Fuites dans les canalisations d’eau : pourquoi c’est rentable
par Herve.C
vendredi 4 avril 2014
C’est une étude choc que viennent de livrer France Libertés et 60 millions de consommateurs : plus d’un litre sur cinq qui transite dans les canalisations s’évapore dans les fuites.
L’objectif, fixé dès 2010 par le Grenelle de l’environnement d’arriver en dessous d’un taux de fuite de 15% n’est atteint que dans une ville sur trois. Dans un quart des préfectures ces fuites d’eau dépassent même les 25%, pour atteindre des pics records à Digne les Bains (54%), Bar le Duc (46%) Nîmes (37%) ou Evreux (36%).
Les fuites sont rentables
Dans ce contexte, comment expliquer la passivité des gestionnaires d’eau ? Interrogé par le site goodplanet.info, un des représentants de la fédération des professionnels de l’eau, après avoir mis en cause un prix de l’eau trop bas à ses yeux, a l’honnêteté de donner une explication réaliste : « Cela coûte plus cher d’éviter des fuites que de produire de l’eau ».
Et pour cause, puisque chaque litre d’eau perdu dans les fuites est facturé aux consommateurs ! Selon nos calculs, ces 1 300 milliards de litres d’eau facturés en moyenne 0,34 euros par litre, équivaudraient à une surfacturation de 382 millions d’euros sur les factures des consommateurs ! Personne n’a donc intérêt, tant du côté public que du côté privé, a réparé des fuites qui sont synonymes de manne financière, elles représentent 25% du chiffre d’affaires des distributeurs d’eau !
Le vieillissement du réseau menace la qualité de l’eau
Mais au delà du risque qui pèse sur la ressource – peut-on continuer à gaspiller 25% de notre eau alors que nous sommes confrontés au réchauffement climatique ? – le vieillissement du réseau menace également la qualité de l’eau. Les « anciens branchements en plomb ou les canalisations plus récentes en PVC, sont susceptibles de relarguer des composés dans l’eau du robinet » expliquent les auteurs de l’enquête. Si les branchements en plomb sont souvent remplacés, les canalisations en PVC datant d’avant 1980 relâchent du chlorure de vinyle monomère, un résidu fortement suspecté d’être cancérigène. 5% des canalisations, desservant 600 000 personnes, sont porteuses de ce risque sanitaire.
Dans ce contexte, il est urgent de définir un nouveau mode de facturation, qui oblige les distributeurs d’eau à assumer le coût financier de ces fuites. Faute de quoi, il sera toujours plus rentable de gaspiller et distribuer une eau à la qualité plus qu’incertaine !