Grèce : l’impossible sacrifice

par Michel Santi
mardi 8 mars 2011

L’agence de notation Moody’s vient encore de dégrader de trois crans la note de la Grèce - de B1 à Ba1 – alors même que ce pays a réussi le tour de force de réduire son déficit budgétaire de 15.4 du P.I.B. en 2009 à 9.5% l’an dernier ! Non contents de ces efforts herculéens consentis, ceux que l’on désigne sous l’appellation ironique de « troïka » – à savoir le F.M.I., la BCE et l’Union Européenne – exigent pourtant de la Grèce et de ses citoyens encore et toujours plus de sacrifices… Ayant certes reconnu l’ »accomplissement impressionnant » conduit par ce pays, ces trois institutions exhortent ainsi la Grèce à persévérer sur la voie de la réduction de ses dépenses et de la collecte des impôts après avoir mené à terme des réformes drastiques de son marché de l’emploi, de son système de santé et de ses professions libérales. 

En réalité, le citoyen grec moyen se retrouve proprement saigné par cette austérité gouvernementale cruelle et sans précédent. Et, au demeurant, les manifestations se multiplient tout comme les grèves générales et ce depuis un an que cette rigueur s’est abattue sur une population qui était déjà livrée à elle même par la faute d’un Etat défaillant et corrompu. Comment en effet subir sans broncher une baisse des salaires de 30% des fonctionnaires, une augmentation de 21% de la T.V.A. ou les sacrifices des retraités qui acceptent des coupes dans leurs pensions ? Le grec de base n’en a pourtant pas fini d’être sollicité – ou pressé, c’est selon – car après s’être contractée de 4.5% en 2010, l’économie sera encore dans le rouge à hauteur de 3% en 2011 alors que l’inflation s’approche dangereusement des 6% et que le chômage atteint 14% de la population, dont 35% chez les jeunes… ! 

Ceux qui veulent bien se donner la peine de parler aux grecs et de s’intéresser à leur sort reconnaissent (et craignent) un vent révolutionnaire qui souffle sur cette pauvre nation car ses citoyens ont aujourd’hui atteint l’extrême limite de ce qu’ils pouvaient endurer. En fait, cette classe moyenne aujourd’hui totalement dévastée se rend compte qu’elle paie les dettes des riches – politiciens et hommes d’affaire – ayant rivalisé en évasion fiscale ces dernières décennies. Dans un tel contexte explosif, on ne comprend que trop ce projet de loi tout récemment présenté au Parlement et qui punit d’emprisonnement tout fraudeur ayant des arriérés de plus de 75’000 Euros !


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