Industrie, chômage, inégalités : Macron, l’impasse de la continuité
par Laurent Herblay
mercredi 20 décembre 2017
Emmanuel Macron s’est présenté comme un homme nouveau, avec des méthodes nouvelles. Mais la seule chose qui est nouvelle chez lui, c’est sa relative jeunesse politique. Car sur le fond, il ne propose qu’une continuation des politiques menées depuis dix ans au moins, alors même que les signes de l’échec de ces politiques sont de plus en plus patents. Nous continuons à aller dans le mur.
Le laisser-faire, pour les plus forts
Bien sûr, les statistiques du PIB sont meilleures. Mais parce qu’il est un agglomérat national, il peut cacher des réalités extrêmement différentes, avec l’explosion des inégalités, ou des profits des grandes entreprises. La situation pourrait légèrement s’améliorer globalement mais il est déjà clair que la croissance façon Macron sera bien mal partagée. Les grandes entreprises et les plus riches en seront les premiers bénéficiaires et la grande majorité aura au mieux quelques miettes. Quel meilleur signe de cela que les piètres résultats du chômage, à peine stabilisé, alors même que l’équipe précédente a consacré des dizaines de milliards à la baisse des cotisations sociales.
Pire, malgré l’inefficacité prévisible de ces mesures dans un marché unique où le SMIC peut être 80% plus bas, il se dit que l’équipe actuelle réfléchirait déjà à de nouvelles baisses des cotisations sociales. Et ce ne sont pas les gesticulations récentes sur les travailleurs détachés qui mettront fin à leur concurrence déloyale, les précédentes annonces n’ayant pas empêché la progression de leur nombre de 24% en 2016, soit 354 000 salariés officiellement. Idem sur les parasites fiscaux, où nos dirigeants se contentent de postures depuis dix ans, sans rien changer à ces pratiques délétères, qui permettent à 3520 ménages d’y planquer 140 milliards, comme le rapportait récemment Marianne.
Pendant ce temps et alors qu’il réduit les APL, bien des retraites ou les droits des travailleurs, le président et sa majorité continuent de multiplier les cadeaux pour les plus riches dans le budget 2018. Après la quasi-suppression de l’ISF, la forte réduction de l’imposition du capital (avec le Prélèvement Forfaitaire Unique), la baisse de l’impôt sur les sociétés, et la réduction d’un tiers de la taxation sur les stock-options, les députés ont voté fin novembre un nouveau cadeau à plus de 100 millions d’euros pour le monde financier, une baisse des taxes sur les salaires supérieurs à 152 279 euros annuels. Au lieu de faire la chasse aux niches fiscales, En Marche fait la chasse aux impôts sur les riches…
Et il y a un autre domaine où Macron poursuit les politiques délétères de ces prédécesseurs : c’est le laisser-solder de notre industrie. Après avoir soutenu la vente d’une partie d’Alstom à GE sous Hollande, il a laissé vendre ce qui en restait à Siemens, ainsi que STX à Fincantieri. Pourtant, tous les rachats de nos fleurons industriels semblent se conclure de la même manière : de belles promesses suivies de fermeture de sites et des licenciements. Récemment, nous avons appris que deux usines françaises d’ArcelorMittal sont sur la sellette et le cas de Technip montre que dans les pseudo-fusions d’égaux il y a toujours un côté plus fort que l’autre, et que, malheureusement, c’est rarement le français…
Bref, Macron, c’est la poursuite de la vente de notre patrimoine industriel, des cadeaux aux riches et aux entreprises, alors même que ces politiques ont produit des résultats désastreux depuis des décennies. Il n’y a donc rien à attendre de cette majorité, même si elle pourra surfer quelques temps sur un léger regain de croissance purement conjoncturelle. Notre pays a besoin d’une véritable alternance.