Free part en croisade contre la publicité, pour un web sans pub... ni sites

par loupette45
vendredi 4 janvier 2013

Depuis l'annonce de l'opérateur Free de bloquer systématiquement les publicités sur les sites visités par ses clients, il y a quelques heures, le FAI croule sous des tombereaux de reproches, les plus cinglants émanant sans-doute des éditorialistes eux-mêmes. On peut le comprendre. Ces derniers voient dans cette décision, prise pour taquiner le géant Google, une sérieuse menace, puisqu'elle saccage tout bonnement les bases du modèle économique sur lequel repose leurs médias. Pour la faire courte, si la pub n'apparait plus sur les sites, ces sites sont, à terme, condamnés à glisser la clé sous la porte, n'ayant plus les moyens de se financer. 

Tout a commencé jeudi 3 décembre, avec l'activation par Free d'un nouveau dispositif sur sa Freebox, prévu pour bloquer l'ensemble des publicités sur internet. Si ce dispositif, installé par défaut, empêche tout ordinateur, tablette ou smartphone d'accéder à du contenu publicitaire en se connectant par le biais d'une Freebox, il est toutefois possible de le désactiver en exécutant une petite manipulation. Si tant est qu'on y pense et qu'on en ait l'envie...

De nombreuses extensions, comme Adblock, permettent déjà de réduire considérablement la présence des publicités sur le web, sans que personne n'y trouve rien à redire. C'est que leur utilisation reste malgré tout réduite, et part d'un choix délibéré de l'internaute. Si la décision de Free a provoqué un tel tollé, c'est que son application, de fait, concerne tous les clients du FAI. Le choix n'est plus ici donné de l'activer, mais de désactiver ce blocage. Un point de détail sur le papier, pourtant ce retournement du schéma admis risque de provoquer de sérieux dégâts dans les mois à venir, s'il venait à perdurer.

Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'une majorité d'internautes n'est pas sensibilisé au rôle clé de la publicité sur le net. Par-ailleurs, si d'aventure ces internautes remarquent le changement, il y a fort à parier qu'ils le vivent comme une amélioration de leur confort de navigation, la publicité étant souvent vécue comme intrusive, voire polluante. Internet, zone encore largement sauvage, où l'on est parfois tenté d'agir inconséquemment, devra donc devenir le théâtre d'un engagement civique et responsable sans précédent, si l'on souhaite que les possesseurs d'une Freebox décochent tous cette fonctionnalité délétère.

Pas dupe, Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'économie numérique a ainsi affiché sur Twitter son souhait d'opter plutôt pour une désactivation par défaut : " Peu fan de la pub intrusive, mais favorable à une solution du type no opt out par défaut. A discuter avec les éditeurs et Free." On souhaite qu'elle soit entendue et parvienne à ramener Xavier Niel à la raison ou, si la chose s'avère impossible, que l'Autorité de la concurrence vienne sanctionner cette hérésie 2.0.

 


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