J’aime pas les riches !
par olivier cabanel
mardi 26 juin 2012
On se souvient de cette phrase prononcée par le candidat socialiste à la présidentielle, et maintenant qu’il est élu, comment va-t-il le prouver ?
David Cameron, le premier ministre britannique, a proposé de dérouler le tapis rouge afin d’accueillir les plus fortunés de notre pays, histoire de leur faciliter la vie, de leur trouver des logements dignes de leur statut, des écoles de qualité pour leurs enfants, et des banques sympas pour leur fortune, prouvant ainsi que les paradis fiscaux ont la vie dure. lien
D’ailleurs, selon le mensuel suisse « Bilan », il y aurait, parmi les français les plus riches, 44 familles déjà installées chez nos voisins helvètes, et leurs fortunes varient de 4 milliards à 80 millions d’euros.
De Wertheimer (Chanel) à Hechter, en passant par Castel, Primat (Schlumberger), Rotschild, Peugeot, Lescure (Seb, Tefal, Rowenta, Krups, Moulinex, Calor), Bich (Bic), Mimran, Louis-Dreyfus, Berda (AB-Prod), Despature (Damart), Murray, Puech (Hermes), Defforey et Fournier (Carrefour), Zorbide (Lancel), Zannier (Z, Kenzo, Kokkaï, Oxbow, Chipie), Lejeune (Seita), Jabre, Harari, Taittinger, Pereyre de Nonancourt (champagne Laurent-Perrier), Dumont (Grand Frais), Lacoste, Cohen (Sogeti), Bru-Magnier (laboratoire UPSA), Reybier (cochonou, Aoste, Justin-Bridou), Duménil (Acanthe Développement), Kampf (Capgemini), Moineville (réseau câblé de France), Sacharia (Vinci), Montfalcon de Flaxieu (Maxiris), Picart (Buffalo Grill), Pigozzi (Simca), Bleustein-Blanchet (Publicis), Roussel, Hersant, Dubrule (Accord), Jean Louis David, Maurice et David Giraud (Pierre & Vacances), Guerlain, Ducros, DeWitt, Dominique Fremont (Mauboussin), ces familles représentent à elles seules entre 24,235 et 30,650 milliards d’euros planqués bien au chaud en Suisse. lien
Leur nombre devrait augmenter bientôt puisque, quelques temps avant les élections, Pierre-Alain Guillaume, avocat genevois spécialisé dans la « délocalisation », a déclaré : « nous avons une demande en forte hausse en provenance de France, des clients qui ont fait le choix de s’établir en Suisse, ainsi que des personnes qui nous mandatent pour vérifier la faisabilité et les conditions d’un établissement en Suisse ». lien
Hervé Falciani, avait établi une liste de 4000 français dont les avoirs en Suisse se montent à 6 milliards d’euros, et la communication de leurs noms à l’administration n'a été guère productive, même si Eric Woerth s’était félicité à l’époque d’avoir obtenu 20 régularisations, oubliant au passage les 3980 exilés fiscaux restants. lien
Pourtant, selon d’autres sources, le nombre d’exilés fortunés serait plus important, passant de 3106 à 5445 entre 1999 et 2010, et la Suisse n’a manifestement aucun état d’âme, accueillant à bras ouverts les victimes des 75% d’imposition sur les très hauts revenus, d’autant que ceux qui sont déjà sur le territoire helvétique, ont rapporté 554 millions d’euros de recettes fiscales en 2010. lien
Ce n’est manifestement que la partie visible de l’iceberg : les paradis fiscaux ne se limitant pas à la seule Suisse.
Le Comité Citoyen pour une Europe Solidaire en a établi le constat en 25 pages dans un rapport que l’on peut découvrir sur ce lien ; Dans cette étude pointue, on apprend que les particuliers du monde entier détiendraient plus de 11 500 milliards de dollars dans les paradis fiscaux, et que derrière cette page noire de la finance mondiale, c’est le blanchiment de l’argent du crime qui est montré du doigt.
Des Bahamas, au Vatican en passant par le Liechtenstein, les Iles Caïman, le Royaume Uni, l’Irlande, le Panama, Costa Rica, la Suisse, Les Bermudes, Singapour, le Delaware (USA), Hong Kong, et le Luxembourg, les exilés fiscaux n’ont que l’embarras du choix, et le magazine « Forbes » à publié en 2010 la liste des 10 « meilleurs » paradis fiscaux dans le monde. lien
Que l’on se rassure, il reste encore quelques milliardaires en France, et le magazine « Challenges » à publié la liste des 500 premières fortunes professionnelles françaises. lien
On se souvient de la promesse réitérée tout le long du mandat de Sarközy de s’en prendre aux paradis fiscaux, et on a vu son efficacité. lien
L’ex-président français évoquait une amende de 5% sur le montant des sommes cachées, correspondant à 300 millions d’euros. lien
Nous allons voir comment son successeur va s’y prendre.
Va-t-il supprimer le bouclier fiscal qui à couté en 5 ans au pays plus de 3 milliard d’euros, au seul bénéfice de 14 000 nantis ? lien
Il a décidé d’établir un barème maximum destiné au salaire des grands patrons du service public, lequel ne devrait pas être plus de 20 fois le SMIC, (lien) mais ne faudrait-il pas appliquer aussi cette mesure à leurs proches collaborateurs, sinon ceux-ci pourraient finalement gagner plus que leur directeur. lien
Ne pourrait-il y avoir des mesures semblables dans le secteur privé ?
Mais, puisque charité bien ordonnée commence, dit-on, par soi même, les économies pourraient aussi se faire ailleurs, au sein des élus, par exemple.
François Hollande a certes décidé de baisser de 30% son salaire, ainsi que celui de ses ministres, mais quid des députés, et des sénateurs ?
Ils sont, on le sait, 577 à siéger sur les bancs de l’Assemblée Nationale, 348 au Sénat, et dans un sondage publié le 1 avril 2012 dans « le Figaro » on apprend que 32 965 français ont dit « oui », à 95,77% à une diminution du nombre de députés en France. lien
Comment ne pas les comprendre, si l’on compare ce chiffre avec la centaine de députés Russes, ou aux USA qui, pour 300 millions d’habitants, n’ont que 100 sénateurs et 435 représentants.
Nous pourrions donc nous priver d’au moins la moitié de nos sénateurs et de nos députés, d’autant que ceux-ci ne se privent pas d’absentéisme dans leurs assemblées respectives.
L’économie réalisée serait loin d’être négligeable, car outre le salaire, il faut tenir compte des autres avantages de ces élus.
En diminuant par deux le nombre des ministres, des sénateurs, des députés, l’économie réalisée serait en 5 ans de 180 millions d’euros. lien
Si le salaire de tous ceux-ci était baissé d’un tiers, on économiserait 60 millions supplémentaires, et encore plus en supprimant les avantages consentis aux uns et aux autres.
Et quid du parachute en or des députés, mis en place par Jean Louis Debré, qui permet au non réélus de toucher leur indemnité parlementaire pendant 60 mois après leur éviction ?
Elle correspond à 725 640 euros par élu au chômage. lien
Ajoutons-y l’indemnité parlementaire attribuée aux élus en place, qu’ils peuvent dépenser comme ils le veulent, sans la moindre justification, ce qui scandalise à juste titre les élus suédois, et qui s’élève à 5 885 € mensuels pour les députés, et 6 209 € pour les sénateurs, soit pour 5 ans, plus de 200 millions pour les députés, et près de 130 millions pour les sénateurs. lien
Au total, entre les amendes citoyennes qui devraient pénaliser les milliers d’exilés fiscaux et les économies réalisables en réduisant le nombre, le salaire, et les avantages des « grands » élus, feraient des milliards d’euros que les 8 millions de français qui sont sous le seuil de la pauvreté seraient heureux de se partager plutôt de se contenter d’une petite hausse du SMIC.
On ne peut que se réjouir des 2% d’augmentation de celui-ci, d’autant qu’il n’avait pas bougé depuis 5 ans, mais ça parait bien modeste comparé aux énormes gaspillages pratiqués ailleurs. lien
En effet, d’autres économies sont possibles.
Des milliards s’envolent à destination de l’armée, comme ceux consacrés aux 4 sous marins nucléaires livrés récemment, et qui nous ont couté 24 milliards en septembre 2010. lien
Et quid des Rafales, cet avion qualifié de « fleuron » de notre industrie de guerre, mais qui est invendable en raison de son prix, au point que l’ancien gouvernement a du en acheter pour 5 milliards d’euros, lesquels s’ajoutent aux 11 milliards déjà dépensés précédemment pour ce même avion ? lien
Au chapitre de l’argent jeté par les fenêtres, ajoutons-y pour la bonne bouche, les 4 milliards de dépassement pour l’EPR finlandais, qui ne devait en couter que 3, et qui passera probablement la barre des 7 milliards, sachant que ce dépassement est par contrat à la charge de la France. lien
Quid du démantèlement des vieilles centrales nucléaires provisionné à seulement 10% de sa valeur ? Des projets d’enfouissement de déchets radioactifs passés maintenant à 35 milliards ? lien
Et que dire des augmentations régulières et importantes de nos factures mensuelles ?
En quelques années, ça a été pour le gaz, 20%, pour le forfait hospitalier : 26%, le fuel domestique : 21%, le péage des autoroutes : 5,6%, les pates : 17%, le pain : 7%, il n’y a guère que le jeton de caddie qui est resté à 1€. lien
N’y a-t-il pas la possibilité de règlementer ça ?
Il ya donc du pain sur la planche, et nous serons fixés le 3 juillet prochain des décisions qui seront prises par le nouveau gouvernement, car comme dit mon vieil ami africain : « le maïs ne gagne pas contre la poule ».
L’image illustrant l’article provient de « laresilience.hautefort.com »
Merci aux internautes pour leur collaboration efficace.
Olivier Cabanel
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