Fillon gronde les banquiers !
par Antoine Vielliard (Saint-Julien-en-Genevois)
vendredi 7 août 2009
Fillon va gronder les banquiers.. plutôt que de rédiger des projets de lois pour encadrer les rémunération dans les banques.
La frénésie des bonus des traders reprend de plus belle. Des montants de bonus pour quelques traders supérieurs aux bénéfices mondiaux réalisés par des banques internationales. Des montants de bonus qui pour quelques banques dépassent le montant de l’aide alimentaires décidée au G8. Des bonus extravagants même dans des établissements qui accumulent des pertes colossales.
Les banques ont-elles tort ? Moralement et politiquement oui, légalement et économiquement non. Elles remplissent leur objet social dans le cadre d’un marché que les Gouvernements ne régulent pas. Des traders performants quittent leur employeur qui ne leur a accordé qu’un million de bonus… pour un autre employeur qui lui en garantit trois fois plus ! Faute de lois qui régulent les rémunérations, les banques sont contraintes à la surenchère.
Faute de loi, les employeurs les moins pervers sont pénalisés par le départ de leurs meilleurs collaborateurs au profit des employeurs les plus pervers. L’absence de loi encourage le vice de bonus excessifs.
Il est immoral de rémunérer autant des traders dont la contribution à l’économie est discutable. Mais la loi l’encourage en ne l’interdisant pas. Ces bonus soulignent l’incapacité des dirigeants politiques à imposer des lois qui régulent ces rémunérations. Des lois qui s’imposent à tous les concurrents et pas seulement à ceux qui sont aidés par l’Etat.
Il revient à la loi de l’encadrer. L’Union Européenne est un cadre suffisamment large pour imposer ces nouvelles régulations. Il manque simplement de la volonté politique.
Plusieurs solutions sont possibles :
1) fixer par la loi des plafonds de rémunération variable afin que la surenchère sur les bonus entre banques et société de trading s’arrête une bonne fois pour toute. Paradoxalement, ces lois existent. Elles interdisent que la rémunération variable soit supérieure à la rémunération fixe. Ces lois ne sont pas appliquées aujourd’hui. Elles doivent l’être.
2) Rémunérer seulement la performance durable. Les traders prennent de plus en plus de risques : s’ils gagnent, ils touchent des bonus considérables, en revanche s’ils perdent, ils peuvent éventuellement perdre leur emploi mais pas le bonus de l’année précédente. Une telle rémunération variable doit se faire à la hausse comme à la baisse. Pour cela, elle doit se faire sur une performance durable sur plusieurs années afin de prendre en compte autant les hausses que les baisses.
3) Enfin, les exigences de ratio de solvabilité des sociétés qui s’engagent dans les activités de trading doivent être considérablement augmentées. Le coût du capital doit être dissuasif. La collectivité ne peut plus prendre aucun risque systémique avec les activités de trading. La régulation du trading doit être telle qu’elle doit limiter les montants échangés à un niveau cohérent avec l’activité économique réelle. Le trading n’a de valeur ajoutée économique que s’il se fait sur des anticipations de l’économie réelle et pas sur des anticipations d’anticipations purement financières..
Le Gouvernement français pourrait très bien faire un projet de loi qui encadre strictement les rémunérations des traders. En ne le faisant pas, le Gouvernement souligne son incompétence et la soumission de l’UMP aux milieux financiers qui la financent et la soutiennent. Il préfère au contraire convoquer les banquiers pour les « gronder » en privé. Une réunion qui n’aura qu’un impact sur l’image et la communication de l’UMP mais ne changera rien à la surenchère que devront se faire les banques faute de régulation.
Nous avons besoin d’un Gouvernement et d’un exécutif qui communique un peu moins et agisse un peu plus.