les dépenses publiques en Europe vont encore augmenter massivement...[...] Si la tendance actuelle n’est pas rapidement inversée, une crise majeure s’annonce en effet : l’État français pourrait se révéler un jour - plus proche qu’on ne croit - incapable de financer le fonctionnement normal de ses services publics les plus fondamentaux[...].

Si ce constat n’était que politique, l’on imagine fort bien qu’avec les échéances présidentielles de 2012, les tendances pourrait basculer et même s’améliorer. C’est à cet endroit que Jacques Attali me plombe un peu le moral pour les années qui viennent au total si un coup d’arrêt n’est pas donné en France dès 2011, à la montée de la dette publique, le prochain président de la République ne pourra rien faire d’autre, pendant tout son mandat, que mener une politique d’austérité...

Je sais qu’en publiant ce billet quelques lecteurs vont me maudire et me dire que je concours à la diffusion du pessimisme attalien et que j’aurai dû faire un billet matinal comme Du cul bordel ! Où le désarroi du blogueur, beaucoup plus drôle et moins inquiétant. Mais Jacques Attali est comme cela. Son pessimisme est viral. Cela dit, je ne vais me jeter sous le premier train, je ne vais pas non plus me saouler dès les premières lueurs de l’aube, je vais juste devenir de plus en plus lucide et croire de moins en moins à certaines sirènes qui voudraient me faire penser que demain sera radieux.

Lire Tous ruinés dans dix ans de Jacques Attali c’est juste regarder la réalité dans les yeux et sortir la tête du sable et tant mieux si Attali se trompe...


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