Finance islamique : la France veut rattraper son retard
par Al-Kanz
mercredi 16 juillet 2008
Finance islamique. Alors que la Société générale a pris les devants en proposant aux particuliers des placements financiers en accord avec les exigences de la finance islamique, Paris est décidé à rattraper son retard par rapport à Londres. Après Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat, c’est au tour de Christine Lagarde elle-même de dire sa volonté de favoriser les prêts islamiques en France.
Je t’aime, moi non plus
Dans la vie, il est des mariages d’amour et des mariages de raison. Il faut croire que les noces à venir entre la finance islamique et la France relèvent du second cas. Alors que la City (Londres) s’est imposée en matière de finance islamique au point d’en devenir la référence européenne, la France se réveille tout juste. Il faut dire qu’elle n’a pas vraiment le choix : soit elle se décide à adapter son économie aux réalités internationales et nationales, soit elle laisse le champ libre à d’autres.
C’est précisément ce pragmatisme qui a amené en mai dernier le Sénat à organiser une table ronde autour de la finance islamique : il s’agissait pour la commission des finances d’”apprécier l’opportunité et les modalités pour la France de s’insérer sur ce marché en plein essor” (communiqué de presse de Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat). Et de discuter des bienfaits à venir de la charia, si décriée par ailleurs, sur l’économie française.
Avec ou sans la France
Si beaucoup d’établissements financiers rechignent encore un peu à croquer dans l’énorme gâteau que représente la finance islamique, ce n’est certes pas par désintérêt. Tous craignent un retour de bâton. L’islam politico-médiatique, celui qui fait notamment les choux gras de nombre d’organes de presse, n’incite guère à la sympathie. On peut comprendre dès lors qu’une banque rechigne quelque peu à être associée à ce qui révulse régulièrement la ménagère de moins de 50 ans.
Cela dit, la chose est inéluctable : face à la vitalité insolente de la finance islamique, tous les verrous freinant le développement de ce nouveau marché sautent un à un. D’aucuns ne s’y sont pas trompés. D’où cette annonce aujourd’hui du président de l’association Paris Europlace, Gérard Mestrallet, selon qui des mesures fiscales sont en cours. Il faut en effet préciser que, au-delà de la frilosité relative à tout ce qui a trait - à tort ou à raison - à l’islam, c’est la législation française qui rend difficile le développement dans l’Hexagone de la finance islamique. Mais plus pour longtemps. Sauf à vouloir rester sur le carreau et laisser d’autres profiter de l’aubaine.