Formation à l’économie : aux armes citoyens !
par Aimé FAY
mardi 20 mars 2007
La formation en général et celle de l’économie en particulier sont un des défis du XXIe siècle. Pour notre pays naturellement mais aussi pour la planète entière. La concurrence sera terrible. Nos enfants sont-ils avertis de cela ?
Faire de l’individu un vrai citoyen et un homme à l’esprit entrepreneurial, c’est d’abord et avant tout mettre l’enseignement de l’économie au centre du dispositif scolaire.
Est-il normal que nos programmes éducatifs bourrent nos enfants de nombreux patois régionaux, de latin, de grec, de chimie, des guerres et de leurs célèbres histoires mais ... pas du tout d’économie ?
Est-il normal que l’on sorte de la prestigieuse section "S", celle qui est censée former les élites du pays, les futurs dirigeants, sans avoir jamais appris une once d’économie ? C’est ce que nos amis américains appellent le "french paradox", parmi de nombreux autres paradoxes !
Est-il normal que les professeurs d’économie en section "ES" n’aient jamais mis les pieds dans une entreprise et qu’ils enseignent ensuite la place des facteurs "production", "capital technique" et "travail" dans l’économie du pays ?
Serait-il donc si compliquer à enseigner, dès le primaire, que pour fabriquer des crayons il faut des machines ainsi que des femmes et des hommes pour les faire fonctionner ? Que, pour vendre ces crayons il faut que des personnes en aient besoin et veuillent les acheter ? Que pour les acheter, il faut de l’argent ? Que pour avoir de l’argent, c’est-à-dire un revenu, il faut travailler ? Que, si personne n’achète ces crayons, il faut voir pourquoi et éventuellement les fabriquer moins chers ou bien peut-être il convient de fabriquer autre chose ? Etc.
Soyons cohérents. Mettre la science économique au centre de notre dispositif de formation paraître une idée frapper au coin du plus simple des bons sens. C’est aussi l’un des moyens pour mettre sur le marché de l’emploi des citoyens ayant une bonne intelligence économique. En fait, c’est mettre à la disposition des entreprises des citoyens mieux former, plus agiles intellectuellement et donc par construction, plus compétitifs, plus concurrentiels et, in fine, plus durablement employables.
Nous qui voulons innover, commençons par innover en matière d’éducation. Dépoussiérons nos programmes de tout ce qui n’est pas strictement utile. De tout le superflu que l’on peut apprendre ultérieurement. L’enjeu est de taille. C’est peut-être notre survie dans un monde où l’intelligence économie, au niveau mondial, va faire un bond jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Cela se passe aujourd’hui, aux premières heures de demain au plus tard. Les rouleaux compresseurs asiatiques et indiens sont en marche. Ils n’ont derrière eux aucun poids du passé en la matière. C’est la feuille blanche. Pour eux tout est possible. Ils ont pour exemples éducatifs ce que les pays développés ont fait hier. Ils savent ce qu’il ne faut pas faire. Ils voudront faire mieux. Ils commencent déjà. De nombreux mégacentres de recherches chinois voient le jour ainsi que de nouvelles écoles qui enseignent dès le collège qu’elle sera la place de la Chine dans le concert du business mondial. L’Inde forme chaque année un demi-millions d’ingénieurs, soit quinze fois plus que la France et quatre fois plus que toute l’Union européenne !
Aux armes citoyennes ! Prenons le taureau de l’Education nationale par les cornes. Il est rétif, mais il n’est pas trop tard. La France et les pays occidentaux ne doivent pas oublier qu’ils possèdent une courbe d’apprentissage fabuleuse en matière d’éduction. Il suffit pour cela de prendre dès aujourd’hui les bonnes décisions. Imposons aux candidats à la présidentielle, la promesse qu’ils feront de l’enseignement en général et de celui de l’économie tout particulièrement, l’une de leurs priorités majeures. Beaucoup d’entres eux ont d’ailleurs été ministres, plus ou moins prestigieux, de notre Education nationale. Ils doivent pouvoir être clairs sur l’expression de leurs premières mesures en l’espèce car, ce que l’on connaît bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément et surtout, de manière compréhensible.
Faire l’impasse sur l’enseignement de l’économie, dès le plus jeune âge, serait une catastrophe annoncée.
Alors, au travail pour l’avenir de nos enfants. Pour l’avenir de notre pays et celui de l’Union européenne, notamment !