Krach et survie de l’espèce

par Gilles Bonafi
samedi 20 décembre 2008

Nouriel Roubini un des rares économistes avec Paul Jorion à avoir prédit le krach économique d’aujourd’hui annonce que « le pire est devant nous » !
Nous assistons en ce moment à un débat pitoyable pour savoir si nous sommes oui ou non en récession. En fait il ne s’agit ni d’une récession, ni d’un krach, mais d’une crise systémique (crise du système).
De quel système s’agit-il ?
Le fonctionnement de notre économie possède en effet deux défauts majeurs :
-la croissance perpétuelle.
-la création de la monnaie (privatisée) à partir de dettes.

I. Un système économique schizophrène basé sur la croissance constante.

 
Nos économies modernes fonctionnent selon un processus fondamental : la croissance constante.

Pour la mesurer, on utilise l’évolution du PIB et ainsi l’on sait si le niveau de vie (qui dépend de celle-ci) a augmenté ou au contraire diminué.
 
Or, la croissance est impossible sans progrès technologique. Le premier mensonge des économistes et de nos hommes politiques est de nous faire croire que les avancées technologiques sont au service de l’humanité. Malheureusement, une grande partie du progrès technologique est tributaire de l’industrie de l’armement.
 
Le deuxième mensonge est de nous faire croire que cette croissance sera éternelle, or, une croissance constante signifie une augmentation exponentielle de la quantité de biens produits.

Cependant, la majeure partie de la croissance économique n’existe que grâce à l’exploitation des ressources naturelles. Comment obtenir une croissance infinie dans un monde fini ? La réponse est aussi simple que terrible : en détruisant la planète ! En effet, il faut sans cesse consommer plus de papier, de minéraux, de pétrole, etc.

Kenneth Boulding, économiste a ainsi affirmé :
« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut continuer à jamais (infini) dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Albert A. Bartlett, physicien a conclu
« La plus grande déficience de la race humaine est notre incapacité à comprendre la fonction exponentielle. »

II. La création de la monnaie à partir de dettes
 
Les habitants de la planète sont persuadés que l’on crée de la monnaie à partir des dépôts et des placements. C’est faux !
 
Il existe une vérité méconnue : l’argent est créé à partir de la dette. D’ailleurs, les crédits bancaires représentent 95 % de l’argent en circulation dans le monde. L’argent n’appartient donc plus aux gouvernements, il a été privatisé.

 
 
Ainsi, Graham F. Towers, gouverneur de la Banque du Canada 1934-54, déclara : « Chaque fois qu’une banque fait un prêt, un nouveau crédit bancaire est créé. De l’argent tout neuf. »
 
 Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences Économiques en 1988 affirme :
« Par essence, la création monétaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je n’hésite pas à le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, à la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement réprimée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »
 
John Kenneth Galbraith, économiste :
« Le procédé par lequel les banques créent de l’argent est tellement simple que l’esprit en est dégoûté. »
 
Donc, sans dette, pas d’argent, et sans argent, pas de dette. La crise des subprimes a d’ailleurs posé un problème fondamental puisque les crédits n’étaient pas honorés. Lorsque l’on analyse le krach actuel sous cet angle, tout s’éclaire.
Une économie fonctionnant sur la dette est contraire à l’évolution de l’espèce humaine car elle génère non seulement du malheur, mais, de plus, elle détruit la planète en l’obligeant à créer de la croissance.
 
Ainsi donc, tout est lié, et nous assistons aujourd’hui à la fin d’un système, avec en point d’orgue, la cessation de paiement (hyperinflation) des USA au deuxième trimestre 2009.
 
La fermeture des bourses est imminente (peut-être le 18 novembre)et la destruction du dollar en cours (l’on devra remplacer cette monnaie par une autre, peut être l’Améro ). D’ailleurs Xu Xiaonian, un professeur d’économie et de finance à la China Europe International Business School, a déclaré lors d’une conférence que « la cause fondamentale de l’effondrement de Wall Street est attribuable à la surémission de monnaie de la Réserve fédérale. La Chine a déjà menacé (et elle le fera lorsque la situation va s’aggraver) de liquider ses énormes avoirs en bons du trésor US, qui s’élèvent à 1330 milliards de dollars. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi Barack Obama a été élu.

  
 
Cette crise systémique va générer de grands drames (chômage, fonds de pensions détruits, guerres, etc).

Nous sommes à la croisée des chemins et il n’existe malheureusement que 2 solutions.

Je reprends ainsi l’analyse d’Immanuel Wallerstein chercheur au département de sociologie de l’université de Yale, ex-président de l’Association internationale de sociologie :
« Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif. »
 
Ce qui est en cause ici, pour reprendre l’expression de Paul Jorion, « c’est la survie de l’espèce ».Nous avons l’opportunité historique de changer les choses et faire en sorte que cette forme d’esclavagisme cesse. Les élites par cupidité et faiblesse nous ont abandonnés, mais je sais qu’une grande partie d’entre elles ne veulent plus de ce fonctionnement stupide.
 
Il faut donc que chaque citoyen et surtout ceux qui ont du pouvoir (Francs-maçons, militaires, journalistes, etc) se lèvent et construisent un monde nouveau dans lequel l’homme, et non l’argent, retrouvera sa place.
 
Mahatma Gandhi
« Vous participez à un système machiavélique de manière plus efficace en obéissant à ses ordres et décrets. Un tel système ne mérite pas l’allégeance. L’obéissance à ce système équivaut à s’associer à l’enfer. Une personne intelligente résistera de toute son âme à ce système diabolique. »

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