Finances : des économistes européens s’attaquent (enfin !!) au cœur du problème

par sisyphe
jeudi 27 mars 2008

Des économistes européens lancent un appel pour une régulation orchestrée par les Etats et l’abrogation de l’article du traité de Lisbonne sur la libre circulation des capitaux. Pour mettre fin à la déréglementation, responsable de la crise actuelle.

Je ne me fais, ici, que le relais d’un texte, qui est en même temps une pétition, publié aujourd’hui dans divers organes de presse européens, rédigé par un ensemble d’économistes européens, qui s’attaque enfin aux causes des problèmes du monde contemporain, liés à l’ultralibéralisme, ses crises, ses ravages, ses dégâts humains et sociétaux.

A chacun, en conscience, d’y donner le plus large écho, tant vitale est l’urgence d’agir, enfin, au niveau international, pour mettre fin à l’écrasante et hallucinante domination des intérêts du monde de la finance sur celui des citoyens.

Voici ce texte, et les liens pour la pétition :

Spéculation et crises : ça suffit !

Des économistes européens lancent un appel pour une régulation orchestrée par les Etats et l’abrogation de l’article du traité de Lisbonne sur la libre circulation des capitaux. Pour mettre fin à la déréglementation, responsable de la crise actuelle.

La finance déréglementée détruit les sociétés. Silencieusement, au quotidien, quand les actionnaires pressurent les entreprises, c’est-à-dire les salariés, pour en extraire davantage de rentabilité, au Nord comme au Sud. A grand spectacle et avec fracas dans les crises aiguës où se révèlent brutalement les invraisemblables excès de la cupidité spéculative et leur contrecoup sur l’activité et l’emploi. Chômage, précarisation, accroissement des inégalités : les salariés et les plus pauvres sont voués à faire les frais soit de la spéculation, soit des nuisances du krach qui s’ensuit.

Depuis deux décennies, le cours de la finance mondiale n’est qu’une longue suite de crises : 1987, krach boursier ; 1990, crise immobilière aux Etats-Unis, en Europe et au Japon ; 1994, krach obligataire américain ; 1997 et 1998, crise financière internationale ; 2000-2002, krach internet ; 2007-2008 enfin, crise immobilière et peut-être crise financière globale.

Pourquoi une telle répétition ? Parce que toutes les entraves à la circulation des capitaux et à « l’innovation » financière ont été abolies. Quant aux banques centrales qui ont laissé enfler la bulle, elles n’ont plus d’autres choix que de se précipiter au secours des banques et des fonds spéculatifs en mal de liquidités.

Nous n’attendrons pas la prochaine crise sans rien faire et ne supporterons pas plus longtemps les extravagantes inégalités que la finance de marché fait prospérer ni les dangers qu’elle fait courir à tous. Parce que l’instabilité est intrinsèque à la déréglementation financière, comment les dérisoires appels à la « transparence » et à la « moralisation » pourraient-ils y changer quoi que ce soit - et empêcher que les mêmes causes, de nouveau, produisent les mêmes effets ? Y mettre un terme suppose d’intervenir au cœur du « jeu », c’est-à-dire d’en transformer radicalement les structures. Or, au sein de l’Union européenne, toute transformation se heurte à l’invraisemblable protection que les traités ont cru bon d’accorder au capital financier.

C’est pourquoi nous, citoyens européens, demandons l’abrogation de l’article 56 du Traité de Lisbonne, qui, interdisant toute restriction à ses mouvements, offre au capital financier les conditions de son emprise écrasante sur la société. Et nous demandons également que soit restreinte la « liberté d’établissement » (art. 48) qui laisse opportunément au capital la possibilité de se rendre là où les conditions lui sont le plus favorables, et permettrait ici aux institutions financières de trouver asile à la City de Londres ou ailleurs.

Si par « liberté » il faut entendre celle des puissances dominantes, aujourd’hui incarnées dans la finance, d’asservir le reste de la société, disons immédiatement que nous n’en voulons pas. Nous préférons celle des peuples à vivre hors de la servitude de la rentabilité financière.

Cette pétition paraît simultanément jeudi 27 mars dans les médias suivants :
L’Humanité, Le Monde diplomatique, Politis, Là-bas si j’y suis, Flamman (Suède), Trybuna Robotnicza (Pologne), Publico (Espagne), Il Manifesto (Italie), Die Tageszeitung (Allemagne).

Elle dispose d’un site web www.stop-finance.org (opérationnel à partir d’aujourd’hui)

Les premiers signataires (par ordre alphabétique) :

Elmar ALTVATER (Allemagne)
Philippe ARESTIS (Royaume-Uni)
Geneviève AZAM (France)
Riccardo BELLOFIORE (Italie)
Robin BLACKBURN (Royaume-Uni)
Jérôme BOURDIEU (France)
Mireille BRUYERE (France)
Alain CAILLE (France)
Claude CALAME (Suisse)
François CHESNAIS (France)
John CHRISTENSEN (Royaume-Uni)
Christian COMELIAU (France)
Laurent CORDONNIER (France)
Jacques COSSART (France)
Thomas COUTROT (France)
Renato DI RUZZA (France)
Gérard DUMENIL (France)
Miren ETXEZARRETA (Espagne)
Marica FRANGAKIS (Grèce)
Jean GADREY (France)
Susan GEORGE (France)
Robert GUTTMANN (Etats-Unis)
Bernard GUIBERT (France)
John GRAHL (Royaume-Uni)
Jean-Marie HARRIBEY (France)
Michel HUSSON (France)
Pauline HYME (France)
Esther JEFFERS (France)
Isaac JOSHUA (France)
Matthieu LEIMGRUBER (Suisse)
Frédéric LORDON (France)
Birgit MAHNKOPF (Allemagne)
Jacques MAZIER (France)
Sabine MONTAGNE (France)
François MORIN (France)
Ramine MOTAMED-NEJAD (France)
André ORLEAN (France)
René PASSET (France)
Dominique PLIHON (France)
Christophe RAMAUX (France)
Gilles RAVEAUD (France)
Catherine SAMARY (France)
Jacques SAPIR (France)
Claude SERFATI (France)
Henri STERDYNIAK (France)
Daniel TANURO (Belgique)
Hélène TORDJMAN (France)
Eric TOUSSAINT (Belgique)
Stéphanie TREILLET (France)
Peter WAHL (Allemagne)
Frieder Otto WOLF (Allemagne)

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