Fête de la bière à Casablanca : Derrière la fumée du buzz le feu de la crise

par Abdelkarim Chankou
mardi 6 octobre 2015

Passer un message de détresse à la chambre des conseillers nouvellement élue pour que le lobby concerné y siégeant fasse pression sur les pouvoirs publics pour modérer leur politique de taxation continue des alcools en général et les bières en particuliers.

Scène dans un bar à Casablanca

Pari gagné pour la Société Brasseries du Maroc (SBM). Le brasseur qui ne mentionne nulle part sur son site internet le prétendu Premier festival de la bière à Casablanca, annoncé du 8 octobre (la veille de l’ouverture de la session parlementaire d’automne par le Roi) au 8 novembre, a fait d’une bière trois coups sans que cette méga pub ne lui coûte un seul centime !

1- Relancer son activité « bières » en chute libre depuis deux années consécutives (-7 % en 2013, -5,4 % en 2014), à cause notamment de la conjonction de plusieurs effets négatifs dont la décision en 2012 des hypermarchés Marjane de fermer leurs rayons alcools ; le fait que le mois de ramadan où les bars et les commerces d’alcools ferment pendant 40 jours tombe ces dernières années en période estivale (haute saison touristique) ; la hausse de la Taxe intérieure sur la consommation qui est passée entre 2010 et 2014 de 550 dirhams à 900 dirhams par hectolitre de bière vendu alors que pouvoir d’achat des Marocains ne cesse de dégringoler ; l’importation de marques étrangères de bière de Hollande, Espagne et Portugal qui sont moins chères et de bonne qualité ; la montée de la contrebande d’alcools et last but not least la guerre que livrent les services de police aux revendeurs clandestins (El garraba) ainsi que la fermeture de plus en plus fréquente d’épiceries à alcools pour des raisons religieuses, familiales ou liées à des différends entre les héritiers sans oublier la prolifération des cafés à narguilé (chicha) qui permettent aux jeunes d’en faire des haschich-shops déguisés en mélangeant le cannabis avec le tabac à narguilé dont les fortes arômes fruitées camouflent l’odeur caractéristique de la marijuana ;

2- Passer un message de détresse à la chambre des conseillers nouvellement élue pour que le lobby concerné y siégeant fasse pression sur les pouvoirs publics pour modérer leur politique de taxation continue des alcools en général et les bières en particuliers ;

3- Embarrasser le parti de justice et du développement (islamiste au pouvoir depuis 2011) qui vient de prendre la mairie de Casablanca. Là aussi pari gagné pour SBM : le nouveau maire Abdelaziz El Omari qui est aussi ministre en charge des relations avec le parlement et la société est resté curieusement silencieux sur cet événement « satanique » ; c’est la wilaya (super-préfecture) qui via un communiqué, adressé à SBM, a annoncé l’interdiction dudit festival sur lequel le ministre du Tourisme Lahcen Haddad (Parti berbériste du Mouvement Populaire) est resté neutre, une neutralité qui en dit long sur l’embarras voire l’incohérence des autorités face à une telle initiative. Surtout que ce ministre ne cache pas son refus de toute interdiction de vente d’alcool au Maroc.

Mission accomplie pour SBM. A boire et fissa !

http://chankou.over-blog.com/2015/10/fete-de-la-biere-a-casablanca-derriere-la-fumee-du-buzz-le-feu-de-la-crise.html


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